Mon petit bunker, Marine Bramly : Réconciliation avec ‘soi-m’aime’.

 

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Mon petit bunker, Marine Bramly

Éditions JC Lattès, mars 2011

 

Réconciliation avec « soi-m’aime »

 

      «  Artiste en panne d’inspiration, femme en panne de vie », Noah a érigé une forteresse mentale pour résister à l’assaut des souvenirs.

      Conçue derrière les barricades de mai 68, de parents à peine sortis de l’adolescence et expatriés en Afrique, elle grandira comme elle pourra, livrée à elle-même, dans les rues du Sénégal, entre Dakar et Gorée. Noah devra être son propre tuteur. Une liberté que d’aucuns, à commencer par la propre fille de Noah, jugent enviable. La fillette pouvait en effet agir à sa guise, gosse des rues, véritable mascotte des artisans ferblantiers, mécaniciens, peintres, auprès desquels elle apprendra beaucoup. Mais cette enfance où elle doit se prendre en charge, son père ethnologue trop préoccupé par ses recherches en Afrique, et sa mère absente, était-elle si magique qu’elle en avait l’air ? Car vivre dans la rue, c’est aussi être confronté trop jeune, trop vite, aux épreuves de l’existence comme la mort, la maladie, l’absence.

 

      Un roman écrit à deux voix, celle de Noah enfant des rues, et celle de cette même fillette devenue adulte. Entre les deux jusqu’alors, des murs étanches qu’aucun souvenir relatif à l’enfance n’avait le droit de franchir. Et pourtant. Pourtant, une remarque de son mari sur cette Afrique devenue sujet tabou, les reproches de sa fille lui enviant cette liberté qu’elle lui refuse, l’impossibilité de se réaliser en tant qu’artiste, vont abaisser le pont-levis de ses résistances. Cette enfance qu’elle avait jusqu’alors présentée comme idéale, mais qu’elle s’obstinait à garder noyée dans les douves du silence, refait surface avec force. Noah va se sentir peu à peu envahie par les souvenirs, devoir les revisiter et surtout… accepter qu’ils n’aient pas été aussi flamboyants qu’elle avait jusqu’alors voulu s’en convaincre.

 

      Il lui faut retrouver son souffle, se réconcilier avec elle-même, avec son passé de petite négresse blanche, pour pouvoir se reconstruire, construire, avancer. Pour se trouver légitime en tant que femme, en tant que mère, en tant qu’artiste.

      Pour exister.

 

      Un roman brillant, tant par le style très maitrisé, que par l’acuité de l’analyse. Un double voyage, en Afrique, et au pays de l’enfance, mené de haute plume par Marine Bramly.

 

Informations pratiques :

Prix éditeur : 18€

Nombre de pages : 249

ISBN : 978-2-7096-3070-2

 

Bibliographie :

 

Festin de miettes, JC Lattès 2008 : prix René-Fallet et prix de l’Héroïne Madame Figaro

Le camion électrique, Alain Galindo : conduire sa vie.

 

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Le camion électrique, Alain Galindo

Editions Volipilère

 

Conduire sa vie.

 

     Julien est un inventeur. Et cette fois, il est intimement convaincu avoir trouvé le concept qui va révolutionner sa vie. Animé d’une foi indéfectible en ses rêves, il vient en effet de mettre au point le premier semi-remorque électrique. Sa femme Alice, d’abord sceptique, accepte par amour qu’ils sacrifient tout à ce projet. Adieu maison, voiture, vêtements, chien, meubles, et vive le camion !

 

     Télévisions, journalistes couvrent l’évènement. Les flashs crépitent. Le rêve prend forme.

     Le camion s’emballe…et cale. Juste à 500 mètres de l’arrivée.

     Dès lors, que faire ? Accepter de l’aide au risque de discréditer son invention ? Impensable pour Julien. Son idée, pense t-il, est la bonne et ne peut qu’aboutir. Alors il s’accroche, s’entête, quitte à n’avancer qu’au rythme d’un pénible petit mètre par jour grâce aux panneaux solaires. Pourtant, au fond de lui, il sait que son obstination le conduit droit à l’échec. Mais il est incapable d’abandonner. Celui qui se croît maître du camion réalise qu’il en est l’esclave. Une prise de conscience qui va en générer bien d’autres.

     Un conte initiatique émouvant, captivant, qui soulève des questions essentielles. L’important est-il d’atteindre le but que l’on s’est fixé, ou de s’enrichir des expériences et des rencontres, bonnes comme mauvaises, faites en chemin? Et si le but que l’on veut atteindre n’était pas une fin en soi mais seulement une étape?

     Impossible de lâcher ce livre une fois monté dans le camion. Alain Galindo nous met le volant de notre existence entre les mains et, avec finesse et sensibilité, nous invite à réfléchir sur les voies à emprunter.

