Ils diront d’elle, Fanny Brucker : Etre ou par-être ?

 

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Ils diront d’elle, Fanny Brucker

Editions Jean-Claude Lattès. Février 2011

 

Estelle s’est toujours sentie inférieure, coupable, dépendante du regard des autres. Aussi quand elle a « décidé » de vivre avec Vanessa, femme écrivain de renom, elle a pris du recul avec sa famille. Eviter les remarques mesquines et blessantes, les jugements, les sourires entendus. Vivre libre et épanouie. Loin d’eux. 

Aujourd’hui, alors qu’elle se trouve à un carrefour de son existence, les doutes la criblent. Qu’en est-il vraiment de son apparente liberté dans ses choix amoureux, dans la vie en général ? Dans quelle mesure ces derniers ont-ils été conditionnés par les secrets de famille, les querelles parentales intestines ? Pourquoi avoir érigé un barrage entre elle et les hommes ? Son père volage qui faisait d’elle sa complice muette a t-il joué un rôle déterminant ? Sa mère soumise, l’ayant éduquée dans la peur des hommes, a t-elle inconsciemment favorisé son inclination pour les femmes ? Et si son père ne l’avait pas abandonnée sans explication, aurait-elle eu moins de craintes vis vis de la gent masculine? Des questionnements multiples qui convergent vers une seule et même cruciale question : est-elle finalement véritablement actrice de sa vie, maîtresse de ses décisions ? 

C’est pour essayer de trouver des éléments de réponse qu’elle va exceptionnellement accepter de se joindre à ses frères et sœurs lors de ce réveillon de Noël . Évoquer son ressenti, ses manques, ses peurs, les confronter aux leurs. Tenter de comprendre. De se comprendre. 

Celle qui s’est toujours vécue comme « le trait d’union entre ses parents » va tenter, lors de ce repas de famille, de faire le trait d’union pour elle cette fois, entre ce passé refoulé et cet avenir à construire.

Fanny Brucker signe ici un roman touchant et lucide sur le déterminisme de l’enfance dans les choix de vie adulte… 

Citation p 241 : « L’identité d’une personne commence par les choix qu’elle est capable de faire »

 

Informations pratiques :

Prix éditeur :17€

Nombre de pages : 267

ISBN : 978-2-7096-3636-0

La Battle, Valérie Tong Cuong : ça déchire grave !

 

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La Battle, Valérie Tong Cuong

Les Éditions du Moteur

 

La Battle ? Ça déchire grave !

 

Plus que 15 jours de cours en ce mois de mai, avant trois mois de vacances royales. Autant dire le bonheur. Pourtant, la vie de cette bande d’adolescents passionnés de hip-hop, fondateurs du groupe DTG « Dans ta gueule« , va brusquement basculer. L’épreuve musicale du concours interlycées de cette fin d’année réserver une épreuve bien plus grande encore. Car Ange, alias La Boule du fait « d’un certain embonpoint », découvre être atteint d’une maladie orpheline. « Une putain de maladie qui ne se soigne qu’aux States ».

Alors que faire, renoncer au concours musical, s’avouer condamné face à cette « saloperie génétique« , s’asseoir dans un fauteuil de lamentations ? C’est mal connaître la solidarité qui lie Ange à ses copains. De César le caïd et tombeur de filles à Safia la beurette studieuse, en passant par Lucie la gracieuse brunette, tous répondent « présent ! » Et leur groupe de décider de relever les deux défis simultanément, prêt plus que jamais à tout déchirer. Pour Ange. Pour leur pote.

Leur détermination et la puissance de leurs liens suffiront-elles ? Jusqu’à la dernière note, au rythme effréné des incessants rebondissements, le suspens demeure…

Avec « La Battle », Valérie Tong Cuong nous offre une partition d’émotions absolument détonante  et étonnante composée de rires, de larmes, de compassion, de jubilation, d’humour. D’exaspération aussi, face à cette médecine à deux vitesses… Le tout joué dans un style décapant avec son langage de « djeuns » de banlieue qui nous propulse au cœur de ce lycée, ado à notre tour. Saisissant de vérité.  

