Les jours areuh, François d’Epenoux : coup de coeur!

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Les jours areuh, François d’Epenoux

Editions Anne Carrière, janvier 2016

Récit.

Un livre qui, entre l’anecdotique et l’onirique, l’humour et la poésie, pose un regard sur le monde et le redoutable bonheur d’être père.

Difficile de parler d’un livre quand il s’agit d’un tel coup de cœur, tant on a le sentiment qu’on ne pourra rien écrire qui ne soit en deçà du livre lui-même. Ma chronique pourrait donc tenir en une seule injonction : « Lisez-le, relisez-le, offrez-le ! » Mais pour ceux qui sont encore devant leur écran – les autres ayant déjà enfilé leur manteau pour se ruer chez le libraire le plus proche, je vais étayer.

Les jours areuh, mi-récit, mi-fiction, s’inspire de la vie de François d’Epenoux, jeune papa quinqua. Tandis que les pleurs du nouveau-né retentissent au cœur de la nuit, pleurs qu’il apaise patiemment en lui donnant le biberon, il partage avec nous les réflexions qui jalonnent ces longues heures. A la lueur de l’abat-jour, il projette sur l’écran de ses pensées le film de la jeune vie d’Oscar, de l’annonce de la grossesse de sa femme à cet instant précieux au creux de ses bras, en passant par la naissance en catastrophe du petit, son difficile et courageux combat pour survivre, la réanimation, la néonatalogie, mais aussi sa victoire face à l’adversité et son accueil chaleureux dans la fratrie. Et tandis qu’il multiplie les arrêts sur image, il évoque avec une infinie tendresse et une émotion à fleur de plume, les questionnements qui sont siens. Etre à nouveau père, tardivement, c’est à la fois une joie indescriptible, un extraordinaire bain de Jouvence, des challenges permanents à relever pour se dépasser et faire face aux exigences hautes de l’éducation d’un enfant, ou encore le sentiment fort d’avoir fait un choix et d’en assumer toutes les responsabilités. Mais ce sont aussi des renoncements en termes de liberté (vie de noctambule, voyages lointains, fêtes, …), des craintes quant au monde qui l’attend et à ses capacités, avec les autres enfants de sa génération, à l’améliorer.

Un livre passionnant, bouleversant, magnifique. Une ode à l’amour merveilleuse, la plus belle, la plus pure qu’un père puisse interpréter par la voix de son encre à son enfant…

 

Informations pratiques :

Prix éditeur : 15€

Nombre de pages : 134

ISBN : 978 2 8433 7806 5

 

 

 

Emmanuelle Richard, lauréate du prix Anais Nin 2016

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La deuxième édition du prix Anaïs Nin, qui vise à promouvoir la littérature française à l’étranger, couronne Pour la peau, d’Emmanuelle Richard, paru aux éditions de l’Olivier.

Le prix Anaïs Nin 2016 a été décerné, lundi 25 janvier, à Emmanuelle Richard pour son roman Pour la peau, paru le 7 janvier aux éditions de L’Olivier. La lauréate, qui recevra son prix lundi soir lors d’une cérémonie organisée au restaurant Victoria 1836, à Paris, se voit ainsi offrir la traduction en anglais de son ouvrage. Elle a été choisie au 2e tour de scrutin par 7 voix contre 6 à Camille Laurens (Celle que vous croyez, Gallimard).

Pour la peau raconte l’histoire d’amour brève et passionnelle entre un certain E. et la narratrice, Emma, qui cherche à exorciser la douleur de leur rupture en écrivant. Il s’agit du deuxième roman d’Emmanuelle Richard, jeune romancière de 30 ans qui avait déjà été remarquée par la critique avec La légèreté, paru en 2014 aux éditions de L’Olivier.

Pour la peau est aussi parmi les cinq finalistes du Grand prix RTL-Lire 2016.

Créé en 2015 par Nelly Alard et Capucine Motte en hommage à Anaïs Nin, le prix Anaïs Nin « récompense une œuvre qui se distingue par une voix et une sensibilité singulières, l’originalité de son imaginaire et une audace face à l’ordre moral ». Il se veut orienté vers le monde anglo-saxon et est destiné à faire connaître le livre élu aux éditeurs anglais et américains.

