Les 6 livres incontournables de mars 2020

Chaque semaine, je vous ai présenté cinq livres dans des registres très divers, pour adultes comme pour enfants. Voici en quelques lignes ceux qui ont été mes coups de coeur de ce mois de mars 2020. Et pour retrouver la chronique que j’ai consacrée à chaque livre, il vous suffit de cliquer sur son titre. C’est simple comme un clic! 😊

  • Mamma Maria, de Serena Giuliano, éditions du Cherche Midi : Un roman gorgé de soleil, lumineux, bienveillant, qui vous fera voyager en Italie. Des personnages viscéralement humains que vous n oublierez pas de sitôt. Après Ciao Bella, premier roman au succès retentissant, Serena Giuliano nous revient avec un deuxième roman, Mamma Maria. Mieux, avec un aller simple pour l’Italie. Car quand vous aurez découvert la chaleur des habitants du village, quand vous aurez goûté à l’Amalfitano de Maria, quand vous aurez joué à la scopa avec Franco, quand vous vous serez reposés à l’ombre des citronniers, vous n’aurez plus envie de revenir. Tout comme vous n’aurez plus envie de fermer le livre et de quitter les personnages.
  • L’école des mamans heureuses, de Sophie Horvath, éditions Flammarion : Imaginez des femmes qui se sont éclipsées derrière leur rôle de mère et en souffrent. Imaginez un lieu où elles peuvent en parler sans être jugées. Imaginez enfin une auteure capable de vous faire passer du rire aux larmes en découvrant ces femmes. Vous tenez le génial roman de Sophie Horvath entre les mains!
  • A la vie, L’homme étoilé, éditions Calmann-Lévy : Un roman graphique viscéralement humain, tendre, drôle et émouvant à la fois, dans lequel un infirmier en soins palliatifs nous fait partager son quotidien. Un infirmier qui ajoute de la vie aux derniers jours à défaut d’ajouter des jours à la vie. MAGNIFIQUE
  • Les étincelles, de Julien Sandrel, éditions Calmann-Lévy : Après La chambre des merveilles et La vie qui m’attendait, Julien Sandrel nous revient avec un troisième roman à l’intrigue magistralement menée, avec cette sensibilité et cette humanité qui caractérisent son écriture. Un roman impossible à lâcher. Et un bel hommage aux lanceurs d’alerte.
  • Un développement très personnel, Sabrina Philippe, éditions Flammarion : Développement personnel, coaching, ont le vent en poupe. Le marché du bonheur et du bien-être est très lucratif. Mais existe-t-il réellement une recette du bonheur ? Le bien-être est-il à rechercher auprès de ces « gourous » ou au fond de nous ? Un roman inspirant.
  • Une vie et des poussières de Valérie Clo, éditions Buchet-Chastel : Un roman qui fait du bien, tant il célèbre la douceur, la tendresse et la solidarité. Une pépite d’humanité. En cette période de confinement, où plus que jamais nous mesurons à quel point nous devons beaucoup à nos soignants, où nos proches âgés sont terriblement exposés aux dangers du coronavirus, ce roman rend un vibrant hommage au personnel des EHPAD et à leurs patients. A lire de toute urgence !

Une vie et des poussières, Valérie Clo

Une vie et des poussieres de Valérie Clo

©Karine Fléjo photographie

Un roman qui fait du bien, tant il célèbre la douceur, la tendresse et la solidarité. Une pépite d’humanité. A lire de toute urgence !

Confidences d’une merveilleuse grand-mère

Mathilde a été placée en EHPAD sur l’insistance de sa fille Rose. Si cette dernière est convaincue que sa mère ne peut plus vivre seule, qu’elle oublie tout, Mathilde revendique avoir toute sa tête. Dans son journal caché sous le matelas, elle consigne son quotidien dans ce lieu si particulier, avec des patients âgés souvent perturbés, attachants toujours, drôles parfois, ainsi que ses rapports avec le personnel.

Du haut de son grand âge, elle revient sur les joies et les peines qui ont jalonné sa vie, sur les enseignements qu’elle a tirés de son expérience. Elle évoque le rôle si important du personnel des EHPAD que sa fille a pourtant tendance à dénigrer et à rudoyer, notamment cette jeune femme si touchante, rebaptisée Maryline. L’aide-soignante prend en effet son temps avec chaque patient, l’entoure de douceur et d’attentions. Elle l’aide tout en lui laissant croire qu’il y parvient par lui-même. Une femme attachante qui rêve d’être mère et de devenir actrice. Et si Mathilde lui rendait un peu de ces trésors d’humanité qu’elle reçoit de sa part et la mettait sur la voie de ses rêves ? Car au crépuscule de leur vie, les personnes âgées des EHPAD demeurent des êtres lumineux.