Et l’ineffable talent de l’auteure de résider dans cette rare aptitude à nous surprendre à chaque nouvel ouvrage, à nous emmener là où on ne l’attendait pas…tout en nous faisant la retrouver. Car si chacun des livres de Valérie Tong Cuong a sa personnalité, son thème et son style propres, tous portent sa signature, à savoir celle d’une indicible sensibilité associée à la conviction implacable que chacun peut (re)devenir acteur de son destin.

Alors un seul mot d’ordre : Lancez-vous tous dans La Battle !!!

 

Informations pratiques :  

Prix éditeur : 9.50 €

Nombre de pages : 42

ISBN : 978-2-918602-12-5

 

 

Bibliographie :  

L’ardoise magique, Editions Stock 2010

Providence, Editions Stock 2008

Noir dehors, Editions Grasset 2006

Ferdinand et les iconoclastes, Editions Grasset 2003

Où je suis, Editions Grasset 2001

Gabriel, Editions Nil 1999

Big, Nil Editions 1997

 

Valérie Tong Cuong a aussi d’autres couleurs à la palette du talent : elle écrit et chante dans le groupe Quark (quatre albums parus).

 

Site de l’auteur : http://www.valerietongcuong.com

 

Présentation des Editions du Moteur :

« Parce que nous avons tous rêvé de voir portées à l’écran les lectures qui nous ont marquées, nous avons demandé à des auteurs de talent des histoires courtes qui pourraient devenir des films. Des histoires inédites d’une cinquantaine de pages environ, maximum dix euros et classées par genre: comédie, comédie romantique, engagé, psychologique, polar, historique.
Ainsi, les Editions du Moteur inaugurent une manière plus divertissante d’aborder la littérature tout en proposant des écrivains reconnus par le public et la critique. »
http://www.leseditionsdumoteur.fr/pages/accueil.php

 

                        On attend donc avec impatience de voir La Battle porté à l’écran !

Sommeil, de Haruki Murakami

 

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Sommeil, Haruki Murakami

Editions Belfond, novembre 2010 

Traduit du japonais par Corinne Atlan

Illustrations de Kat Menschik

 

L’insomnie réparatrice 

 

L’héroïne du récit, une trentenaire mariée et mère de famille, perd soudain le sommeil. Totalement. Brusquement. Tandis que ce dernier est censé avoir une fonction régulatrice essentielle tant physique que nerveuse, son absence n’a aucun effet sur la jeune femme. Ou plus exactement, aucune conséquence dommageable. Au contraire. Une nouvelle vie, parallèle, secrète, s’ouvre à elle.

Dans la journée, tout est cadencé au rythme des tâches ménagères, des attentions portées à son mari et à son fils. Une routine à laquelle elle s’accommodait jusqu’alors avec l’illusion d’être comblée. Or ce voyage nocturne dans lequel elle nous emmène, ces dix-sept nuits sans la moindre minute de sommeil, lui ouvrent les yeux. Son existence n’a été jusqu’ici qu’un simulacre de vie. Une routine. Fade. Inconsistante.

Une vie de robot.

Dès lors, non seulement l’insomnie ne l’affaiblit pas, mais la galvanise, la transcende. Elle ne vit bientôt plus que pour ces heures en marge des autres, au plus près d’elle. « De dix heures du soir à six heures du matin, mon temps n’appartenait plus qu’à moi». Car la nuit venue, dans le silence de la maisonnée, la femme se réapproprie sa vie après l’avoir tant subie. Elle renoue avec sa passion pour la littérature, dévore Anna Karénine, sirote du cognac, grignote du chocolat. L’insomnie devient le cadre de toutes les voluptés. La nuit, sa meilleure amie, sa complice. Son rendez-vous avec elle-même.

Elle revit.

 

Dans cette nouvelle initialement parue dans le recueil « L’éléphant s’évapore », l’auteur développe tout son génie, celui de faire d’un quotidien banal un peu mélancolique un univers fantastique, voire une deuxième réalité. Ce n’est plus le sommeil, mais l’insomnie qui devient une fonction vitale.

