Quel effet bizarre faites-vous sur mon coeur, Christine Orban : un coup de coeur!

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 Quel effet bizarre faites-vous sur mon coeur, Christine Orban

Albin Michel, mai 2014

 

Avec une empathie troublante, Christine Orban s’empare du personnage de Joséphine et nous fait partager ses passions amoureuses.

Tandis que Napoléon est exilé sur l’île d’Elbe, l’impératrice Joséphine, que ce dernier a répudiée après quinze ans de vie commune, décide de lui écrire, de consigner dans un cahier tout ce qu’elle a sur le cœur. Pour le repos de son âme. Pour tenter de comprendre comment leur philosophal amour a pu péricliter ainsi. Pour mettre des mots sur ses maux. Pour obtenir le pardon de celui qu’elle n’a jamais cessé d’aimer…

Car depuis ce jour où Napoléon l’a convoquée aux Tuileries pour lui annoncer sa décision irrévocable de divorcer, Joséphine n’est plus que géhenne. » Combien de fois le mot divorce a t-il résonné dans ma tête depuis que tu l’as prononcé? Des milliers de fois. J’ai été battue, flagellée par un mot. Quand mon esprit sortira t-il du tourbillon dans lequel la douleur le retient prisonnier?« (P.17) Certes, depuis que Napoléon a découvert sa relation avec Hippolyte Charles, Joséphine vivait avec une épée de Damoclès au dessus de la tête. Un écart de conduite isolé toutefois, qu’elle n’a eu de cesse de regretter. Ce n’est cependant pas cette liaison adultérine que l’empereur toujours amoureux de sa femme, invoque, mais la raison d’état : il a besoin d’une descendance, or Joséphine ne parvient plus à enfanter. L’amour sacrifié sur l’autel de la gloire. L’État comme rival. Percluse de douleur, elle se retire à la Malmaison. Jamais plus elle ne recevra ses missives enflammées, jamais plus elle ne pourra l’étreindre dans le lasso de ses yeux. «  Quelques secondes avant d’expirer, j’aimerais t’entendre me redire : » Douce et incomparable Joséphine, quel effet bizarre faites-vous sur mon cœur.« 

Dans ce roman rédigé sous la forme d’un journal intime destiné à Napoléon, Christine Orban se glisse avec sensibilité et finesse dans la peau, dans le cœur et dans la tête de Joséphine. Une osmose fascinante entre la romancière et l’impératrice, une immersion indiciblement juste et brillante dans l’univers de cette femme blessée et humiliée, émaillée de nombreux détails historiques. Le lecteur découvre alors l’impératrice, femme éperdument amoureuse et d’une ineffable bienveillance, loin des clichés réducteurs de femme légère et dépensière. Il entre dans son intimité et ne peut que constater que grâce au tour de force de Christine Orban, ce roman fait lui aussi un effet bizarre sur son propre cœur. Ou quand un destin singulier, un chagrin d’amour, recèle en lui des caractères universels qui toucheront chacun…

Un vrai coup de cœur!

P. 104 : L’attente est une présence différée, une présence envoûtante et obnubilante, chargée d’espoir, de souvenirs.

P.248 : Il y a des sentiments qui sont la vie même et qui ne peuvent finir avec elle.

 

La Kar ´Interview de Dominique Dyens

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Dominique Dyens est l’auteur de huit ouvrages dont La femme éclaboussée, C’est une maison bleue, Maud à jamais, Eloge de la cellulite et autres disgrâces, Délit de fuite, Intuitions, Par coeurs et Lundi noir. Une talentueuse romancière, véritable reine du thriller psychologique, qui dissèque magnifiquement l’âme humaine au scalpel de sa plume. Elle nous revient cette année avec La femme éclaboussée aux éditions Héloïse d’Ormesson.

 

Rencontre avec une femme délicieuse : 

Qui êtes vous Dominique Dyens?

Un écrivain ? En tout cas une femme, c’est ma seule certitude, qui imagine des drames bourgeois, des histoires de couples au bord de l’implosion, des héroïnes blessées par la vie, un peu folles parfois, manipulées souvent…Je suis une inventeuse d’histoires qui met en scène des femmes et des hommes qui s’aiment, se haïssent, se désirent ou ne se désirent plus….J’écris des portraits de vies mais toujours avec une intrigue et un suspens en arrière-fond…

Quel est le thème central de ce roman?