Le jury 2016 se compose d’auteurs français et de plusieurs agents anglais et américains : Mohammed Aïssaoui, journaliste et écrivain, Nelly Alard, écrivaine, cofondatrice, Antonin Baudry, scénariste et écrivain, Pierre Bontemps, président et fondateur de la société Coriolis, Françoise Cloarec, écrivaine et psychanalyste, Virginie Despentes, écrivaine, présidente d’honneur, David Foenkinos, écrivain, Judith Housez-Aubry, auteure, Lucinda Karter, agent littéraire, Baptiste Liger, journaliste, Koukla MacLehose, agent littéraire, Capucine Motte, écrivaine, cofondatrice, Véronique Ovaldé, écrivaine, Georges Saier, président et fondateur de la société Very, Karine Tuil, écrivaine.

En 2015, c’est Virgine Despentes qui l’avait emporté avec Vernon Subutex, 1 (Grasset).

Citation du jour

« Aujourd’hui, tout se dilue et tout s’agrège dans une pâte uniforme qui nous colle à la peau. On nous a appris à avoir peur, à suivre, à nous montrer consensuel. Le monde est une ampoule suspendue dans le noir, avec sept milliards de mouches posées dessus. Demande t-on à une mouche si elle est pour ou contre l’ampoule qui l’attire ? Non. Elle s’accroche et attend de mourir au contact de ce qui est, malgré tout, chaud et lumineux. » de François d’Epenoux dans Le réveil du coeur (Anne Carrière)

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Le Grand méchant renard remporte le prix BD Fnac 2016

Le Grand Méchant Renard (Éditions Delcourt).

 

Pour sa quatrième édition, le prix BD Fnac 2016 a décidé de couronner Le Grand méchant renard de Benjamin Renner (éd. Delcourt). L’histoire d’un renard chétif et malchanceux qui tente jour après jour de forcer le poulailler, en vain. Ridiculisé par tous les autres animaux de la ferme et las de se nourrir uniquement de navets, il décide de suivre les conseils de son pote loup en subtilisant directement des œufs. Le plan semble infaillible : il va élever lui-même son futur repas. Mais à leur naissance, les poussins adoptent le renard qui se découvre un instinct maternel.

Avec cette première bande dessinée, Benjamin Renner, co-réalisateur du film Ernest et Célestine, signe une fable tout en délicatesse pour petits et grands. Un bijou de poésie et d’humour entre Beatrix Potter et Wallace et Gromit. L’histoire drôle et tendre d’un petit renard ridicule, moqué par ses proies, qui entend bien devenir la terreur du poulailler…

Oui, vous allez rire des mésaventures de ce pauvre renard dépressif et dévorer cet album sans case, au trait cartoonesque et aux dialogues savoureux dont le turbomédia, en ligne sur le site de l’éditeur, vous donnera un aperçu. Le Grand méchant renard est en outre en compétition dans la sélection jeunesse du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême qui sera décerné le 30 janvier prochain.

Une voix dans la nuit, Guillemette Comby

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Une voix dans la nuit, Guillemette Comby

Éditions SEDRAP

Sélection du Prix Handi-livres 2015 

La délicatesse du bruit du vent dans les branches, le son rassurant de la voix de sa sœur, la douceur de la pierre sous ses doigts, c’est cette sensation de liberté qu’aime Kevin dans l’escalade. À 17 ans Kevin est un garçon comme les autres, enfin presque… Il s’accroche à ses rêves d’évasion et d’autonomie comme aux prises du mur sur lequel il a l’habitude de monter. Heureusement, dans cette obscurité qui l’entoure, une lumière vient l’éclairer. Cette lueur répond au doux nom d’Alice. Guidé par ses amis et sa sœur Marion, petit à petit il prend de la hauteur pour percevoir le monde différemment…

Le livre de Guillemette Comby aborde la question du handicap sous l’angle de la perte d’autonomie que cela génère : en situation de handicap visuel, Kevin est dépendant de son entourage pour évoluer dans son environnement quotidien. L’auteur rappelle ici à juste titre qu’être privé de l’un de ses sens ne doit pas faire oublier la capacité que l’on n’a à déployer les autres. L’histoire explique à travers des anecdotes comment le héros se sert de ses autres facultés pour compenser celle qui lui fait défaut : le toucher pour évaluer sa coupe de cheveux, l’odorat à la parfumerie mais aussi et surtout l’ouie qui donne son nom au titre.

C’est également un livre qui montre l’importance d’une inclusion réussie au sein du système scolaire, d’autant plus que la personne se trouve en situation de handicap. Souffrant d’un père qui ne cesse de lui montrer un certain mépris, c’est dans un univers étranger au foyer familial, le lycée, que le héros va trouver une forme d’accomplissement, symbolisé par l’escalade du mur.

À noter enfin que tous les mots techniques ou difficiles sont expliqués par un lexique facilitant ainsi la lecture au jeune public.