 

Informations pratiques :

Prix éditeur : 17€

Nombre de pages : 78

ISBN : 978-2-7144-4820-0

La solitude de l’ange, Tonvoisin de La Garlée

 

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La solitude de l’ange, Tonvoisin de La Garlée

Editions Laura Mare, Janvier 2011

Ecrire ou mourir

 

« Je voudrais que vous m’aimiez comme je vous aime, dans l’éternel déséquilibre de l’instant, pour le plaisir de vous retenir dans l’éphémère frisson de la chute, vous rattraper ni jamais trop tôt ni toujours trop tard, vous retenir chaque fois au plus juste des instants, que vous viviez l’émotion intense sans la peur ».Un espoir muet qui lui vrille le coeur, lui lacère l’âme, transforme ses jours en nuits sans fin par faim d’Elle.

Elle, Jelena, la femme de ses pensées, son obsession, son amour. Le plus fort, le plus grand. Le plus dévastateur aussi.

Elle, Jelena, son miracle, son enfer et son paradis. Sa prison. Sa plus lourde peine. Sa condamnation à vie. Ou à mort…

Car quel crime a commis cet homme, écrivain de métier ?

Celui d’aimer.

De l’aimer, Elle.

En l’espace de quelques secondes, il l’a reconnue comme étant de son monde, un monde pur, d’enfant rêveur, un ailleurs où si peu d’êtres se rejoignent. Un univers loin de la médiocrité des hommes. Parce que c’était lui. Parce que c’était Elle. Plus qu’une évidence. L’Evidence.

Et Jelena d’être fortement désorientée, incrédule face à cet inconnu qui a su lire dans son regard, percevoir l’âme de son âme, voir au delà d’elle-même. La mettre à nu. Des émotions contraires se livrent alors à une joute verbale dans l’oratoire de son cerveau : soulagement et stupeur, réconfort et effroi, horreur et douceur. Que doit-elle faire ? Le fuir ? Se fuir ? Se taire ?

Lui n’a aucune hésitation à ce sujet. Il continuera à lui écrire. Toujours. Et pour que ses mots ne l’agressent pas, pour que la violence de ses sentiments ne la tue pas comme elle l’achève lui, il s’adressera à elle dans un livre.

Si « l’écriture est un crime, le silence est un meurtre ». Alors, il purgera sa peine en lui dédiant un roman, un chef d’œuvre encré au sang de ses veines, rythmé aux battements de son cœur, arraché à ses tripes, hurlé dans son silence. Armé de sa plume, les mots se font roulette russe. Ou il atteint son coeur, ou sa balle ricoche, et l’arme mêlée aux larmes se retourne contre lui. 

Mais ce crime à un témoin principal :Lisa, la femme de l’écrivain. Ce livre qu’il écrit, cette ode à l’amour à Jelena est-il fiction ou réalité ? A l’image des lecteurs, « ces cannibales de vérité » qui se pressent comme des vautours pour tenter d’arracher en toute impudeur à l’auteur quelque révélation sur le caractère autobiographique ou non de son œuvre, Lisa s’interroge. Le doute ronge les fondations de son amour telle une armée de termites. Les dommages collatéraux sont grands. Pourra t-elle continuer à aimer celui dont l’âme est habitée dans ses moindres recoins par cette Autre? 

Entre la présente et l’absente, ces deux femmes auxquelles il tient, son coeur et son âme font le grand écart. Ivre de douleur, titubant de peine, seule SON absence lui est une fidèle présence. Une absence d’une douleur térébrante, qui nuit et jour le tenaille, le rudoie, fait de lui « Un écrivain mort de son vivant .» Lui l’homme enfant, qui ne demande rien, ne quémande rien, espère juste qu’Elle saura voir un jour peut-être, dût-ce être lointain, « ce diamant de certitude, que je dépose sur votre coeur, des milliers de carats qui brillent pour vous de ma triste vie sans vous. Il vaut ce qu’il vaut, il est ce qu’il est. Je l’ai taillé avec les mots les plus nobles, les plus justes, les plus respectueux de vous et les plus vrais. »

 

Lui, l’homme enfant, qui l’aime jusqu’à la folie, funambule en fragile équilibre sur la pointe de sa plume, en quête d’une ombrelle, son ombre à elle… Saura t-il seulement être « le garde fou du fou qu’il devient » ?…

 

Puissant.Déchirant. Magistral…

 

Informations pratiques :

Prix éditeur : 20 €

Nombre de pages : 465

ISBN : 978-2-918047-64-3