J’ai rendez-vous avec toi, de Lorraine Fouchet (éditions Héloïse d’Ormesson)

Lorraine Fouchet, J’ai rendez-vous avec toi

Editions Héloïse d’Ormesson, Mars 2014

Lorraine Fouchet nous offre un témoignage touchant, dialogue entre un père et sa fille à qui le destin a laissé le temps de s’aimer mais pas de se parler… Une histoire vraie qui se lit comme un roman d’aventures.

Dans un vide-grenier, un dimanche matin, l’auteur tombe sur un livre bleu signé par son père, Christian Fouchet : ce sont ses mémoires, rédigées 40 ans plus tôt. Elle l’achète. Un euro. Un euro pour un voyage 40 ans en arrière, de la vie intime de ce père illustre, acteur de l’histoire de France, décédé alors qu’elle avait dix-sept ans, à sa vie publique en tant qu’homme politique. Un euro, c’est le prix du visa pour entrer sur le territoire de cet homme fascinant, grande figure du gaullisme, qui avait pour amis Charles de Gaulle, Saint-Exupéry, Alexandra David Neel ( La femme aux semelles de vent) ou encore André Malraux.

« T’écrire c’est remailler une passerelle. C’est m’assurer que je pourrai l’emprunter jusqu’à la fin de ma vie. » Sur la trame délicate de ses mots, un dialogue s’engage entre Lorraine Fouchet et son père, avec le lecteur pour témoin. Des mots tendres, drôles et émouvants, qui évitent avec brio l’écueil du pathos. Car c’est un portrait indiciblement vivant que Lorraine Fouchet dresse de celui qui n’est plus. Avec sensibilité, délicatesse, elle nous fait voyager sur les ailes de sa plume, se plonge dans les mémoires et les agendas annotés de ce grand homme (pas seulement par son mètre 96, mais aussi par ses actes) et nous conduit de Moscou à Calcutta, en passant par Alger, Varsovie, le Danemark et bien sûr Paris. Elle nous invite à partager le quotidien du père et du Ministre, ses combats, ses nobles causes, ses blessures aussi.

Ou quand la petite histoire rencontre la grande Histoire…

Prenez rendez-vous avec ce magnifique roman! Vous aurez alors rendez-vous avec le portrait intime et bouleversant d’un grand homme, mais aussi avec l’indéniable talent de l’auteur.

P.56 : J’étais un médecin qui écrivait. Je suis un écrivain qui a été médecin. C’était une question de vie ou de mort, c’est maintenant une question de vie et de mots. Un « r » en moins change la donne.

P.233 : On n’archive pas le bonheur ou la tendresse, on les garde en mémoire. Mais on archive les actes des hommes qui ont été caressés par les ailes de l’Histoire.

L’effet postillon et autres poisons quotidiens, de Julien Jouanneau (éditions Rivages)

postillon-jouanneau-2716188-jpg_2356565

L’effet postillon, de Julien Jouanneau

Éditions Rivages, mai 2014

 

Ils sont partout. Tout le temps. Chez vous, sur la route, dans les transports, au bureau, au restaurant, à la plage, dans la rue, sur terre, dans le ciel. Partout. Du matin au soir. Du lundi au dimanche. Toute l’année. Non, il ne s’agit pas d’un remake du célèbre feuilleton des années 67/68, The invaders, même s’il est bien question d’envahisseurs. Pire, ce ne sont même pas des extraterrestres : ils sont parmi vous. Alors? Alors Julien Jouanneau les a traqués pour vous, dans tous les lieux possibles et inimaginables, dans toutes les circonstances. Son arme? L’humour. Et son butin est conséquent. Il liste tout ce qui irrite, agace, titille, horripile, insupporte, chatouille, excède. Il vous offre de s’énerver à votre place, d’oser dénoncer ces petits et grands désagréments du quotidien que vous subissez en silence (ou presque). Il a même déniché pour vous un Centre de recherches sur l’énervement maximal. Ce qu’on y concocte dans la plus grande jubilation? Tout ce qui est susceptible de vous agacer : du pliage dantesque de la notice des médicaments dans l’emballage, à l’illisibilité de la date limite de consommation sur les aliments, rien n’est laissé au hasard pour mieux vous gâcher la vie.

