Mal parti, Monique Jouvancy (Buchet/Chastel)

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Mal parti, Monique Jouvancy

Editions Buchet/Chastel, février 2017

160 P. ; 14€

Une tranche de vie, en province, au cœur d’une famille française éprouvée par le deuil.

Alors qu’il n’était lui-même âgé que de deux ans ½, son petit frère décède. Dans la famille, c’est la sidération. Les années passent, mais le souvenir reste, s’amplifie. Le fils décédé est paré de toutes les qualités ; les adultes ne cessent de disserter sur les mérites qui eussent été siens. Et le fils aîné d’avoir le sentiment de ne pas mériter d’avoir survécu, d’usurper une place. Une impression confortée par l’attitude de rejet de son père à son endroit. Seule sa sœur, née quatre ans après le drame, fait l’objet d’attentions et de douceur, suscite les rires et l’admiration. Lui n’est qu’un poids dont on se déleste dès que possible en l’envoyant en vacances chez son grand-oncle à la campagne. Et la mère de suivre le père. Seule la mémé le soutient en cachette.

Comment se construire quand votre père vous assimile à un désastre ? Comment avoir de soi une bonne image quand le miroir que vous tendent vos parents vous renvoie un reflet aussi négatif ?

Dans pareil contexte, la mort du père, terrassé par un infarctus, apparaît comme un soulagement. Une délivrance. L’occasion pour le fils de naître enfin à la vie ? De tenir sa revanche ? Pourra-t-il à son tour être pour son fils le père qu’il aurait aimé avoir, ou reproduira t-il les mêmes erreurs ?

Mal parti est le roman d’une trajectoire de vie. Ou comment l’enfance peut vous faire dévier de votre route, emprunter encore et encore des chemins de traverse qu’on s’était pourtant juré d’éviter. Un roman qui se lit d’une traite.

Rencontre avec Catherine Locandro à L’émoi des mots.

Ce jeudi 23 février, j’ai eu le grand plaisir d’animer la rencontre avec Catherine Locandro, auteur du très beau roman « Pour que rien ne s’efface« , aux éditions Héloïse d’Ormesson. Une soirée organisée dans la très belle et dynamique librairie-atelier L’émoi des mots, rue Descartes dans le 5ème arrondissement de Paris. Si vous êtes parisiens et amoureux des livres, je ne peux que vous encourager à faire une halte en ce lieu.

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Catherine Locandro publie ici son septième roman, un requiem élégant, à la beauté cruelle, qui fixe magnifiquement le portrait d’une icône déchue du cinéma.

Le livre : 

Pour que rien ne s’efface, éditions Héloïse d’Ormesson janvier 2017.

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Si juger est quelquefois un plaisir, comprendre en est toujours un. Ces propos d’Henri de Régnier pourraient servir de morale à cette bouleversante histoire…

Lila Beaulieu, star déchue du cinéma, est retrouvée morte dans un studio miteux, âgée de 65 ans seulement. Deux mois se sont écoulés entre son décès et la découverte du corps. Comment cette femme, adulée autrefois, connue et reconnue, a t-elle pu finir dans l’indifférence, le dénuement et la solitude les plus absolus ? Pour tenter de répondre à cette question, Catherine Locandro rembobine le film de sa vie et donne la parole à celles et ceux qui l’ont connue. Ou plus précisément, à ceux qui l’ont côtoyée en croyant la connaître.

Car qui la connaissait vraiment ? Si tous ont le sentiment de tout savoir d’elle ou presque, aucun, hormis le lecteur, ne connait toutes ses facettes. Est-elle cette mauvaise mère alcoolique que décrit sa fille ? Sa petite-fille et son ex-mari apportent des couleurs bien plus lumineuses à son portrait. Au fil des témoignages, se dessinent les contours, les pleins et les creux de cette défunte femme, ses failles et leurs origines. Ses richesses humaines aussi. Celle que d’aucuns fustigent a pourtant fait du mieux qu’elle a pu avec ce qu’elle a (et n’a pas) reçu dans son enfance, dans ses fréquentations malheureuses avec la gent masculine, dans ce milieu de requins qu’est le cinéma. Lila Beaulieu n’est ni ange ni démon. Mais un être humain, tout simplement.

Dans ce roman choral remarquablement orchestré, Catherine Locandro nous présente une femme indiciblement attachante. Sa plume délicate inscrit sur la portée de ce requiem des notes sensibles et justes, dont la mélodie vous hante longtemps, le livre refermé.

Je n’écrirai que morte, Elizabeth Letourneur : quand l’adoption tourne mal…

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Je n’écrirai que morte, Elizabeth Letourneur

Editions Le Passeur, février 2017

Avec un style puissant, l’auteur livre un récit sans concession sur un sujet tabou : une adoption qui tourne mal. Un livre fort qui ne laisse pas indemne.

On considère souvent l’adoption comme la fin de tous les maux. Et pour les couples en mal d’enfant et pour l’enfant en manque de parents. Or il arrive que l’alchimie ne fonctionne pas, que l’amour tant espéré ne soit pas au rendez-vous…

Mai 1996. Après deux années de procédures, la narratrice et son mari, déjà parents d’une petite fille, arrivent à Saïgon pour chercher le petit garçon qu’on leur a promis à l’adoption. Les lourdeurs administratives sont derrière eux. Mais pas le plus pénible.

Car au contact de l’enfant, la narratrice ne ressent…rien. Ce bébé de sept mois ne lui inspire aucune tendresse, aucun élan. RIEN. Pire, elle a le sentiment que ce petit être la juge, que son regard lui est hostile.