C’est l’histoire d’une héroïne tragique. Cette femme bourgeoise qui découvre tardivement le désir et le plaisir et dont la passion amoureuse est brisée d’un seul coup par la violence d’un homme et par la bien-pensance et l’hypocrisie d’une société conformiste …

Si vous deviez choisir une phrase de ce livre, laquelle mettriez vous en avant?

« Elle se souvient de la douceur de la langue et ses mamelons durcissent. Avant ils ne durcissaient que sous l’effet du froid. »

Si ce roman était une musique, laquelle serait-elle ?

Peut-être le deuxième mouvement de La jeune fille et la mort, de Schubert….

Si ce roman était un film, lequel serait-il?

Ce serait un film qui porterait le même titre. Qui aurait été réalisé par un metteur en scène que je n’ai pas encore rencontré…On a beaucoup comparé ce roman à un film de Claude Chabrol. J’aimais beaucoup ses films.

Avez-vous des rituels d’écrivain (lieu, horaires, musique d’ambiance, etc)?

Depuis cette année J’ai mon propre bureau. J’ai décoré cette pièce de façon très minimaliste. Rien au mur. Parquet noir. Une bibliothèque avec uniquement mes dossiers de travail. J’écris sur un vieux portable et je me dis régulièrement qu’il faudrait que j’ai un grand écran et un ordinateur plus récent…J’écris tous les matins en buvant du café le plus américain possible. Maintenant j’écris aussi l’après-midi.
Je n’écoute jamais de musique quand j’écris. Sauf lorsque j’ai écrit « C’est une maison bleue »…

Comment vous vient l’inspiration ?
Souvent en voiture, en train. Mais cela peut prendre des années avant que j’en fasse un roman….J’ai plein d’histoires comme ça dans mon « tiroir », dans mes carnets…Encore faut-il être sûre que ce soit une bonne histoire…

Qu’aimeriez vous partager avec vos lecteurs en premier lieu?

Leur plaisir. Quand mes lecteurs me disent qu’ils ont lu d’une traite un de mes romans, quand je sens que quelque chose a fait écho en eux, les a touchés, je suis heureuse et cela me donne du courage pour continuer. Car l’écriture d’un roman est pour moi comme la traversée d’un désert. Apre et dont on ne sait jamais quand on en verra le bout ….

 

Site de l’auteur : dominiquedyens.com

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Retrouvez ici la chronique que j’ai consacrée au nouveau roman coup de coeur de Dominique Dyens, La femme éclaboussée, aux éditions Héloïse d’Ormessonhttps://leschroniquesdekoryfee.wordpress.com/2014/05/07/coup-de-coeur-pour-la-femme-eclaboussee-de-dominique-dyens-editions-heloise-dormesson/

Le réveil du coeur, de François d’Epenoux : bouleversant…

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Le réveil du coeur, de François d’Epenoux

Editions Anne Carrière, 2014

Prix de la maison de la presse 2014 

 

Quand Jean, quadra parisien, annonce à son père, affectueusement surnommé le Vieux, qu’il va être papa, la réponse de ce dernier est éloquente :  » Je suis heureux pour vous. Inquiet pour lui. » Quant à envisager de garder le petit lors de futures vacances, la réponse est tout aussi directe :  » Plutôt mourir. »
Car pour le Vieux, personnage un peu bougon, nostalgique, rebelle à la modernité, la vie s’est arrêtée à la période bénie des années 50. Depuis, il en est convaincu, le monde court à sa perte. Alors avoir envie de léguer ce monde-là à un enfant, voilà qui le dépasse…
Pourtant, la naissance de Malo va balayer bien des certitudes. Celles de Jean tout d’abord, que cette venue au monde va accoucher de lui-même. Elle va lui permettre d’expulser des désirs morts-nés et de faire enfin des choix de vie cohérents avec ses aspirations profondes. Une naissance qui va aussi chambouler le Vieux. Car connaître Malo, c’est l’aimer. Et le Vieux n’y échappe pas, se reconnaissant en ce petit être si touchant. Non seulement il l’adopte d’emblée dans son coeur, mais il accepte de le prendre un mois en vacances avec lui dans sa cabane en bois de Lacanau.
Dès lors, l’intelligence du coeur entre ces deux êtres va parler : des liens d’amour très forts et très profonds vont se tisser, chacun éveillant le coeur de l’autre à la vie, à l’espoir, à la tendresse. Au contact de son grand-père, plein d’une sagesse qu’il distille sous la forme de savoureux aphorismes, Malo apprend à observer ce qui l’entoure, à se poser dans ce monde où l’on court si souvent. Pêcher, bricoler, faire du vélo, reconnaître les arbres et les oiseaux, les poissons et les fleurs n’auront bientôt plus aucun secret pour lui. Quant au Vieux, la fraicheur de l’enfant, son enthousiasme, son appétit de vivre se révéleront contagieux. Et si le monde n’était pas si désenchanté qu’il le croyait?
Et si chacun avait le pouvoir de réveiller le coeur de l’autre?