Du sable qui squatte les ongles de pied, aux olives dont on ne sait que faire du noyau dans les cocktails, en passant par le postillon de votre voisin de table -véritable météore buccal qui atterrit dans votre tartare, ou encore le club échangiste de bactéries (entendez la piscine), Julien Jouanneau nous offre, pour reprendre Patrice Leconte, « L’évangile selon Saint-Râleur, pèlerinage au royaume des gênes éternelles ». Et c’est jubilatoire.

Informations pratiques :

Nombre de pages : 170

Prix éditeur :12 euros

ISBN : 978 2743 628 222

Le liseur du 6H27, de Jean-Paul Didierlaurent ( Au Diable Vauvert)

image

Le liseur du 6h27, de Jean-Paul Didierlaurent

Éditions Au Diable Vauvert, mai 2014

Dès la naissance, ça avait mal commencé pour lui. Pensez donc : ses parents n’avaient pas trouvé mieux que de l’affubler d’un patronyme sujet à la moquerie : Guylain Vignolles. Et vilain guignol de devenir son surnom. La suite ne fut guère plus réjouissante : un travail rédhibitoire au pilon à assassiner des livres au quotidien, de longs trajets dans des transports en commun bondés, un chef sans coeur, rien que de très terne. Bien loin de ce qu’il « vend » à sa mère au téléphone chaque semaine. Guylain a en effet tellement honte de sa profession, vit tellement mal d’agir en bourreau à l’égard de ces livres qu’il chérit, qu’il ment à sa mère et prétend être éditeur. Un accoucheur de livres et non un fossoyeur, voilà qui est plus noble à ses yeux.

Aussi, pour mettre un peu de soleil dans le ciel gris de ses journées, pour redonner vie à ces romans destinés au pilon, chaque matin, dans le RER de 6h27, il lit aux voyageurs anonymes des feuillets sauvés au hasard des mâchoires de « la Chose », l’horrible broyeuse de livres Zerstor 500. Et la magie d’opérer à chaque fois. Et les passagers de sortir de leur léthargie, de boire ses paroles et d’en redemander. Et les livres de survivre à l’oubli.

Jusqu’au jour où il trouve dans le RER une clé USB tombée d’un sac. Une découverte qui va bouleverser sa vie.

Ce premier roman de Jean-Paul Didierlaurent est un trésor de douceur, de tendresse, une forme de conte moderne dans lequel, grâce à l’amour des livres, des liens vont se tisser entre les êtres. Le livre comme vecteur de lien social. De l’amitié des soeurs Delacôte, en passant par celle du collègue invalide, d’Yvon le poète, à l’amour de Julie, Le liseur du 6h27 vous transportera à son tour.

A lire!

P.152 : Les gens n’attendent en général qu’une seule chose de vous : que vous leur renvoyiez l’image de de ce qu’ils veulent que vous soyez.

 

 

Glissez Catherine Charrier dans votre poche!

image

L’attente, de Catherine Charrier

Editions Pocket, juin 2014

 

Juste un strapontin…

 

      « Si cela continue, dans un an, je la quitte et je t’épouse ». Quand son amant prononce cette phrase, ce possible amour tous deux qui ne soit plus un strapontin dans son coeur mais une vraie place, LA place, Marie sent ses résistances fondre. Certes, elle est mariée et mère de famille. Lui aussi est en couple et père. Mais… Mais si le temps lui donnait raison? Si au terme de cette attente, la clandestinité faisait place à une union au grand jour?

      Alors elle attend.

      Alors elle se donne des raisons d’attendre.

      Alors elle lui trouve des raisons d’attendre.

      Mais la peur est là qui la tenaille, qui l’étreint lui aussi.. Attend t-elle vainement? Le temps s’écoule, la barre de l’année est allègrement franchie, et Roch n’a toujours pas sauté le pas. Mais si la frustration chez l’un et la peur chez l’autre grandissent, croit chez tous deux un même addictif besoin l’un de l’autre. Besoin de l’entendre, de le toucher, de le sentir, de rire avec lui, de lui parler.

