Noyade, Céline Spierer

Noyade Spierer Céline

Plongez tête la première dans Noyade, le deuxième roman de Céline Spierer, paru aux éditions Pocket. Un roman qui tisse une toile narrative captivante autour d’une famille américaine, les Haynes, frappée par un drame. Une immersion dans les méandres de leurs secrets et mensonges, qui déconstruit l’image idyllique d’une réussite sociale.

Un huis clos familial explosif

Le roman s’ouvre sur la noyade accidentelle de Daniel, le fils cadet des Haynes. Cet événement tragique agit comme un révélateur, brisant la façade de perfection et exposant les failles profondes qui rongent la famille.

« Ce n‘est pas leur argent qui l’impressionne, même si elle n’arrive jamais totalement à en faire abstraction, ce n’est pas non plus leurs carrières ou leurs succès. Non, ce qui l’intrigue, c’est la dynamique curieuse de cette famille, la façon dont ses membres, pareils à un système solaire mystérieux, gravitent les uns autour des autres, se frôlent, s’esquivent. »

Chaque membre se retrouve confronté à ses propres démons : Elizabeth, la matriarche tyrannique, voit son emprise sur ses enfants s’effriter ; le père défunt et l’oncle absent, ont eux aussi leurs secrets inavouables ; Winston, sait ses jours comptés ; Rose, la fille effrontée de la fratrie, a des comptes à régler ; Sean, le business man, se garde d’avouer que son succès professionnel repose sur un vol de brevet ; Jacquelyn, la fille aînée, se bat contre ses démons intérieurs.

Mensonges et manipulations : une toile de secrets

Au fil du récit, un jeu de dupes et de manipulations se met en place. Les mensonges, distillés au fil des années, remontent à la surface, créant un climat de suspicion et de tension. Céline Spierer excelle à disséquer les relations familiales complexes. Elle explore les non-dits, les frustrations et les ressentiments qui s’accumulent au sein d’une famille où le paraître est roi. Avec une écriture incisive, elle sonde les pensées et les émotions des différents personnages et distille une tension psychologique palpable.

Un roman poignant et percutant

Noyade, publié par les éditions Pocket, est un roman poignant, percutant et brillant, qui explore les zones grises de la vie humaine. Il questionne la notion de réussite sociale et met en lumière les dangers du mensonge et de la manipulation au sein de la famille. Un roman qui se lit d’une traite !

Informations pratiques

Noyade, Céline Spierer – éditions Pocket, février 2024 – 224 pages – 7,70€

Du fond des âges, René Manzor, au format poche!

Un thriller glaçant à plusieurs titres, admirablement bien orchestré. Laissez vous transporter par la plume hypnotique d’un des maîtres incontestés du thriller, René Manzor!

Le bien, hôte idéal du mal

Dans les rues de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, un petit garçon de 8 ans échappe de peu à son assaillant armé. Blessé, l’enfant est conduit à l’hôpital, frappé d’amnésie partielle et ne semblant pas souffrir de ses blessures pourtant profondes. C’est alors qu’on réalise qu’il s’agit du petit Natéo, porté disparu depuis 3 ans et fils d’un explorateur célèbre, Marcus Taylor. Si Marcus n’a jamais cessé d’espérer retrouver son fils un jour, sa femme Raïana en a fait le deuil. Des divergences dans la gestion de cette incommensurable tristesse et de cette térébrante douleur, qui ont mis à mal le couple.  

Marcus a consenti à accepter l’année précédente une ultime mission en Antarctique. Après avoir en vain activé ses réseaux, fait jouer sa célébrité dans les médias pour qu’on l’aide à retrouver Natéo, il a cessé de l’attendre à la maison. Sans pour autant cesser d’espérer le revoir un jour. Une expédition qui a failli lui couter la vie ainsi que celle de ses équipiers tant elle a viré au cauchemar… Glaçante.

Mais Marcus a survécu à l’enferau Mal venu du fond des âges. Et son fils a survécu à ses assaillants. La page des cauchemars semble donc pouvoir être tournée. Mais il ne faut jamais se fier aux apparences. Le Mal peut trouver dans le Bien un hôte idéal et en adopter les atours ô combien trompeurs…  

Un thriller glaçant, frissons garantis !

