Prix Medicis 2017 : les finalistes

 « Il n’y aura pas de troisième sélection », a indiqué, lundi soir, l’écrivain Michel Braudeau qui préside le jury du Médicis donnant rendez-vous le 9 novembre pour « le résultat final ». Lors de sa dernière réunion, le 28 septembre, le jury du Médicis avait déjà créé la surprise en ajoutant un nom à sa liste initiale. Outre son prix pour un roman français, le Médicis attribuera également le 9 novembre le Médicis étranger (12 finalistes) et le Médicis essai (onze finalistes).
Voici la liste, par ordre alphabétique d’auteurs, des finalistes du Médicis pour les romans français :
– Kaouther Adimi, « Nos richesses » (Seuil)
– Jakuta Alikavazovic, « L’avancée de la nuit » (L’Olivier)
– Delphine Coulin, « Une fille dans la jungle » (Grasset)
– Louis-Philippe Dalembert, « Avant que les ombres s’effacent » (Sabine Wespieser)
– François-Henri Désérable, « Un certain M. Piekielny » (Gallimard)
– Arthur Dreyfus, « Sans Véronique » (Gallimard)
– Brigitte Giraud, « Un loup pour l’homme » (Flammarion)
– Anne Godard, « Une chance folle » (Minuit)
– Olivier Guez, « La Disparition de Josef Mengele » (Grasset)
– Mahir Guven, « Grand frère » (Philippe Rey)
– Yannick Haenel, « Tiens ferme ta couronne » (Gallimard)
– Christophe Honoré, « Ton père » (Mercure de France)
– David Lopez, « Fief » (Seuil)
– Julie Mazzieri, « La Bosco » (José Corti)
– Chantal Thomas, « Souvenirs de la marée basse » (Seuil)
Sélection Médicis étranger :
– Brit Bennett, « Le cœur battant de nos mères » (Autrement) traduit de l’anglais (USA) par Jean Esch
– Renato Cisneros, « La distance qui nous sépare » (Bourgois) traduit de l’espagnol (Pérou) par Serge Mestre
– Paolo Cognetti, « Les huit montagnes » (Stock) traduit de l’italien par Anita Rochedy
– Han Kang, « Leçons grec » (Le Serpent à plumes) traduit du coréen par Eun-Jin jeong et Jacques Batilliot
– Gouzel Iakhina, « Zouleikha ouvre les yeux » (Noir sur Blanc) traduit du russe par Maud Mabillard
– Esther Kinsky, « La rivière » (Gallimard) traduit de l’allemand par Olivier Le Lay
– Eka Kurniawan, « Les belles de Halimunda » (Sabine Wespieser) traduit de l’indonésien par Etienne Naveau
– James McBride, « Mets le feu et tire-toi » (Gallmeister) traduit de l’anglais (USA) par François Happe
– Zakhar Prilepine, « L’archipel des Solovki » (Actes Sud) traduit du russe par Joëlle Dublanchet
– Juan Gabriel Vasquez, « Le corps des ruines » (Seuil) traduit de l’espagnol (Colombie) par Isabelle Gugnon
– Colson Whitehead, « Underground Railroad » (Albin Michel) traduit de l’anglais (USA) par Serge Chauvin
– Michael Winter, « Au nord-est de tout » (Editions du Sous-sol) traduit de l’anglais (Canada) par Emmanuelle et Philippe Aronson
Sélection essais :
– Frédéric Boyer, « Là où le cœur attend » (P.O.L)
– Charles Dantzig, « Traité des gestes » (Grasset)
– Shulem Deen, « Celui qui va elle ne revient pas » (Globe) traduit de l’anglais (USA) par Karine Reignier-Guerre
– Carolin Emcke, « Contre la haine, Plaidoyer pour l’impur » (Seuil) traduit de l’allemand par Elisabeth Amerein-Fussler
– François-Xavier Fauvelle, « A la recherche du sauvage idéal » (Seuil)
– Catherine Millet, « Aimer Lawrence » (Flammarion)
– Jacques Rancière, « Les bords de la fiction » (Seuil)
– Philippe Sands, « Retour à Lemberg » (Albin Michel) traduit de l’anglais par Astrid von Busekist
– Maud Simmonnot, « La nuit pour adresse » (Gallimard)
– Nicholas Stargardt, « La guerre allemande portait d’un peuple en guerre 1939-1945 » (Librairie Vuibert) traduit de l’anglais par Aude de Saint-Loup et Pierre-Emmanuel Dauzat
– Pierre Vesperini, « Lucrèce » (Fayard)
L’an dernier, le prix Médicis avait récompensé Ivan Jablonka pour « Laëtitia ou la fin des hommes » (Seuil), Jacques Henric (« Boxe », Seuil) dans la catégorie essais et Steve Sem-Sandberg (« Les élus », Robert Laffont) dans la catégorie romans étrangers.