Un roman viscéralement humain

En cette période de confinement, où plus que jamais nous mesurons à quel point nous devons beaucoup à nos soignants, où nos proches âgés sont terriblement exposés aux dangers du coronavirus, ce roman rend un vibrant hommage au personnel des EHPAD et à leurs patients. Valérie Clo, art-thérapeute, intervient auprès des publics en grande difficulté, notamment auprès des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer en EHPAD. C’est donc un milieu qu’elle connaît bien. Et dans ce roman d’une tendresse et d’une émotion à fleur de mots, elle met en lumière ceux qui œuvrent au quotidien pour rendre la fin de vie plus douce, plus humaine, plus belle. A travers Maryline, l’aide-soignante si chaleureuse de son roman, elle nous montre comment le personnel des EHPAD s’efforce de rajouter de la vie aux journées à défaut de pouvoir ajouter des journées à leur vie. Notre cœur se serre à l’évocation des souvenirs de Mathilde, à la dureté de sa fille, fond devant les émois de Jeannot, se comprime devant les absences de Chantal, s’emballe devant Marcel et ses chansons. C’est beau, émouvant, lumineux, chaleureux, écrit avec une fluidité remarquable.

On referme le livre empli d’une douce chaleur, avec l’envie de prendre doublement soin de ceux qui nous sont chers. Et avec la furieuse envie de remercier Valérie Clo pour ce bijou d’humanité.

Un développement très personnel, Sabrina Philippe

Un développement très personnel de Sabrina Philippe

©Karine Fléjo photographie

Développement personnel, coaching, ont le vent en poupe. Le marché du bonheur et du bien-être est très lucratif. Mais existe-t-il réellement une recette du bonheur ? Le bien-être est-il à rechercher auprès de ces « gourous » ou au fond de nous ? Un roman inspirant.

Le marché florissant du bonheur

Sophia incarne la réussite, tant professionnelle que privée. Un mari, un enfant, une magnifique maison, des revenus financiers faramineux, un milieu professionnel où elle est connue et reconnue de tous, des tenues luxueuses et une silhouette savamment entretenue. De l’extérieur, elle est la femme qui a tout. Tout pour être heureuse. Il y a quelques années de cela en effet, Sophia a changé de vie et s’est lancée dans le développement personnel, plus exactement comme coach de vie. Après quelques maigres compétences acquises lors de stages de fin de semaine, elle s’est estimée suffisamment armée pour dispenser la recette du bonheur autour d’elle, à ceux qui paient pour venir à ses conférences et à ses entretiens personnalisés ou à ceux qui achètent ses livres.

L’événement qui l’a véritablement lancé ? Son livre « Ce que l’Univers veut pour vous », livre vite devenu un best-seller. Depuis, prise dans le tourbillon du succès, elle enchaîne les conférences, les rencontres pour des dédicaces, les croisières avec coaching de développement personnel pour les passagers. Ces revenus conséquents lui permettent d’offrir à son fils tout ce quelle n’a pas eu enfant. Mais l’argent n’est pas l’amour…

Tel un bolide engagé sur une ligne droite, Sophia fonce, convaincue d’œuvrer pour le bien-être de ses proches, de ces inconnus en quête de sens. Des aspirations nobles, qui occultent ses intentions réelles, à savoir l’appât du gain et recevoir, à travers l’adulation de ses fans, l’amour qui a toujours manqué à sa vie.

Mais deux événements vont la faire sortir de route. C’est alors le crash frontal avec la réalité de sa vie. Et quand on a tout perdu, on n’a pas d’autre choix que de tout reconstruire. Sur des bases plus solides si possible. Ce qui suppose analyser et comprendre ses erreurs. Sophia saura-t-elle être pour elle-même ce soutien qu’elle croyait apporter aux autres ? La source du bonheur est-elle à rechercher dans les livres, chez les coachs, ou se trouve-t-elle au fond de chacun d’entre nous?