René Manzor nous revient avec un thriller haletant, admirablement bien construit, aux éditions Pocket : Du fond des âges. Le lecteur se trouve transporté en plein milieu de l’Antarctique, au cœur d’une expédition menée par un glaciologue de renom. Mais après un atterrissage en catastrophe, une autre frayeur les attend : la précédente équipe de chercheurs a disparu et la station est saccagée. Et ce n’est que le début d’une mission cauchemardesque aux rouages implacables, qui tient le lecteur en apnée de chapitre en chapitre. En survivant à cette expédition, Marcus n’a pourtant pas surmonté le plus difficile… Un lien subtil existe en effet entre cette mission effrayante et le retour de son fils, lien qu’il ne s’agit pas de spolier ici pour ne pas entamer le plaisir du lecteur à le découvrir.

L’architecture du roman est incroyablement subtile, originale, brillante. L’imagination de René Manzor fascine. Ses personnages aussi.

Un page-turner brillant, sans temps mort, qui donne des frissons de la première à la dernière page – et le froid polaire n’est pas en cause ! Fascinant. Envoutant. Hypnotique.

Informations pratiques

Du fond des âges, René Manzor – éditions Pocket, janvier 2024 – 416 pages – 8,60€

Le syndrome du spaghetti, Marie Vareille

le syndrome du spaghetti Vareille Marie

Qu’avez-vous fait de vos rêves ? Marie Vareille nous propose de suivre une adolescente promise à une belle carrière de basketteuse, dans la vie de laquelle la maladie joue le fauteur de troubles. Mais le propre de l’existence n’est-il pas d’être imprévisible ? Comme un ballon de basket, l’important est de savoir rebondir. Un roman bouleversant et lumineux.

Poursuivre un rêve

Léa est née avec un ballon de basket dans les mains ou presque. Fille d’un coach de basket, qui a très tôt décelé un véritable don en elle, Léa, 16 ans, vit et pense basket. Des heures d’entrainement quotidien, une hygiène de vie stricte, avec un seul et unique objectif : intégrer l’INSEP puis la WMBA.

Mais la vie n’est pas un long fleuve tranquille. Brutalement, la vie de Léa et de ses proches bascule. Va-t-elle devoir enterrer ses rêves ?

Anthony, issu d’un milieu défavorisé, a quant à lui cessé depuis longtemps de rêver. Entre son frère dealer qui multiplie les gardes à vue, sa mère et ses problèmes de travail, l’argent qu’il faut trouver pour payer le loyer, il reste peu de place pour rêver.

Mais là encore, la vie se charge de réserver des surprises à Léa et à Anthony. S’agira-t-il de belles surprises cette fois ?

Faire le deuil d’un proche et de ses rêves. Et rebondir.

Avec Le syndrome du spaghetti, publié par les éditions Pocket, Marie Vareille se révèle une fois encore être une extraordinaire passeuse d’émotions. Difficile de ne pas se sentir proche de Léa et de sa famille, d’Anthony et des autres protagonistes, tant la romancière sait créer une forte intimité entre eux et le lecteur, leur donner de la chair.

Dans ce roman viscéralement humain, Marie Vareille évoque un double deuil. Celui d’un proche, mort de maladie. Et celui de ses rêves, qu’il devient impossible de poursuivre. Choc, déni, colère, reconstruction, acceptation, la construction du roman suit les phases du deuil. Comment survivre à l’absence ? Comment renoncer aux rêves pour lesquels on se bat depuis des années ? Et le tour de force est là : ce roman, malgré la gravité de son sujet, est tout sauf triste. Il est émouvant, beau, lumineux, inspirant. Positif.

A l’image d’un match de basket, la vie nécessite de se battre, pas contre une autre équipe, mais contre l’adversité. Il faut s’entrainer à surmonter son chagrin, à accepter que tout ne se déroule pas comme prévu. Et rebondir comme un ballon. Et pour cela, il faut unir ses forces à celles des autres. Faire équipe.