      Une impossibilité à se passer l’un de l’autre dont l’attente se repaît avec délice. Le dilemme reste entier. « L’attente, c’est une histoire de s’autoriser et de s’interdire. L’attente est souveraine. On s’y soumet, ses contingences s’imposent. En son nom, on renonce, on accepte. L’attente est reposante car elle annule toute possibilité de choix. Tout ce qu’on a à faire c’est attendre. L’attente agit comme une grille de sélection sévère et implacable des éventualités de la vie. »

      Un confort pourtant inconfortable. L’attente transporte autant qu’elle achève, sublime autant qu’elle enlaidit, nourrit autant qu’elle sèvre. L’attente est une maitresse draconnienne.

      Jusqu’où Marie ira t-elle? Quels renoncements Roch sera réellement prêt à faire? Vient-il un moment où les illusions deviennent illusoires?

 

      On pourrait penser que ce récit d’un quatuor femme-mari-amant-maîtresse est un sujet rebattu dont on n’a plus rien à apprendre. A tort. Catherine Charrier nous offre ici un magnifique livre. En véritable chirurgienne des âmes et des sentiments, elle dissèque avec une justesse, une délicatesse et une force émotionnelle sidérantes les tourments de l’attente. Et de l’amour tout court.

      A lire sans plus…attendre!

 

Glissez Alain Mabanckou dans votre poche!

Tais-toi et meurs, de Alain Mabanckou

Éditions du livre de poche, juillet 2014

 

La France, une terre riche en promesses, le sol d’un futur possible pour Julien Makambo et ses frères. Du moins est-ce leur perception depuis le Congo. Muni de faux papiers, il décide donc de tenter sa chance. Et de débarquer sous l’identité de José Montfort à Roissy, où l’attend Pedro, figure de proue du milieu congolais, l’homme qui incarne la réussite entre tous à Paris. « Les jeunes rêvaient de lui ressembler, c’est à dire venir en France, porter de beaux vêtements et descendre au pays pendant la saison sèche pour impressionner la population. »

     Pedro le prend sous son aile, tel un grand-frère. Un abri rue du Paradis où ils s’entassent à sept dans un petit logement, des combines souterraines avec des vols de chéquiers, une nouvelle identité, José Montfort devient le bras droit de son mentor, lui est redevable. Mais cette économie parallèle ne leur permet plus de vivre, crise oblige. Il emboîte alors le pas à Pedro pour une mission mystérieuse censée leur rapporter gros. Mais en ce vendredi 13, rue du Canada, l’affaire tourne mal. Sous ses yeux, le contact de Pedro, une jeune femme blonde, est défenestrée. Les témoins de la chute repèrent Julien. Un homme de race noire dans les parages, c’est forcément suspect. Coupable facile?

     La chasse à l’homme commence. Les esprits s’échauffent. La question de l’immigration en France revient au coeur de l’actualité. Makambo, dont la signification du nom en lingala est « les ennuis » est arrêté. Dans sa cellule, il écrit son histoire.

     Pedro viendra t-il à son secours? Les siens agiront-ils en frères protecteurs? Est-il le bouc émissaire des seuls locaux à l’égard des étrangers ou l’est-il aussi de ceux du milieu congolais? Quelles sont les règles? Quelles sont ses chances d’en sortir?

     Dans ce roman noir, Alain Mabanckou nous dresse un portrait édifiant de ces immigrés à Paris, des moyens à leur disposition pour subsister à travers une économie parallèle, de leur quotidien bien éloigné du rêve qu’ils en avaient . L’occasion de dénoncer les préjugés racistes auxquels ils doivent faire face, de pointer cette facilité avec laquelle on juge, sans savoir, sans vouloir savoir, sans comprendre…

     Un thriller haletant doublé d’une étude sociologique saisissante.

Madame Princesse arrive en version livre + CD!

imagephoto_1

Madame Princesse, de Roger Hargreaves

Éditions Hachette jeunesse, juillet 2014

Livre + CD

 

La collection Monsieur Madame s’enrichit d’un nouveau petit livre, tout joli, couleur rose bonbon, accompagné d’un CD : Madame Princesse!