Un roman inspirant et fascinant

Je suis Sabrina Philippe depuis son premier livre et force m’est de reconnaître qu’à chaque fois la même magie opère : il lui suffit de quelques phrases, de quelques mots, pour être emporté dans son univers. Une écriture magnétique. Ici, Sabrina Philippe nous interroge sur cette quête du bonheur tous azimuts auprès de coach, de gourous et autres prédicateurs qui ont le vent en poupe ces dernières années. Ces personnes ont-elles la recette du bonheur ? Existe-t-il une recette universelle du bonheur ? Et si nous nous trompions, si la sérénité et l’accomplissement ne pouvaient s’obtenir que par un travail sur soi, par une plongée au cœur de l’intime et non à l’extérieur de soi ? Et si l’essentiel était d’être et non de « par-être », de s’accepter tel que l’on est, de s’aimer inconditionnellement avec ses failles et ses richesses ? Car c’est seulement quand on parvient à s’aimer, à embrasser toutes les facettes de notre personnalité, qu’on peut à notre tour donner de l’amour autour de nous. Transmettre.

Un roman passionnant, bouleversant, qui rapproche psychologie et spiritualité et invite à se poser les bonnes questions. Pour naître à soi, mettre l’ego à distance et se recentrer sur l’essentiel.

A lire!

Envole-moi, Sarah Barukh

Envole-moi par Sarah Barukh

©Karine Fléjo photographie

Une plongée émouvante au cœur de l’adolescence et de ses amitiés passionnelles. Ou quand une blessure mal refermée empêche de se reconstruire, plus forte, plus loin. Empêche de s’envoler.

Une amitié passionnelle

Anaïs et Marie fréquentaient le même lycée parisien dans les années 90, au cœur du 19ème arrondissement. L’une très investie dans ses études pour compenser par ses brillants résultats la mauvaise estime qu’elle a d’elle-même. L’autre, sûre de son charme, plus portée sur les excès en tous genres et les garçons. Deux adolescentes différentes mais qui s’attirent comme les pôles opposés d’un champ magnétique. Une amitié passionnelle, entière, qui oscille entre amour et rivalité, admiration et jalousie. Une amitié à la vie à la mort. A l’image de deux sœurs de cœur liées pour la vie, du moins se le promettent-elles alors.

Pourtant, malgré cette promesse, Anaïs et Marie coupent tout contact en 1993, suite à un drame.

Depuis, chacune suit son chemin, sans nouvelle de l’autre. Jusqu’à cet appel de Marie, dix ans après. Face à ce signe de Marie, ce n’est cependant pas la joie mais la terreur qui envahit Anaïs.

« Retrouver Marie signifiait retourner dans le quartier de notre enfance, faire face à notre histoire et à nos fantômes. »

A présent qu’elle a trouvé un semblant d’équilibre à Nice, auprès de Solal,  qu’ils envisagent tous deux de construire une famille, peut-elle prendre le risque de tout bousculer ? Et si son passé n’était pas dans son dos mais lui faisait face ?

Cicatriser pour avancer

C’est un roman très émouvant que Sarah Barukh nous offre avec Envole-moi. Un titre emprunté à une chanson de Jean-Jacques Goldman, un appel à son amie, comme dans le texte de la chanson, à remplir son esprit d’autres horizons, tandis que le présent et l’avenir revêtent inlassablement les couleurs du passé. Au fil des pages, on découvre l’origine de la dissolution de cette amitié dix ans plus tôt. Une dissolution dans les faits mais pas dans le cœur ni dans les esprits, puisqu’il suffit d’un appel de Marie pour qu’Anaïs abandonne tout séance tenante.

Sarah Barukh analyse avec beaucoup de sensibilité et de justesse, comment les drames non dépassés peuvent couper les ailes, empêcher la personne de se reconstruire ailleurs, plus forte. De s’envoler. Comme un oiseau aux ailes mazoutées qui a besoin qu’une main amie le lave à grande eau de ce qui lui colle aux plumes, à la peau, à l’esprit, pour pouvoir reprendre son élan et gagner le ciel.

 

Informations pratiques

Envole-moi, Sarah Barukh – Editions Albin-Michel, janvier 2020 – 293 pages – 19,90€

 

Livres pour enfants : Kididoc, Bonne nuit!

Kididoc zooparc de Beauval

©Karine Fléjo photographie

Une collection de livres documentaires animés à partir de 6 mois, sur la vie des animaux. En partenariat avec le Zooparc de Beauval.