Ce roman, c’est l’histoire de deux êtres que rien ne prédestinait à se rencontrer. Deux adolescents qui vont pouvoir compter l’un sur l’autre dans l’adversité, formant une équipe redoutable, prête à tout surmonter, pour marquer à nouveau des points, se hisser très haut et tutoyer de nouveaux rêves. C’est aussi l’histoire d’une solidarité à toute épreuve, d’amitiés et d’amour indéfectibles.

Un gros coup de cœur !  

Informations pratiques

Le syndrome du spaghetti, Marie Vareille – éditions Pocket, février 2024 – 320 pages – 8,30€

Comment j’ai tué mon père, Sara Jaramillo Klinkert

A 11 ans, l’auteure perd son père, avocat colombien, assassiné par un tueur à gages. Elle relate ici avec beaucoup de sensibilité et de délicatesse, les dommages collatéraux de cet assassinat au sein de la famille. Un hymne à l’amour d’une fille à son père et au courage inébranlable de sa mère.

Devenir orpheline

Sara Jaramillo Klinkert vit dans le quartier de Medellin en Colombie. Son père, avocat de renom, est connu pour ne jamais perdre ses procès. Ce qui n’est pas pour plaire à tout le monde. Sa vie est menacée et jusqu’ici, il a échappé aux poursuites à moto et aux hommes armés qui voulaient sa peau. Jusqu’à ce jour de mai 1991, où on annonce brutalement à Sara, alors âgée de 11 ans, qu’elle ne verra plus son papa. Il a été tué en pleine rue par des tueurs à gages. Cette nouvelle fait l’effet d’une bombe. « Je ne savais pas qu’on tuerait mon père. Aucun enfant ne peut imaginer une chose pareille ». Sara se retrouve alors seule avec sa mère et ses quatre frères, dont de jeunes triplés. Chacun va alors essayer de se relever, d’avancer, de composer plus ou moins bien avec le grand absent.

Se construire

Comment j’ai tué mon père, de Sara Jaramillo Klinkert, paru aux éditions Pocketest un livre très émouvant, porté par une analyse d’une grande finesse. Face à un drame, au séisme du décès, des répliques sont à redouter parmi les proches. Chacun tente de maintenir debout son édifice, mais tous ne possèdent pas de fondations aussi solides. La famille unie, aimante et relativement insouciante, a brusquement basculé dans l’horreur. Fracassée sur l’autel de l’assassinat.  En capitaine de navire, la mère s’emploie à donner l’exemple, même si parfois elle se sent vaciller. Et son courage force l’admiration de chacun. Mais il n’est pas simple de supporter le silence de l’absence, d’être projeté du jour au lendemain d’une vie de fillette choyée à une vie d’adulte esseulée. D’être assaillie de questions que l’on ne peut pas poser à sa maman tant elle est déjà submergée par le chagrin et les soucis.

Alors qu’elle revient sur les souvenirs heureux de son enfance, sur les écueils qu’il a fallu surmonter par suite du décès, sur les drames qui ont continué à frapper ses frères, l’auteure se reconstruit au fil des mots, suture ses plaies au fil de sa plume, rendant un hommage vibrant à cette maman si courageuse, poussant un cri d’amour à son père. Plus qu’un livre sur le deuil, c’est un chemin de résilience, de retour à la lumière qui est retracé ici.

Informations pratiques

Comment j’ai tué mon père, Sara Jaramillo Klinkert – éditions Pocket, collection Révélation – février 2023 – 7,30€

La promesse, Marie de Lattre

Découvrez les multiples secrets qui ont jalonné la vie de l’auteure, la fameuse promesse que ses grands-parents se sont faite à Drancy. Et cette nécessité impérieuse de dire, d’écrire, pour que la vérité surgisse au grand jour.

Secrets de famille

L’année de ses 13 ans, alors qu’elle déjeune en tête à tête avec son père, ce dernier lui a fait des révélations incroyables. Ses grands-parents paternels actuels sont en réalité un couple qui a adopté son père, et non ses grands-parents de sang. Ces derniers ont en effet été déportés et assassinés à Auschwitz, parce qu’ils étaient juifs.

Des révélations ponctuées par une injonction à n’en parler à personne. Une confession frappée du sceau de l’interdit, à laquelle, sur le moment, Marie de Lattre n’a pas réagi, comme anesthésiée, en état de sidération.