Madame Princesse a une belle couronne en or et vit dans un très beau château. Habituée à être servie par des domestiques, elle n’a jamais rien fait de ses dix doigts. Aussi, quand elle entreprend d’aider ses amis, c’est certes plein de bonnes intentions…mais de maladresse aussi!

Une histoire très colorée, idéale pour les jeunes enfants, qu’ils pourront feuilleter mais aussi écouter grâce à l’album joint.

Un très joli livre à offrir!

 

Informations pratiques :

Prix :  5,90€

ISBN : 978 2 01 2205949

Et un jour, tout recommencer, de Marie-Laure Bigand

hqn_etunjour_ebk_1couv

Et un jour tout recommencer, de Marie-Laure Bigand

Éditions HQN, juillet 2014

 

Voyage au bout de soi 

 

      Quelques vêtements, un peu d’argent, le strict minimum jeté dans un sac, la décision de Valérie est prise. Ce matin, aux aurores, elle quitte tout. Sans laisser de trace. Vers où ? Pourquoi ? Pour qui ? Si l’avenir la concernant est criblé d’incertitudes, le présent, lui, s’impose à elle comme une évidence : PARTIR. Oser quitter les siens, résister aux assauts de la culpabilité. Regarder droit devant. Ne surtout pas se retourner. 

      Car insidieusement le mal-être s’est installé. Une vie de couple où la routine ronge les liens aussi efficacement qu’une armée de termites, trois enfants à l’aube de prendre leur envol, ce sentiment de ne plus exister dans le regard des autres, de n’être plus que transparence. Valérie étouffe, suffoque.

      Seule la fugue porte en elle l’espoir de lui rendre son souffle. Acte de lâcheté? Non, de survie. « C’était partir ou mourir… » 

      De gare en gare, d’étape en étape, de la Lozère à la Rochelle en passant par le Lubéron, son périple sera aussi et surtout l’opportunité d’un cheminement intérieur. Une fuite dont toutes les rencontres faites en chemin vont converger vers un seul et même point de fuite : la rencontre avec elle-même. C’est en effet dans le miroir des autres, dans leur courage, dans leurs failles, qu’elle va voir ses propres blessures, se voir telle qu’elle est devenue. Et mieux percevoir ce qu’elle ne veut plus être. 

      Parviendra t-elle à mettre à plat les complexes ressorts de ce qui lui arrive aujourd’hui, à rebondir ?

      Ce roman est celui du combat, du courage et de l’espoir. Qui n’a pas un jour éprouvé cette envie de tout laisser derrière soi? Mais qui a osé le faire? Valérie, sur la brillante et sensible plume de Marie-Laure Bigand, a ce courage-là. Et nous emmène avec elle, dès ses premiers pas.

      Un roman sobre et touchant, sur la quête de soi, sur ce bonheur qui prend bien des détours parfois mais surgit toujours par delà les épreuves. Car il n’y a pas de personnes nées sous une mauvaise étoile, mais des personnes qui ne prennent pas le temps de déchiffrer le ciel…

 

Informations pratiques :

Roman téléchargeable ici

Prix : 3,99€

Nombre de pages : 253

La Kar’Interview de René Manzor!

image

Rencontre avec un auteur d’une gentillesse à l’image de son talent – immense, à la faveur de la parution de son deuxième roman, Celui dont le nom n’est plus, aux éditions Kero. Un thriller magistral aux frontières de l’amour et de la mort.

 

Pouvez-vous rapidement vous présenter, René Manzor?

Né de père Français, de mère Uruguayenne, j’ai toujours eu un pied sur le vieux continent et un sur le nouveau. Une enfance dans les valises qui m’a donné très tôt l’envie, le besoin même, de raconter. J’ai d’abord assouvi ce besoin à travers le cinéma avec des long-métrages comme “Le Passage”, “3615 Code Père Noël”, “Un Amour de Sorcière”, “Dédales”. Puis j’ai eu la chance que ces films soient appréciés par Steven Spielberg qui m’a invité à Hollywood pour travailler sur un projet. Je comptais y passer quelques mois, j’y suis resté dix ans. Pendant ces dix ans, j’ai réalisé pour la télé et le cinéma, et j’ai continué à écrire beaucoup, pour moi et pour les autres. Mais mes écrits d’adolescent étaient romanesques. Certains écrivains rêvent de faire du cinéma, moi j’ai toujours rêvé d’écrire des romans. C’est la plus belle façon de raconter une histoire, la plus directe. On a ses mots pour seul bagage.