Source : Ouest France du 31/10/17

Rentrée littéraire. Nos richesses, Kaouther Adimi

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Nos richesses, Kaouther Adimi

Editions du Seuil, août 2017

Rentrée littéraire

 

Le roman d’une librairie mythique, à Alger, des années 1930 à nos jours.

  1. De retour d’un séjour parisien, Edmond Charlot a un projet qui lui tient à cœur : transposer le modèle de l’extraordinaire bibliothèque parisienne d’Adrienne Monnier à Alger. L’idée est de construire une librairie qui en aurait l’esprit, à savoir une librairie qui vendrait aussi bien du neuf que de l’ancien, où l’on ferait du prêt d’ouvrages et où on organiserait des rencontres auteurs-lecteurs. Un lieu pour les passionnés de littérature et de la Méditerranée. A la fois librairie, bibliothèque et maison d’édition. Son nom : Les vraies richesses. Son slogan, rédigé en français et en arabe sur la vitrine : Un homme qui lit en vaut deux. Et pour inaugurer son catalogue, Edmond Carlot de décider de publier le premier roman d’un jeune inconnu : Albert Camus.

2017. Ryad, étudiant parisien, vient passer quelques jours à Alger. Il a une mission : vider entièrement l’ancienne librairie d’Edmond Charlot, se débarrasser des milliers de livres et tout repeindre en blanc en vue de l’ouverture en ces murs d’un magasin de beignets. Une mission qu’il entend mener à bien sans état d’âme particulier, lui qui ne s’intéresse ni de près ni de loin à la littérature.

Kaouther Adimi nous propose un récit en deux temps, passé et présent, dont l’épicentre est l’incroyable aventure littéraire d’Edmond Charlot, homme passionné s’il en était. Si j’ai été très intéressée par l’histoire de cette librairie, sa génèse, son envol, sa disparition, je ne suis pas parvenue à me laisser emporter par le roman, gênée par le style journalistique du carnet d’Edmond Charlot, ces instantanés de vie très nombreux, que l’auteur effeuille tout au long du roman. Et qui m’ont un peu perdue en chemin… Un accueil mitigé, donc.

 

Rentrée littéraire : le bandeau rouge influe-t-il beaucoup sur les ventes? Le sondage GfK y répond.

Les Français sont fidèles au rendez-vous proposé par les auteurs et éditeurs. Et si l’attribution des Prix ne débute qu’en Novembre, GfK révèle que la saison littéraire connait une activité forte dès la fin Août.

 

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1- L’impact du label sur les ventes

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Tout d’abord, le label a un impact mesurable sur les ventes.  Ainsi, les Français achètent 3,4 millions d’exemplaires estampillés « rentrée littéraire » par an, soit près d’1 roman contemporain sur 5 (hors format poche).

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Une première raison à cela : le label « rentrée littéraire » représente un rituel, côté éditeurs mais aussi côté lecteurs. « La rentrée littéraire place les titres concernés sous les feux des projecteurs, entre articles, émissions culturelles et animations en points de vente. explique Sandrine Vigroux, Consultante Senior Panel Consommateurs Biens Culturels. Ce qui joue sur la préméditation des achats. Nos études ont ainsi révélé que dans plus d’1 cas sur 2, le consommateur sait exactement quel titre il va acheter avant même de se rendre en magasin. »

2- Le livre, cadeau idéal de fin  d’année

 

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Autre élément : les cadeaux de fin d’année. GfK constate que le mois de décembre représente 25% des ventes de romans estampillés Rentrée littéraire. Et le phénomène s’amplifie lors de « l’attribution d’un prix littéraire, véritable caution au moment d’effectuer les cadeaux de fin d’année, précise Anne Filiot, Consultante Senior Panel Livre. Que ce soit sur internet ou dans les magasins, le mois de décembre représente ainsi 34% des ventes d’exemplaires primés en 2016*, soit près de 3 fois plus que pour les romans contemporains. »

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3- Prix littéraire : succès librairie garanti !