Un roman bouleversant sur trois générations, trois hommes dont les liens du coeur vont tisser une bien belle trame.
Ce roman a reçu le Prix 2014 de la Maison de la Presse.
A lire!

P.128 : Avec la naissance de son fils, un père accouche souvent de lui-même. Si un seul voit le jour, les deux voient la lumière.
P.210 : le temps ne vaut que si l’on s’y prélasse. Le prévoir, c’est déjà se noyer.

 

Et je prendrai tout ce qu’il y a à prendre, Céline Lapertot ( Éditions Viviane Hamy) : magnifique…

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Et je prendrai tout ce qu’il y a à prendre, de Céline Lapertot

Éditions Viviane Hamy, février 2014

 

« Je suis ce que j’ai fait. Je suis née quand j’ai tué » tels sont les propos de Charlotte, dix-sept ans. On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans, disait Rimbaud. On est très sérieux au contraire, revendique Charlotte. Et pour cause : cette adolescente a basculé depuis longtemps dans le monde des adultes. La légèreté, l’insouciance ne sont plus de son univers depuis une éternité.

Alors elle rédige une longue lettre au juge. Car elle l’a décidé, l’écrit sera la voie de sa voix. Pour mettre des mots sur ses maux. Pour habiller de termes sur mesure le corps de ses émotions. Pour rompre le silence qui était sien depuis dix ans. Rassembler les lambeaux épars de son être et reconstituer celle qu’elle était. Jusqu’au drame. Jusqu’à l’assassinat de son père.

Charlotte a sept ans quand sa vie bascule. Son père violent et caractériel rentre du travail furieux. Une fois de plus. Une fois de trop. Et sa femme de servir de défouloir à ses cris et ses coups. Une épouse résignée et soumise. « J’ai vu le processus qui a réduit ma mère à l’état d’esclave et son cerveau à celui de la non-pensée. » Sauf que l’enfant n’entend pas adopter la passivité de sa mère. Les mains sur les hanches, la mine renfrognée, pour la première fois elle ose par son attitude défier son père. Dans le seul regard de ce dernier, elle réalise toutefois aussitôt qu’il ne tolèrera pas cet affront. Pire : ce qu’elle vient de faire légitime à ses yeux qu’il la casse et casse en elle toute velléité de rébellion à l’avenir. Les coups pleuvent. Et la sanction tombe : il en est fini de la jolie chambre d’enfant aux couleurs tendres, au lit garni d’un bon matelas et de draps douillets; désormais, Charlotte dormira dans la cave, les poignets enchaînés, au milieu des souris, des sacs de patates, dans un climat glacé et humide. Les jours, les semaines, les mois passent. Ce n’était que la première nuit de dix années à passer dans ces lieux sordides…

Certes, le personnel enseignant, les services sociaux auront des doutes face à son visage livide, ses cernes, son manque de concentration ou encore cette peur qui l’accompagne en permanence. Mais les moyens mis en œuvre pour essayer de comprendre ce que cache un tel comportement sont dérisoires. Et inefficaces. Comment penser en effet qu’une enfant puisse parler devant son bourreau? Comment penser qu’elle n’ait pas à redouter les représailles sitôt rentrée à la maison? Alors l’enfant se tait. Et la maltraitance perdure sous l’emprise de l’intelligence diabolique de son père. Mais Charlotte, pour aussi silencieuse qu’elle demeure, n’abdique pas : « J’étais intimement persuadée que je possédais la force pour ne pas prendre le même chemin que ma mère. »

Céline Lapertot nous offre ici un roman remarquable. A bien des titres. Le style est magnifiquement maitrisé, fluide, efficace : les mots claquent, les phrases cinglent, les pages frappent. En plein cœur. Par ailleurs, l’auteur aborde la maltraitance infantile, la maltraitance tout court, avec intelligence et finesse. Pas de pathos ici, rien de gratuit, mais au contraire un roman qui démonte avec brio le mécanisme de l’endoctrinement, de la soumission, de l’observation effrayée du silence. Et qui dénonce aussi cette autre agression, au moins aussi forte que les coups : la cécité et la surdité feintes, et donc complices, de l’entourage (famille, amis, voisins, corps enseignant).