Celui dont le nom n’est plus est votre deuxième roman, après Les âmes rivales, paru lui aussi aux éditions Kero. Comment passe t-on de l’écriture de scénarios pour le cinema et la télévision au roman? Appréhende t-on différemment l’écriture d’un roman et celle d’un film?

Si j’ai ressenti une difficulté, ça a été de me détacher de l’écriture romanesque en abordant le cinéma, plutôt que d’y revenir. Je me souviens qu’après avoir lu le scénario du “Passage”, Alain Delon m’avait dit: “J’ai beaucoup aimé votre roman”. Et il ne plaisantait qu’à moitié. Un film, c’est une suite d’écritures successives dont le scénario n’est que la première. Le tournage, la direction d’acteur, le montage, le mixage sont une suite de réécritures que l’on a remise à plus tard au moment de la conception du scénario. Quand on écrit un roman, on ne peut rien remettre à plus tard. Tout doit être dit. L’intrigue et les dialogues ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Les états d’âme des personnages, leurs pensées les plus intimes sont communiquées au lecteur. Quand on écrit pour la caméra, on se doit d’être objectif, sec, clinique, factuel. Quand on écrit pour le roman, le subjectif l’emporte.

A ce titre, je trouve votre écriture romanesque extrêmement visuelle. Lire vos romans, c’est visualiser les personnages, leur univers, les sentir, les voir, les entendre. Comme si nous regardions un film. Troublant. Une adaptation à l’écran est-elle envisagée?

C’est drôle que vous me posiez cette question car j’ai tout fait pour tourner le dos à cette éventualité. Pour moi, adapter « Celui dont le Nom n’est plus » au cinéma reviendrait à en faire le remake. Car j’ai vraiment l’impression d’avoir déjà filmé cette histoire avec des mots. Le porter à l’écran me permettrait juste de raconter cette histoire à ceux qui ne lisent pas. Du reste, si l’occasion se présentait, je ne pense pas que je le ferais au cinéma. Le format d’une mini-série de six fois une heure me permettrait de la raconter plus en profondeur qu’un long-métrage.

Vos romans sont étayés de connaissances très précises en médecine légiste, aussi bien qu’en génétique, en greffe d’organes, en criminologie, etc., ce qui apporte un crédit certain aux situations. Y a t-il un gros travail de documentation en amont?

Mes études en faculté se sont partagées entre la Médecine et les Beaux-Arts. Et, si je les interrompues pour faire du cinéma très jeune, elles m’ont apporté rigueur et endurance. Quand j’écris, j’ai besoin de me structurer, de construire un enclos très solide pour mon histoire, de façon à pouvoir y lâcher les chevaux sauvages de l’imagination l’instant d’après. L’imaginaire n’accepte pas facilement d’être domestiqué. C’est pourquoi, chez moi, une structure classique en trois actes, un plan de l’intrigue, et une enquête documentée extrêmement poussée précèdent toujours la rédaction proprement dite. Quant aux personnages, je les travaille indépendamment du récit. Je leur construis une existence, une vie avant l’histoire et après l’histoire. Je leur imagine des qualités, des défauts surtout et, comble du luxe, des manies. Ils finissent par avoir leur propre logique, indépendante de la mienne et souvent il nous arrive de ne pas être d’accord sur leur manière de se comporter dans telle ou telle situation. Quand j’en arrive à ce stade, c’est que le personnage existe vraiment. Et ses attaques constantes contre la structure de l’intrigue contribuent à la rendre surprenante.

Celui dont le nom n’est plus est un thriller haletant aux frontières de l’amour et de la mort. Comment vous est venue l’idée de ce roman? Et d’une manière plus générale, d’où vous vient l’inspiration que ce soit pour les scénarios ou pour les romans?