Une collection de livres pour bébés sur les animaux

Vous connaissez certainement la collection Kididoc aux éditions Nathan? Il s’agit de livres documentaires destinés aux petits, lesquels sont à la fois ludiques (animations diverses : volets, roues, tirettes) et instructifs. Ils visent à répondre aux questions que se posent les enfants sur leur environnement, dans tous les domaines de la connaissance, avec des illustrations claires et un langage adapté. Cette collection Kididoc s’enrichit de nouveaux titres, réalisés en partenariat avec le Zooparc de Beauval. L’objectif? Mettre les animaux du Zooparc à l’honneur, en collant au plus près de la réalité. Mais aussi souligner l’importance de la préservation de ces espèces pour les années à venir.

Dans « Bonne nuit, bébé koala! et Bonne nuit bébé gorille!, l’enfant découvre la relation maman-enfant, chez le koala et le gorille. Comment ces animaux se déplacent, mangent, jouent. Le tout petit est invité à actionner les tirettes, à faire bouger les volets, pour découvrir ce qui se cache en dessous. Un livre d’éveil très ludique.

5 bonnes raisons d’acheter ces livres

Cette nouvelle collection Kididoc aux éditions Nathan, s’adresse aux bébés à partir de six mois. Voici quatre bonnes raisons d’offrir ces livres à vos chères petites têtes blondes :

  • Des histoires qui collent au plus près de la vie des animaux.
  • Des livres animés très ludiques, dotés de tirettes, de volets à bouger, pour développer la motricité fine de l’enfant et son sens de l’observation.
  • Un petit format adapté aux menottes des petits et surtout, des pages en cartonnage épais, résistant aux manipulations parfois rudes des enfants.
  • Des illustrations tendres et joyeusement colorées grâce au talent de Nathalie Choux.
  • Ces livres permettent de sensibiliser les enfants dès leur plus jeune âge à la sauvegarde de la faune.

Confinement : des idées pour occuper intelligemment vos enfants

confinement enfants

Avec l’épidémie de Coronavirus et la décision de confinement, les éditions Nathan ont centralisé leurs meilleures idées pour faire l’école à la maison, bricoler avec ce que l’on a sous la main, faire de la gym et se détendre en famille. C’est gratuit et proposé sur leur site : Grandir avec Nathan !

Confinement : jeux, bricolage, activités manuelles, école…

Les éditions Nathan se proposent de vous aider, parents et enfants, à mieux vivre le confinement. Il n’est pas possible d’acheter de nouveaux jeux, de nouveaux livres, par contre vous pouvez faire des dizaines d’activités et jeux avec ce que vous avez sous la main et ce que les éditions Nathan mettent gratuitement à votre disposition en ligne!

Il y en a pour toutes les tranches d’âge ( bébé; 1-3 ans; 3-6 ans; 6-8 ans; 8-10 ans) et tous les goûts.

Le site sera mis à jour régulièrement avec de nouveaux contenus, comme des coloriages à imprimer, des jeux, des exercices pour l’école, n’hésitez pas à y revenir et à le partager !

Jeux, coloriages, activités gratuites sur : grandiravecnathan.com

Vous trouverez :

–          Les meilleures idées pour faire l’école à la maison : des activités de lecture, de maths, de logique, de mémorisation, pour tous les niveaux jusqu’à dix ans!

–          Des activités manuelles à faire avec ce que vous avez sous la main : un circuit automobile réalisé avec un ruban magique, des avions en papier avec un élastique propulseur, des savons cupcakes, des plantes dans des coquilles d’oeufs, des recettes de cuisine…

–          Des jeux simples à partager en famille : jeux de rôles, de de lettres, jeux coopératifs…

–          Des occupations à faire en toute autonomie… pour laisser travailler les parents : des coloriages avec T’Choupi, des Sudoku..

–          Des petits exercices de gym et des positions de yoga adaptés aux enfants pour se détendre : la gymnastique avec l’ours brun. Mais aussi comment masser votre bébé.

–          Comment s’organiser et bien vivre ensemble en famille : notamment un modèle de calendrier à imprimer pour organiser les activités de la journée et donner des repères à votre enfant.

–          Et encore plus de surprises pour les enfants jusqu’à 10 ans.

Et bien évidemment, tout est gratuit et disponible pour tous.