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Si l’obtention d’un prix est un véritable accélérateur des ventes, son impact n’est pas le même et dépend également du public visé. Selon les données de ventes de 2012 à 2016 (hors format poche), GfK constate ainsi qu’un prix littéraire d’automne va générer entre 40 000 et plus de 440 000 ventes additionnelles.

A propos de GfK :  GfK fournit une information de référence sur les marchés et les comportements des consommateurs. Plus de 13 000 experts des études de marché combinent leur passion à 80 années d’expérience en analyse des données.

 

Grand prix du roman de l’Académie française 2017

Le Grand prix du roman de l’Académie française a été remis à Daniel Rondeau pour Mécaniques du chaos (Grasset).

 Il succède au palmarès à Adélaïde de Clermont-Tonnerre (Le Dernier des nôtres ). Il l’a emporté in extrémis au 3e tour avec 12 voix contre 11 suffrages pour  Yannick Haenel (Tiens ferme ta couronne). Les autres finalistes étaient le Haïtien Louis-Philippe Dalembert, déjà lauréat du prix Orange (Avant que les ombres s’effacent), et Julie Wolkenstein (Les Vacances).

Le prix est doté de 10.000 euros.

Le lauréat :

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Daniel Rondeau est écrivain. Il a publié plus d’une vingtaine d’ouvrages, parmi lesquels des romans (Dans la marche du temps), des portraits de villes méditerranéennes (Tanger, Istanbul, Carthage, Alexandrie), des récits autobiographiques (L’Enthousiasme, les Vignes de Berlin), des livres d’intervention (Chronique du Liban rebelle).

Le livre : 

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Et si la fiction était le meilleur moyen pour raconter un monde où l’argent sale et le terrorisme mènent la danse  ? Ils s’appellent Grimaud, Habiba, Bruno, Rifat, Rim, Jeannette, Levent, Emma, Sami, Moussa, Harry. Ce sont nos contemporains. Otages du chaos général, comme nous. Dans un pays à bout de souffle, le nôtre, pressé de liquider à la fois le sacré et l’amour, ils se comportent souvent comme s’ils avaient perdu le secret de la vie. Chacun erre dans son existence comme en étrange pays dans son pays lui-même.
Mécaniques du chaos est un roman polyphonique d’une extraordinaire maîtrise qui se lit comme un thriller. Il nous emporte des capitales de l’Orient compliqué aux friches urbaines d’une France déboussolée, des confins du désert libyen au cœur du pouvoir parisien, dans le mouvement d’une Histoire qui ne s’arrête jamais.

 

Prix Interallié 2017 : les finalistes

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Le jury du prix Interallié a annoncé, mercredi 26 octobre, sa deuxième sélection réduite à 8 titres. 

Le jury du prix Interallié a dévoilé, jeudi 26 octobre, sa deuxième sélection 2017 réduite de 17 à 8 titres, dont 7 romans et un essai – celui de Jean-René Van der Plaetsen, La nostalgie de l’honneur (Grasset), lauréat du prix Jean Giono. Grasset place 4 titres dans cette deuxième liste. La troisième sélection sera dévoilée le 8 novembre, la date de proclamation n’a pas encore été fixée.

La deuxième sélection :

  • Nos richesses de Kaouther Adimi (Seuil)
  • Un certain M. Piekielny de François-Henri Désérable (Gallimard)
  • Le déjeuner des barricades de Pauline Dreyfus (Grasset)
  • La gloire des maudits de Nicolas d’Estienne d’Orves (Albin Michel)
  • Villa Kerylos d’Adrien Goetz (Grasset)
  • La disparition de Josef Mengele d’Olivier Guez (Grasset)
  • La serpe de Philippe Jaenada (Julliard)
  • La nostalgie de l’honneur de Jean-René Van der Plaetsen (Grasset).

Le jury :

Président du jury : Philippe Tesson
Le jury se compose de Gilles-Martin Chauffier, Stéphane Denis, Jacques Duquesne, Serge Lentz, Eric Neuhoff, Christophe Ono-dit-Biot, Jean-Marie Rouart, Jean-Christophe Rufin et Florian Zeller.
Les finalistes seront connus le 8 novembre.