Magnifique.

A lire absolument!

 

Quel effet bizarre faites-vous sur mon coeur,de Christine Orban

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Quel effet bizarre faites-vous sur mon coeur, de Christine Orban

Editions Albin Michel, avril 2014

264 pages. 19€

 

« Après qu’il m’eut répudiée, j’ai eu envie d’écrire à Bonaparte. L’idée a germé une nuit, seule à la Malmaison alors qu’il était parti à l’île d’Elbe. Moi, Joséphine, répudiée, lui exilé, comment en sommes-nous arrivés là ? »

Avec une empathie troublante, l’auteur du Silence des hommes, de N’oublie pas d’être heureuse, s’empare du personnage de Joséphine et nous fait partager ses passions amoureuses. On retrouvera dans ce récit l’analyse des sentiments et la profondeur qui ont fait le succès de la romancière.

 

La Kar ´Interview de Philippe Routier

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Philippe Routier est l’auteur de cinq romans aux éditions Stock : Le passage à niveau (2006), Le veilleur du Britannia (2008), Pour une vie plus douce (2009), Noces de verre (2011) et L’enfant du parc (2014). Le point commun de ces romans est une sensibilité à fleur de plume, des thèmes dans lesquels l’humain est au coeur. Et son nouveau roman, L’enfant du parc, est en ce sens un bijou de sensibilité servi dans un écrin de talent. Alors, si vous ne connaissez pas encore cet auteur, je ne peux que vous conseiller de le découvrir. Et si vous le connaissez déjà, ruez-vous sur son nouveau livre!

Rencontre avec l’auteur : 

Qui êtes-vous Philippe Routier ?

Un auteur de pures fictions, mais très attentif au réel.

 

Quel est le thème central de ce roman ?

Traiter un thème ne doit pas être l’intention de départ d’un romancier, s’il souhaite éviter que son histoire manque de vitalité et d’imprévu. Mais à présent que le livre est terminé, je dirais qu’il y est question des liens du sang, des affinités électives, de la puissance du destin…

 

Si vous deviez choisir une phrase de ce livre, laquelle serait-elle ?

La vie est limitée en longueur, mais pas en largeur.

 

Si ce roman était une musique ?

Euh, il en serait plusieurs, car il joue sur des tonalités diverses et emprunte ses ambiances, ses revirements et ses procédés narratifs à plusieurs genres : drame social, tragédie intime, thriller, suspense psychologique, conte d’espoir…

 

Si ce roman était un film ?

Un modèle pour moi : 21 grammes du mexicain Iñárritu (pour la perturbation du récit linéaire et le nombre élevé d’interactions entre les personnages) ou l’adaptation d’un Simenon (pour la peinture du quotidien et la mise en scène de personnages modestes auxquels il arrive des histoires fortes).

 

Avez-vous des rituels d’écriture ?

Ceux que me dictent mes insomnies.

 

Comment vous vient l’inspiration ?

Je ne crois pas trop à l’inspiration, mais davantage aux réflexions sur la bonne manière de mener son histoire, à la précision des réglages pour lui donner sa justesse et au travail final pour resserrer le texte encore et encore.

 

Qu’aimeriez-vous partager avec vos lecteurs ?

J’aime plutôt qu’ils me racontent leurs histoires vraies, ou celles qu’ils croient vraies.

9782234077928-X

 

Retrouvez ici la chronique que j’ai consacrée à ce coup de coeur littéraire, L’enfant du parc, de Philippe Routier, aux éditions Stock : https://leschroniquesdekoryfee.wordpress.com/2014/05/28/gros-coup-de-coeur-pour-lenfant-du-parc-de-philippe-routier/

Celui dont le nom n’est plus, de René Manzor : un thriller magistral!