Pour accéder à ces activités, cliquez sur ce lien : Grandir avec Nathan

Citation du jour

 L’art a cette capacité de faire parfois ressentir ce que nous savons confusément
au fond de nous sans jamais avoir pu l’exprimer. En un instant. Comme
un accès direct et fulgurant à la Source.
L’art joue avec nos sens pour nous emmener dans le monde de l’esprit
où s’épanouit notre âme.

L'art vous le rend bien Laurent Gounelle

Comme des frères, Claudine Desmarteau

Comme des frères, Claudine Desmarteaux

©Karine Fléjo photographie

Claudine Desmarteau signe ici un roman d’une tension narrative très forte sur cette période charnière et ô combien déterminante qu’est adolescence. Un âge où l’on se cherche, où on pousse ses limites, où l’on prend des risques. Parfois trop de risques.

Repousser ses limites

Raphaël a 22 ans, un âge où l’on a tout l’avenir devant soi. Pourtant, Raphaël a le sentiment que c’est son passé qui lui fait face. Six ans plutôt en effet, sa vie a basculé.

En primaire, ils étaient une joyeuse bande de copains : Ryan, Lucas, Kevin, Saïd, Thomas, Idriss. C’était alors entre eux l’innocence et l’insouciance de l’enfance, prélude à une adolescence plus tourmentée . En quatrième, un petit nouveau a en effet débarqué dans leur classe. Son prénom : Quentin. Son signe particulier : une longue mèche de cheveux dans la nuque. Son surnom tout trouvé : Queue de rat ou Queutin, au choix. Au choix pour la bande, car Quentin, lui, n’a pas eu d’autre choix que de subir leurs brimades et humiliations.

«  La cruauté du groupe. La sauvagerie de La bande. C’est parti de là. Et aussi d’une angoisse, qui ne me quitte pas. L’angoisse de la fatalité, où l’on bascule, bêtement, violemment, dans le drame, dans l’inconscience de la jeunesse. »

Quentin devient alors la tête de turc, parce qu’il en faut bien une. Pas pour ce qu’il est ou ce qu’il a fait. Juste parce que c’est la fatalité.

Dans cette petite ville, les adolescents trouvent leur temps long. Certes il y a les barbecues devant le cabanon,  il y a les exploits de Jackass à visionner sur YouTube et à tenter de reproduire,  les joints à fumer en cachette,  les canettes de bières à voler aux parents, les premiers flirts,  mais rien de bien palpitant.  Dans l’illusion de leur toute puissance, de leur invincibilité, ils se lancent alors des défis. Par jeu, ils repoussent leurs limites. Toujours plus loin. Parfois trop loin. Et c’est alors le drame. De ces drames qui vous poursuivent toute votre vie.

Un roman sur l’adolescence

Claudine Desmarteau, auteure jeunesse, signe ici son premier roman pour adultes. Et le consacre aux adultes en devenir, les adolescents, ces êtres en pleine transformation, prêts à tout parfois. Dans une tension narrative croissante, elle tient le lecteur en haleine, le conduit page après page vers une issue que l’on devine dramatique. Avec un langage cru, proche de celui des adolescents, une grande justesse dans le ton employé mais aussi dans les situations et comportements décrits, elle nous immerge dans l’univers plein d’effervescence d’une bande d’ados qui se cherchent. On ne peut alors plus reposer le livre, impatient de découvrir ce qui se trame.

Outre ces blessures d’adolescence que l’on porte en soi toute la vie, les sillons indélébiles qu’elles creusent en chacun d’entre nous, la romancière nous invite à réfléchir sur des problèmes de société très contemporains : le harcèlement scolaire, mais aussi la responsabilité des de ceux qui médiatisent leurs prises de risque inconsidérées. Si l’être humain est souvent inoffensif, seul, il se meut en loup quand il est en bande, prêt à mordre le plus faible, le plus seul, sans vraiment réfléchir aux conséquences. Et les dégâts psychologiques pour le harcelé peuvent être redoutables et durables. Autre sujet abordé, ces exhortations à relever des défis sur le net et les réseaux sociaux (on se souvient tous du défi du foulard récemment). Les ados ici adorent Jackass, ces jeunes américains toujours prêts à réaliser des cascades et des blagues dangereuses, exploits qu’ils filment et diffusent ensuite. Ce qui n est pas sans poser le problème de la responsabilité de telles personnalités médiatiques envers leur jeune public, influençable s’il en est.

Un roman qui se lit d’une traite, efficace, extraordinairement juste.