Mais comment avouer qu’on n’éprouve aucune envie de prendre l’enfant dans ses bras, de le bercer, de l’embrasser ? Et à QUI l’avouer ? La narratrice se tait, consciente que son mal-être se nourrira de ce silence. Viennent alors les premiers énervements. Les gifles. Le bébé pleure et la regarde sans comprendre. Puis les coups. De plus en plus souvent. A l’insu de tous. Alors elle appelle au secours. La DDASS, ses amis. En vain.

Comment réveiller la bonne mère qui sommeille en elle ? Comment mettre fin à cette maltraitance d’une cruauté sans nom ? Elizabeth Letourneur a le mérite d’aborder un sujet très difficile. Si les femmes battues parlent péniblement de leur enfer, encore plus rares sont celles qui osent parler des coups qu’elles portent. Un texte fort, sans concession, difficilement soutenable par moments, sur un sujet tabou. Et un espoir fort heureusement : le temps peut transmuer la colère en amour. Mais l’enfant pourra t-il pardonner ? Pardonner, peut-être. Oublier, non.

Mes petites histoires Montessori : Le dîner aux bougies

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Le dîner aux bougies, de Eve Herrmann (auteure) et Roberta Rocchi (illustratrice)

Editions Nathan, février 2017

Dès 3 ans; 32 P. ; 6,95 €.

La première collection de petites histoires directement inspirées par la pédagogie Montessori.

Liv et Emy s’apprêtent à dîner en compagnie de leur copain Tommaso et de leurs parents. Tous sont joyeux à la perspective de déguster des pizzas faites maison quand soudain la pièce se retrouve plongée dans le noir. Les fusibles ont sauté! Tandis que le papa va vérifier le tableau électrique, les enfants décident de chercher les bougies qu’ils avaient fabriquées quelques jours plus tôt. Finalement, dîner aux chandelles est encore plus chouette!

Un joli livre aux illustrations tendres, une histoire simple et poétique inspirée de la vie réelle, fidèle à la pédagogie Montessori. En fin d’ouvrage, une double page apprend pas à pas aux enfants à fabriquer eux-mêmes leur bougie en cire d’abeille.

Ce livre est un beau cadeau à offrir.

Venez rencontrer Catherine Locandro à la librairie L’émoi des mots (Paris 5ème)!

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Ce jeudi 23 février, à partir de 18h30, venez nous retrouver pour une rencontre autour du nouveau roman de Catherine Locandro « Pour que rien ne s’efface », aux éditions Héloïse d’Ormesson!

Où?

A la dynamique librairie-atelier L’émoi des mots, 25 rue Descartes, Paris 5ème. A deux pas de la rue Mouffetard et du Panthéon.

Le livre : 

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Pour que rien ne s’efface est le 7ème roman de l’auteur.

Convoquant douze témoins, Catherine Locandro ressuscite Lila, star oubliée. De la mort à la vie, elle rembobine, à rebrousse-temps, le film de son existence. Un dispositif romanesque étonnant, où les défunts restent bien au-delà de leur mort.

Vous retrouverez la chronique que je lui ai consacrée ici : Chronique

L’auteur : 

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Catherine Locandro est née en 1973 à Nice. Elle est écrivaine et scénariste. Elle vit aujourd’hui à Bruxelles.

Nous vous attendons nombreux! A très bientôt!

Le bureau des jardins et des étangs, Didier Decoin : d’une déchirante beauté

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Le bureau des jardins et des étangs, Didier Decoin

Editions Stock, janvier 2017

Rentrée littéraire

Un conte initiatique d’une déchirante beauté, sensuel, poétique, voluptueux, à l’époque du Japon médiéval. Coup de cœur immense pour cette sublime estampe.

C’est une immersion totale dans le Japon du XIIème siècle, à l’époque Heian, que nous offre Didier Decoin.

Miyuki, jeune femme frêle, « une maigre silhouette d’herbe folle », vivait un amour idyllique avec Katzuro, le pêcheur de carpes le plus habile du village de Shimae, fournisseur officiel du Bureau des Jardins et des Etangs de l’empereur. Mais ce dernier glisse sur le fond glaiseux de la rivière et meurt noyé. Tous pensent alors que sa veuve va s’effondrer. Or c’est mal connaître la réservée Miyuki. Dès l’instant de la nouvelle de son décès, elle qui n’a jamais passé les frontières de son village, décide de relever le défi de livrer les carpes à l’empereur à plusieurs jours de marche de là. Parce que l’argent de la vente de ces poissons sacrés permettra de faire vivre le village. Mais aussi et surtout, parce qu’ainsi elle entend rendre hommage à son défunt mari. Ces carpes qu’elle portera péniblement dans des vasques en osier remplies d’eau, au bout d’une palanche, sont les dernières que Katzuro a capturées. Un trésor ô combien symbolique.

Un voyage qu’elle entreprend seule. En apparence. Car sans cesse les souvenirs de Katzuro l’accompagnent, au point de le rendre indiciblement présent à ses côtés, de guider ses pas, de faire battre son cœur.

Une aventure épique, au cours de laquelle il lui faudra affronter les intempéries, les monstres marins, les brigands, se frotter à une tenancière de maison close aux dents vertes. Ou comment la candide Miyuki, mue par l’amour pour son défunt mari, découvre le monde et s’émancipe. C’est pour le lecteur l’occasion d’un voyage sublime au cœur d’un Japon où se mêlent un raffinement extrême, une infinie poésie et une divine exaltation des sens.

Un coup de coeur absolu!