Cela part généralement d’une simple idée. Une question à laquelle je n’ai pas de réponse. En confrontant mes personnages aux dangers de l’intrigue que je tisse pour eux, je les pousse à y répondre. Pour « LE PASSAGE » c’était : l’amour est-il plus fort que la mort ? Pour « DÉDALES » : sommes-nous une seule personne ou plusieurs ? Pour « les âmes rivales » : nos sentiments nous survivent-ils ? Pour « CELUI DONT LE NOM N’EST PLUS » : le deuil est-il une convalescence dont on se remet ?

Ce roman relate une série de meurtres étranges obéissant au même modus operandi : les organes des victimes ont été prélevés, tandis que la dépouille est abandonnée après avoir été préparée selon un rite funéraire précis. Plus déroutant encore, les meurtriers semblent être des proches. Autrement dit, ces mêmes personnes, capables d’amour, peuvent aussi donner la mort. Pensez-vous que le mal soit inscrit à même enseigne que le bien en chacun d’entre nous?

Nous ne sommes ni le Bien ni le Mal. Nous sommes le champ de bataille. Quand on est piétiné par l’un et l’autre, difficile de rester neutre ou de prendre partie. Chacun d’entre nous gère sa balance comme il peut avec les cartes reçues à la naissance. Mais on ne règle pas le problème en bannissant le Mal, comme Dieu l’a fait avec Satan dans les religions du Livre. La lumière a besoin des ténèbres pour exister.

Sans déflorer le roman, pour ceux qui ne l’ont pas encore lu, il y a une thématique qui semble vous être chère et était déjà présente dans Les âmes rivales, celle de ce qui se passe au delà de la mort, cette zone obscure qui intrigue, effraie parfois. Réincarnation, ésotérisme, survie des sentiments par delà la mort, d’où vous vient cette fascination?

Ce que j’aime dans ces zones mystérieuses, c’est la liberté qu’elles offrent à l’imaginaire. Mais je ne m’y sens à l’aise que si les amarres du « crédible » ne sont pas coupées. J’ai besoin que mes histoires se déroulent dans un monde bien réel, que le lecteur croie à cette réalité, qu’elle lui soit familière. J’ai besoin qu’il puisse se projeter facilement dans mes personnages de façon à être confronté comme eux à des événements qui le dépassent. Ce qui m’intéresse, dans le genre du thriller, ce sont ces moments où les personnages d’une histoire, en même temps que leurs lecteurs, sont obligés progressivement d’abandonner le cartésianisme qui les gouverne pour s’ouvrir à une autre façon de voir les choses, là où l’intuition et l’instinct sont plus utiles que la raison.

Une mort qui peut parfois être évitée grâce aux greffes, encore trop peu nombreuses hélas, du fait de l’insuffisance de donneurs. Un sujet très présent dans ce roman et une cause qui vous est chère, avec ce formulaire en fin de roman, qui invite à s’inscrire comme donneur d’organes et de tissus. Pouvez-vous nous parler de cet engagement?

Je refuse l’idée que l’être humain puisse être plus égoïste mort que vivant. Pourquoi refuser de sauver sept vies quand on n’est plus bon à rien ? Donner sa vie de son vivant, c’est miraculeux. Mais le faire, après sa mort, c’est la plus belle opportunité que la Science nous ait donnée ! Si l’un des nos enfants avait besoin d’une greffe pour survivre, serions-nous toujours contre le don d’organe ? On ne peut pas rester insensible à ça. L’année dernière, rien qu’en France, 537 personnes sont mortes faute de greffon disponible. Un petit mot glissé dans votre portefeuille autorisant à prélever vos organes après votre mort ne vous coûtera que 20 secondes. 20 secondes pour sauver sept vies, c’est pas grand chose.

Si vous deviez citer une seule phrase de ce roman, laquelle choisiriez-vous?

La vérité se nourrit du partage. Le mensonge, du secret.

Que souhaitez-vous partager avec vos lecteurs?