Or ce n’est pas le seul secret de cette famille. La judéité et la déportation ne sont que l’arbre qui cache la forêt. A l’âge adulte, Marie de Lattre sent que pour avancer elle n’a plus le choix. Pour elle, pour ses filles, elle doit découvrir la vérité, déterrer les secrets, même si cela l’oblige à rompre la promesse faite à son père.

Un récit bouleversant

Dans La promesse, publié par les éditions Pocket dans la collection Révélation, Marie de Lattre construit son récit à la façon d’un puzzle, celui de son histoire inscrite dans la grande, celle de son père et de ses quatre grands-parents paternels. Un puzzle qu’elle tente de reconstituer, pièce par pièce, au gré de ses découvertes, mue par l’impérieuse nécessité de ne plus étouffer sous le poids des secrets. Des secrets qui la rongent, la lestent, la hantent même la nuit, sans qu’elle ne parvienne vraiment à en identifier les contours, la teneur. Alors, pour elle, mais aussi pour ses filles, elle s’est lancée dans une éprouvante mais nécessaire entreprise : comprendre pourquoi elle a quatre grands-parents paternels, leur histoire, la relation qu’ils entretenaient officiellement et officieusement les uns avec les autres, le pourquoi de leur silence sur leur passé.

Si la construction, un peu confuse, avec un fil narratif parfois difficile à percevoir, peut dérouter le lecteur, celui-ci ne peut qu’être bouleversé par les découvertes de Marie de Lattre sur ses origines, les souffrances endurées par sa famille, les secrets qui les ont garrottés.

Un récit nécessaire pour permettre au passé d’être dépassé.

Informations pratiques

La promesse, Marie de Lattre – éditions Pocket, février 2024 – 220 pages- 7,70€

Le roi nu-pieds, François d’Epenoux

Le roi nu pieds François d'épenoux

 Laissez-vous transporter par cette relation père-fils tumultueuse et relevez avec eux le défi de la transition écologique. Un roman viscéralement humain, émouvant, qui invite à se recentrer sur l’essentiel et à privilégier le dialogue.

Une relation père-fils conflictuelle

À Lacanau, durant ses vacances passées chez sa mère en compagnie de sa nouvelle épouse et de leur petit dernier, Éric est pris au dépourvu par l’arrivée de son fils aîné, Niels, issu d’un précédent mariage. Niels fait son entrée pieds nus, vêtu de guenilles, ses cheveux en désordre et ses vêtements sales. Ancré dans ses convictions écologiques, le fils aîné squatte sur la Zone à Défendre (ZAD) de Notre-Dame des Landes, déterminé à agir individuellement pour prévenir la déchéance de notre planète. C’est un jeune homme qui, par cohérence avec ses idées, choisit de vivre sans électricité ni eau courante.

Pour Éric, père de famille évoluant dans un milieu aisé avec une vie bien structurée, la compréhension des choix marginaux de son fils est une tâche ardue. Leurs chemins ne s’étaient pas croisés depuis près de deux ans, marqués par une adolescence tumultueuse parsemée de fugues, de désintérêt scolaire et d’addiction aux pétards. Le fils aîné avait résolument tracé sa propre voie, indifférent aux directives paternelles.

Au cours de leurs retrouvailles, les deux protagonistes s’efforcent d’éviter les sujets conflictuels. Cependant, le comportement désinvolte de Niels finit par pousser Éric hors de ses gonds. Et de lui intimer de dégager sans plus attendre. Niels quitte alors les lieux.

Deux années passent, et la roue du destin tourne. Éric perd son emploi, ressent un vide existentiel, une sensation d’inutilité et de lassitude. Cette sinistrose gangrène son couple et le conduit à prendre une pause, loin de sa femme et de son petit-dernier. Sa destination : la ZAD de Notre-Dame des Landes.

S’ouvre alors la question cruciale : est-il encore possible pour le père et le fils de renouer le dialogue ? La confrontation avec la réalité de la vie de Niels sera-t-elle suffisante pour ébranler les préjugés d’Éric au sujet des choix de vie de son fils ou, au contraire, sera-t-il conforté dans ses opinions négatives à son égard ?