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Celui dont le nom n’est plus, de René Manzor

Éditions Kero, mai 2014

Grâce à une plume parfaitement maîtrisée, René Manzor signe un roman aux frontières de l’amour et de la mort dont on ne sort pas indemne. Un thriller haletant et dérangeant dont vous n’oublierez plus jamais le nom…

Si Mc Kenna, vétéran de Scotland Yard a vu bien des cadavres dans sa carrière, ce qu’il découvre ce matin-là dépasse l’entendement. Le tueur a éventré la victime, prélevé tous les organes thoraciques et abdominaux, abandonnant sa carcasse évidée sur une table. Une alliance malsaine du monstrueux et du sacré. Car rien n’a été laissé au hasard : la dépouille a été préparée selon un rite funéraire précis. Juste à côté, une épitaphe écrite dans le sang de la victime : « Puissent ces sacrifices apaiser l’âme de Celui dont le Nom n’est plus… » Plus troublant encore, l’assassin est rapidement retrouvé et s’avère être une femme qui aimait le défunt comme son propre fils. Pourquoi tuer un être cher? La vieille femme, en état de sidération, est incapable d’expliquer son geste, et pour cause, elle ne s’en souvient même pas.

Et ce n’est que le premier meurtre d’une longue série obéissant toujours au même modus operandi. Chaque jour en effet, un nouveau corps est découvert dans des conditions similaires. S’agit-il des actes d’une secte satanique? Sont-ils au cœur d’un monstrueux trafic d’organes?

Mc Kenna, très éprouvé par le décès récent de sa femme, accepte à contrecœur de collaborer avec Dahlia Rhymes, criminologue américaine, spécialiste en meurtre rituel et satanique. Pour plaider la cause de ces criminels au visage de victimes, un avocat de renom, Nils Blake, en retrait de la vie active depuis une transplantation cardiaque, se laisse convaincre de reprendre du service. Tous trois sont animés par le désir de faire émerger la vérité. Tous trois vont voir leurs blessures ravivées et leur vie à jamais bouleversée.

Après Les âmes rivales, brillant premier roman, René Manzor transforme l’essai et nous revient avec un thriller époustouflant. Une intrigue admirablement menée, un savant cocktail de suspense, d’ésotérisme, de profondeur, de sensibilité, de complexité et des personnages indiciblement attachants. Avec cette question en fil rouge : jusqu’où peut-on aller par amour?… Jusqu’à un point que même l’esprit le plus perspicace n’avait pas envisagé. Attendez-vous à une chute vertigineuse!

P. 64 : La vérité se nourrit du partage. Le mensonge, du secret.

Dans la remise, premier roman de Inès Benaroya (Flammarion)

Dans la remise, de Inès Benaroya

Éditions Flammarion, avril 2014

Du désir d’enfant.

Depuis plus de dix ans, Anna vit avec Bertrand un bonheur simple qui ne cesse de l’émerveiller. Un bonheur que rien ni personne ne semble pouvoir entacher, pas même l’annonce de la mort de sa mère, Ava. Pour Anna en effet, Ava est déjà si loin d’elle, si loin de ses préoccupations et de son cœur depuis des années, que son décès ne fait qu’officialiser ce qu’elle ressent.

Et pourtant. Pourtant, cet événement qu’elle considère à tort comme un non événement va faire vaciller sa vie. « En mourant, Ava lui laisse un héritage empoisonné. La mort va de pair avec la mémoire. » Les souvenirs affluent. La pension, le manque d’amour, cette Monique qui lui a ravi sa mère, son père parti quand elle avait six ans, ses origines juives, sa grand-mère Tina. Depuis combien de temps détestait-elle sa mère? Des années. Dès lors comment concevoir de devenir mère à son tour, de donner de l’amour à un enfant, quand on n’en a soi-même pas reçu? Tout comme Tina n’avait pas su aimer Ava, Ava n’a pas su aimer sa fille. Pour cette raison, Anna a jusqu’alors toujours refoulé son désir d’enfant. Pour ne pas reproduire ce qu’elle a enduré. Pour mettre fin à la malédiction familiale perpétrée par ces femmes incapables d’aimer leur progéniture.

Parallèlement à ce décès, un autre fait vient perturber Anna. Elle découvre la présence clandestine d’un enfant d’une dizaine d’années dans la remise de son jardin. Un enfant qu’elle n’ose pas approcher, dont elle ne parle à personne, pas même à Bertrand. Que fait-il là? D’où vient-il? Anna y voit plus qu’une simple coïncidence : sa présence dans la remise est un signe du destin. « Il n’est pas venu par hasard. Il est venu trouver un abri, la tranquillité, une famille peut-être, une mère. Il est venu pour elle. Il l’a choisie. Ce n’est pas un hasard. Il n’y a pas de hasard. » (P.85) Un enfant auquel elle va s’attacher en secret.