L’imaginaire. La lecture est une conversation silencieuse, intime entre deux personnes. De jardin secret à jardin secret.

Votre prochain projet. Est-il trop tôt pour en parler ou pouvez-vous nous en dire deux mots?

Entre deux projets personnels, j’aime ces moments où je mets mon univers en jachère pour mettre mon petit savoir faire de conteur au service des autres. J’aime le rythme infernal que le tournage des séries télé ou des clips impose à l’imaginaire. Moins d’argent, moins de temps, on travaille à l’instinct. Il faut être au filet en permanence, on doit smatcher sur toutes les balles. Bien plus utile pour rester créativement en forme que la pub qui fait grossir.

Mais aujourd’hui, le projet personnel qui me passionne le plus est une série européenne d’anticipation que j’écris en anglais pour des producteurs français, polonais, américains et russes. Une première saison de huit épisodes, dont deux sont déjà écrits. Un tournage prévu fin 2015. C’est donc trop tôt pour en parler. Il y a aussi le troisième roman qui est en cours d’écriture et que j’ai promis à mes éditeurs pour mai 2016. Mes journées de travail font des polders sur mes nuits. La vie est trop courte quand on la vit passionnément. Et il y a tant d’histoires à raconter…

                                                                                                                                                                                      Propos recueillis le 3 juillet 2014

Retrouvez la chronique que j’ai consacrée au nouveau roman de René Manzor, en cliquant sur ce lien : Celui dont le nom n’est plus (éditions Kero)

« Le camion qui livre » débarque sur vos plages!

images c

Une très belle initiative des éditions du livre de Poche, que je relaie ici.

Cet été, faites le plein de lecture avec « Le camion qui livre », un événement estival et itinérant de plage en plage !

Pas eu le temps ou le courage de lire au fil de l’année ni vraiment organisé à la veille du départ en vacances pour préparer votre stock de livres à dévorer à l’ombre d’un parasol… Le camion qui livre est résolument fait pour vous !

Véritable librairie sur 4 roues, elle se déplacera de plage en plage le long des façades méditerranéenne et atlantique, du 16 juillet au 15 août. Prise en charge ponctuellement par un libraire local, elle proposera son choix de livres d’été. Avec la promesse qu’il y en ait pour tous les goûts et tous les âges puisqu’il y aura aussi une sélection Livre de Poche Jeunesse et Audiolib.

Huit libraires motivés s’engagent dans cette « première »

L’occasion pour eux de transmettre conseils et goûts aux plus avertis, de révéler des lecteurs qui s’ignorent, mais aussi de rencontrer un autre public que leur clientèle habituelle tout en se faisant mieux connaître au-delà du rayon de leur boutique. Comme en témoignent deux d’entre eux :

« Ce projet est tout simplement pour moi lumineux! Grâce à lui nous allons avoir la possibilité de “ déplacer ” la librairie là où nous n’aurions jamais pu aller ; nous pourrons nous ouvrir à un autre public qui ne nous connaît pas forcément, rendre accessible le livre dans tous les sens du terme en allant vers les vacanciers, en leur amenant un format pas cher et un catalogue de titres tous publics, le tout dans un cadre ludique et de détente avec en prime des auteurs en dédicace ! Voilà enfin une belle initiative très motivante qui sort des sentiers battus et qui, en plus, est un véritable soutien pour les libraires. Que dire de plus si ce n’est un grand merci aux éditions du Livre de Poche ! » Anne Giraudeau, La Librairie Générale Arcachon

« L’été est le moment privilégié du lâcher-prise, des balades sur les sentiers et dans la lande, mais surtout de la sieste sur la plage. Et alors, quoi de plus agréable dans cet horizon bleu azur, bleu dur comme dans un fi m de François Ozon, que de se plonger dans un polar. De se laisser prendre par les pages d’un beau roman sentimental. Ou de se rafraîchir dans l’humour de quelque auteur contemporain. Quel que soit votre goût, quelles que soient vos envies, “ Le camion qui livre ” sera à proximité de la plage. Quelle belle idée que ce camion du Livre de Poche, comme une petite odeur de caravane du Tour de France, avec tout ce qu’elle véhicule de nostalgie, de terroir et de souvenir d’enfance ! Quelle belle idée, au même titre que les “ chouchous, chichis et chocolats glacés ” ! Jean Michel Blanc, Librairie Ravy, Quimper

Un lieu convivial pour partager son amour de la lecture

Le camion qui livre se veut un lieu convivial de partage réel et virtuel. Elle accueillera, en effet des séances de dédicaces et des animations, tandis que les événements et les informations seront délivrés et commentés sur le site internet du Livre de Poche, sur notre page Facebook, notre compte Twitter et sur Instagram.