     Ou quand les échecs sont l’opportunité de réussites autres…

 

Informations pratiques :

Prix éditeur : 14€

Nombre de pages : 150

ISBN : 978-2-917898-06-2

Site de l’éditeur : http://www.editionsvolpiliere.com

La petite fille qui voulait devenir papillon

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La petite fille qui voulait devenir papillon!

Texte d’Elisabeth Robert

Illustrations de Cécile Vallée

Éditions Volpilière, 2010

 

D’Elle à ailes.

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    Sara-Léa est une petite fille pas tout à fait comme les autres. Au plus profond de son coeur, elle caresse en effet un rêve : celui de devenir papillon. Comment lui faire comprendre que la vie n’est pas aussi simple, qu’il ne suffit pas de désirer quelque chose, fût-ce de toutes ses forces et de toute son âme, pour l’obtenir ? Sa mère n’a pas le coeur de l’en dissuader. Et Sara-Léa de multiplier les tentatives pour voler. A chaque fois, l’espace de quelques secondes, elle a le sentiment de tutoyer les nuages. Et à chaque fois, elle retombe…en larmes. Mais voilà qui n’est pas de nature à lui faire renoncer à son objectif. Son ami Sam se propose même de l’aider dans son entreprise.

     A eux deux, la fillette-chrysalide se fera t-elle papillon? Parviendra t-elle a remplir la mission qu’elle s’est fixée ? Pourquoi tient-elle tant à atteindre le ciel ?

 

     Un conte d’une poésie et d’une sensibilité infinies, qui traite avec sobriété et justesse du manque et de l’absence…mais aussi de l’espoir qu’il faut en chacun de nous garder. Contre vents et ouragans.

     Une très touchante histoire d’Elisabeth Robert, magnifiquement illustrée par Cécile Vallée.

 

Informations pratiques :

Prix éditeur : 9 €

ISBN : 978-2-917898-23-9

 

Site de l’éditeur : http://www.editionsvolpiliere.com

Charly 9, de Jean Teulé : Sang état d’âme…

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Charly 9, Jean Teulé

Éditions Julliard, Mars 2011

 

 Sang état d’âme.

 

     Charles IX n’aurait pas laissé de traces indélébiles de son passage sur le trône sans le massacre de la Saint Barthélémy.

     En ce 23 août 1572, tandis que la France se déchire dans des guerres de religion, Charles IX va commettre l’impensable. Sous la pression de sa mère, Catherine de Médicis, et du conseil royal, le jeune homme de 22 ans s’entend ordonner de massacrer les protestants. Tout d’abord choqué par une suggestion si effroyable, il finira quelques heures plus tard par s’y soumettre. Pire, aux quelques sujets qu’on lui proposait de faire éliminer, il va substituer la volonté que soient massacrés le lendemain même tous les protestants sans exception. « Les hommes, les femmes, les enfants, les infirmes, les vieillards… Mais tuez-les tous, tous ! »

     Un acte de barbarie qui va marquer le début de sa descente aux Enfers. Horrifié par ses propres exactions, le roi sombre dans la folie. Tout d’abord victime d’hallucinations auditives, ses tempes bourdonnant jour et nuit du cris de ses victimes, des hallucinations visuelles prennent le relais. Où qu’il porte son regard, tout prend la couleur et l’aspect rouge du sang versé.

     Terrassé par la culpabilité, il essaye de faire face à la pauvreté grandissante de son peuple. Et de créer de la fausse monnaie. Et de faire confiance à un alchimiste peu scrupuleux lui promettant de transformer le moindre bout de fer en or. Et d’offrir au peuple affamé du muguet en ce premier mai, muguet qui loin de fleurir leur journée, va être ingéré dans des salades… or le muguet est une plante mortelle.

     Tout ce qu’il entreprend se solde donc par un échec plus grand encore.

     Conscient d’être le plus vil des tyrans de l’histoire, il s’éteindra un an et demi plus tard, en proie à une démence inouïe, atteint d’une maladie étrange : ses vaisseaux sanguins éclatent et le liquide rougeâtre – celui de ses victimes? – s’écoule par les pores de sa peau.

     Il devra expier ses crimes jusqu’à son dernier souffle.

     Avec Charly 9, Jean Teulé allie avec brio roman historique très documenté, inspiré de personnages et de faits authentiques, mais aussi fiction. Le tout avec une dose d’humour comme lui seul sait le faire, pour créer une distance salvatrice avec l’horreur portée ici à son comble. Un brillant roman qui permet à l’auteur de traiter avec force et efficacité de la folie humaine à travers les siècles. Le plus grand danger pour l’homme n’est-il pas l’homme lui même ?…

 

Citation p23 : « C’est cruauté d’être humain et humanité d’être cruel... »

 

Informations pratiques :

Prix éditeur :19€

Nombre de pages :232

ISBN: 9-782260-018247