La conjonction de ces deux évènements va conduire Anna à l’introspection. Une voie solitaire mais nécessaire pour se retrouver, se trouver enfin. Et si ce désir d’enfant pouvait finalement s’exprimer?

Un premier roman très prometteur, une romancière à la plume sensible et délicate. A découvrir!

Celui dont le Nom n’est plus, de René Manzor (éditions Kero)

 

imageCelui dont le Nom n’est plus, de René Manzor

Editions Kero, mai 2014

 

Londres, au petit matin. Sur une table de cuisine, gît un homme vidé de ses organes. L’assassin est une vieille dame à la vie exemplaire. Pourquoi cette femme a-t-elle sacrifié l’homme qu’elle a élevé comme un fils ?
Elle est incarcérée. Pourtant, le lendemain, un autre homme est tué de façon similaire. Par la personne qui l’aimait le plus au monde. À chaque fois, les tueurs, qui ne se connaissent pas, laissent derrière eux la même épitaphe écrite dans le sang de leur victime :
Puissent ces sacrifices apaiser l’âme de Celui dont le Nom n’est plus…

Trois destins vont se lier autour de ces meurtres incompréhensibles : ceux de McKenna, vétéran de Scotland Yard, de Dahlia Rhymes, criminologue américaine et de Nils Blake, l’avocat de ces coupables qui ressemblent tant à des victimes.
Trois destins, et trois vies détournées à jamais de leur cours.

Informations pratiques :

Nombre de pages : 400

Prix éditeur : 20€

ISBN : 978-2-36658-112-6

Les dieux sont vaches, de Gwendoline Hamon (JC Lattès)

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Gwendoline Hamon nous raconte sa mère, son destin hors du commun et à travers elle, l’histoire de cette famille pas comme les autres, réunie, soudée autour de cette femme fascinante au moment de sa disparition, pendant ces soixante neuf jours où les dieux ont été un peu vaches…

Six ans après le décès de sa mère, Gwendoline Hamon s’autorise à évoquer celle qui n’est plus, « avec une volonté d’expier une culpabilité enracinée au plus profond de moi et de me délivrer d’une douleur.(-) Je sais que je ne suis pas responsable de mon histoire familiale, mais j’en porte le poids. »

Novembre 2008. De retour de New-York, Zélie apprend une terrible nouvelle : sa mère Caroline a un cancer en phase terminale. Le médecin ne lui donne que huit jours à vivre. Dix tout au plus. Après le séisme de cette annonce, Zélie se ressaisit. Hors de question que sa mère apprenne l’existence de cette épée de Damoclès au dessus de sa tête. Hors de question qu’elle mesure la gravité de son état. Et en fille responsable que l’on a fait grandir trop tôt, Zélie décide de faire ce qu’elle a toujours fait : être la mère de sa mère, veiller sur elle, la protéger, la rassurer, la cajoler. Il s’agit de faire de ces jours de vie en sursis les plus beaux jours de sa vie. Alors elle informe un par un tous les êtres chers, pour que tous contribuent à rendre le crépuscule de la vie de Caroline tendre, joyeux, pétillant, lumineux.

Tandis que le temps file entre ses doigts là où chaque minute restante est précieuse, Zélie repasse le film de son enfance sur l’écran de son esprit. La femme amaigrie et faible qu’elle a sous les yeux, ce petit oiseau tombé du nid, était jusqu’alors une femme fantasque, en quête d’absolu, attirée par les voyants étranges, les forces occultes. Une femme tantôt tendre tantôt cruelle, qui oscillait entre crises de larmes, crises d’angoisse, envolées lyriques et exaltation pour le paranormal. Une femme enfant qui n’a jamais assouvi son besoin viscéral d’être aimée, pas plus qu’elle n’a su verbaliser son amour pour sa fille. Du moins jusqu’ici. Ces derniers instants à son chevet lui permettront-ils d’atteindre le Graal maternel?

Avec ce roman autobiographique, Gwendoline Hamon rend un hommage très touchant et indiciblement tendre à sa mère. Une maman qui de fait continue à vivre sous les traits de sa plume…