Egalement cet été, l’opération 2 livres achetés = 1 sac offert se poursuit pour le plaisir de tous !

Alors, on vous retrouve sur la plage avec un Livre de Poche ?

images

Pour plus d’informations, c’est ici : http://www.livredepoche.com/lecamionquilivre

Sélection de 25 romans pour vous évader tout l’été!

valises-de-livres2

Vous avez attendu l’été avec une impatience grandissante.  Le voilà enfin, avec les vacances dans son sillage. La valise est presque prête, il ne reste plus que les livres à intercaler entre la crème solaire et le maillot de bain. Vous hésitez? Alors ces sélections de romans parus en 2014 vous guideront peut-être dans vos choix!

Voici différentes destinations de lecture. Prêts? Attachez vos ceintures!

  • Si vous mettez le cap sur la tendresse, embarquez aux côtés de :

– Gilles Paris avec L’été des lucioles  (éditions Héloïse d’Ormesson) et Au pays des kangourous (Livre de poche)

– François d’Epenoux avec Le réveil du coeur (éditions Anne Carrière)

– Philippe Routier avec L’enfant du parc (éditions stock)

  • Cap sur le suspens avec :

– Dominique Dyens avec La femme éclaboussée (éditions Héloïse d’Ormesson)

– Pierre-Yves Tinguely avec L’axe du sang (éditions M.A.)

– René Manzor avec Celui dont le nom n’est plus (éditions Kéro)

  • Cap sur l’étranger :

– Les États-Unis avec Sophie Simon  :  Gary tout seul (éditions JC Lattès)

– La Birmanie avec Jan-Philipp Sendker : L’art d’écouter les battements de coeur (éditions JC Lattès)

– La Jamaïque avec Philippe Vidal : Les montagnes bleues (éditions Max Milo)

– L’Irlande et la Pennsylvanie avec Paul Lynch : Un ciel rouge le matin (Albin Michel)

  • Cap sur les témoignages avec :

– Martin Gray et Mélanie Loisel, Ma vie en partage (éditions de l’Aube)

– Michel Baldy La rue était mon lit (City éditions)

– Marianne Guillemin Dans la gueule du loup (éditions Max Milo)

  • Cap sur l’amour  avec :

– Eric-Emmanuel Schmitt, L’élixir d’amour (Albin Michel)

– Nathalie Rheims, Maladie d’amour (Léo scheer)

– Nicolas Barreau, Le sourire des femmes (Éditions Héloïse d’Ormesson)

– Xavier de Moulins, Que ton règne vienne (JC Lattès)

– Fariba Hachtroudi, Le colonel et l’appât 455 (Albin Michel)

– Akli Tadjer, Les thermes du Paradis (JC Lattès)

  • Cap sur l’humour avec :

– David Foenkinos, La tête de l’emploi (éditions J’ai lu)

  • Cap sur l’histoire avec :

– Stéphane Bellat, La chambre d’Hannah (M.A. éditions)

– Catherine Hermary-Vieille, La bête (Albin Michel)

  • Cap sur un premier roman avec :

– Céline Lapertot Et je prendrai tout ce qu’il y a à prendre (éditions Viviane Hamy)

  • Cap sur la littérature jeunesse avec :

– Marie-Christine Buffat, La malédiction de la chanson à l’envers  (éditions Snow Moon)

Quelle que soit la destination que vous aurez choisie, nous vous garantissons non pas le soleil, mais le talent des auteurs! Bonnes vacances et… belles lectures!

 

10384278_843072199054032_3469047405016937709_n