Prix Marguerite Yourcenar 2017 : Annie Ernaux

Annie Ernaux a été distinguée par le prix Marguerite-Yourcenar, décerné par la Société civile des auteurs multimédia (Scam). 

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Le Prix :

« On connaît très mal un écrivain par un seul de ses livres : les harmoniques de l’œuvre nous échappent. »
Marguerite Yourcenar, En pèlerin et en étranger. C’est pour mieux approcher un auteur, appréhender son univers, (re)découvrir son talent que, chaque année, en décembre, le Prix Marguerite Yourcenar est décerné.
Doté de 8.000 euros par la Scam, il couronne un auteur pour l’ensemble de son œuvre.

La lauréate :  

 

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Annie Ernaux, née en 1940 en Seine-Maritime, est professeure de lettre et écrivaine. Auteure d’une vingtaine d’ouvrages essentiellement autobiographiques publiés chez Gallimard, elle a notamment remporté le Renaudot 1984 pour La place, les prix Marguerite-Duras et François-Mauriac en 2008 pour Les années,  récompensé en 2016 par le prix Strega de littérature européenne. Annie Ernaux a également reçu le prix de la Langue française 2008 à Brive pour l’ensemble de son œuvre.

Le prix lui sera remis le 4 décembre dans la salle du théâtre du Vieux-Colombier (Paris 6e).

L’enfant-mouche, de Philippe Pollet-Villard : un bijou de sensibilité dans un écrin de talent

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L’enfant-mouche, Philippe Pollet-Villard

Editions Flammarion, août 2017

Rentrée littéraire

Inspiré de l’histoire de la mère de l’auteur, ce roman fait resurgir d’un passé tabou le destin inimaginable et ô combien bouleversant d’une enfant sauvage livrée à elle-même. Magistral !

Quand Anne-Angèle, infirmière au Maroc, apprend que sa sœur Mathilde a eu un accident, elle rentre précipitamment à Paris. Mais elle arrive trop tard. Mathilde a rendu son dernier souffle. Elle apprend alors que cette dernière était sur le point de recueillir une petite Marie à l’orphelinat, moins cependant par désir de l’entourer d’affection que pour en retirer des bénéfices financiers. Voyant en cette enfant la possibilité de gains substantiels, Anne-Angèle décide de prendre le relais de sa sœur et de l’adopter.

Mais en cette année 1944, la guerre fait rage. Anne-Angèle et l’enfant doivent se réfugier dans l’est de la France, dans la campagne de la Champagne. Une zone occupée dans laquelle il leur est difficile de se faire une place. En marge du village, la femme et l’enfant s’installent dans une baraque insalubre transformée en infirmerie, armées de leur seule bonne volonté. Mais la clientèle se fait rare, voire inexistante. On ne fait pas confiance à ces étrangères venues de la capitale. Pire, Anne-Angèle tombe gravement malade. Les rôles s’inversent alors : c’est l’enfant, du haut de ses douze ans, qui doit veiller sur l’adulte et assurer leur survie.

Dans ce roman rédigé d’une sensibilité à fleur de plume, Philippe Pollet-Villard nous entraine sur les pas de la douce Marie, une enfant qui a grandi sans la colonne vertébrale qu’est l’amour maternel, ballotée de familles d’accueil en foyers. Une enfant que les circonstances ont fait murir trop vite. Sans repères, guidée par la nécessité impérieuse de satisfaire ses besoins les plus essentiels, elle va puiser la nourriture, la tendresse, l’amour, là où ils se trouvent : que ce soit du côté français comme du côté allemand. Quitte à s’attirer l’opprobre de la population villageoise. Mais ces villageois sont-ils eux-mêmes irréprochables ? La guerre se divise-t-elle de façon aussi manichéenne que cela, avec d’un côté les bons et de l’autre les méchants ? Rien n’est moins sûr. Ce roman, d’une extraordinaire densité, se vit bien plus qu’il ne se lit. Il vous propulse au cœur de la guerre, aux côtés d’une enfant que vous avez alors envie de serrer dans vos bras, de consoler, d’aimer… Et que vous ne pourrez plus oublier.

Magistral.