Renouer le dialogue et se recentrer sur l’essentiel

François d’Epenoux nous offre, à travers Le roi nu-pieds publié par les éditions Pocket, un roman d’une profonde émotion, empreint de luminosité et d’humanité. L’histoire explore la relation complexe entre un père, jouissant d’une position sociale confortable et d’une vie bien ordonnée, et son fils, un militant hippie engagé dans la cause zadiste.

Bien que l’amour n’ait jamais abandonné ni le cœur du père ni celui du fils, les mots justes et les gestes appropriés n’ont pas toujours été présents pour faciliter leur communication. Le comportement extrémiste du fils a compliqué davantage le dialogue, laissant place à des heurts et des malentendus, qui ont occulté l’expression de leur attachement mutuel. Cependant, là où persiste l’amour, l’espoir subsiste.

Avec une plume d’une sensibilité à fleur de mots, François d’Epenoux dépeint les doutes, la culpabilité et la tristesse d’un père incapable de dialoguer avec son enfant, malgré l’amour profond qu’il lui porte. Il aborde également la prise de conscience bénéfique de la jeune génération, cherchant à ralentir la course destructrice de notre planète, initiée par les générations antérieures consuméristes, polluantes et irrespectueuses de la nature et de l’environnement.

Ou quand un fils contribue à recentrer son père sur l’essentiel et à dissiper ses préjugés envers lui.

Un roman magnifique, profond, lumineux et incroyablement humain.

Informations pratiques

Le roi nu-pieds, François d’Epenoux – éditions Pocket, janvier 2024 – 238 pages – 7,70€

Le temps de l’apaisement avec La déraison, roman d’Agnès Martin-Lugand

la déraison Martin Lugand Pocket

Plongez dans l’univers envoûtant du piano, du murmure des vagues et de l’amour dans toutes ses acceptions. « La Déraison », une histoire d’amour passionné, qui réunit, élève, transcende, tout en portant l’ombre de l’anéantissement lorsqu’il s’éloigne.

Révéler un secret

Madeleine, une jeune quadragénaire, économise son énergie, sachant que ses jours sont comptés. Son objectif : préserver sa fille, Lisa, son ex-compagnon Vasco, et ses deux sœurs, des tourments de la maladie. Elle s’efforce de les décharger de la culpabilité de vivre, les encourageant à profiter pleinement de chaque instant de la vie. À 43 ans, Madeleine possède en effet une conscience aiguë de la fragilité de l’existence.

Cependant, un questionnement de Lisa perturbe les efforts de Madeleine : existe-t-il des secrets que sa mère garde et que sa fille pourrait découvrir après son départ ? Lisa implore sa mère de ne rien cacher.

Pour Madeleine, l’heure de la vérité a sonné. Mais est-il judicieux de tout dévoiler ? Le risque de perdre sa fille à cause de ses révélations est-il envisageable ? Le temps est compté, et Madeleine doit prendre une décision cruciale : garder le silence ou tout avouer.

Pendant ce temps, au bord de la mer, un homme sombre dans la dépression, la rage, complètement torturé, à vif. Cependant, son fils Nathan refuse d’abandonner le combat, déterminé à le soutenir et à le ramener à la lumière. Une mission audacieuse pour ses jeunes épaules, ou un sauvetage réaliste en perspective ?

Un roman lumineux sur la puissance du véritable amour

« Aimer à perdre la raison », une chanson qui aurait pu être le thème de ce roman d’Agnès Martin-Lugand, La déraison, publié par les éditions Pocket en cet automne. Avec ce dixième roman, la talentueuse auteure nous offre une histoire d’amour fou absolument bouleversante.

Dans la déraison, Agnès Martin-Lugand explore les thèmes de l’amour passion, de la fin de vie, de la mort, des secrets. Comment partir apaisé ? Comment ne pas faire peser sur notre entourage la culpabilité de vivre et surtout de nous survivre ? Avec beaucoup de délicatesse et de sensibilité, la romancière évite l’écueil du pathos et nous entraine sur les pas d’une jeune femme en quête de sérénité, de vérité et d’amour, comme compagnons de ses derniers jours.

La romancière nous parle ici d’amour fou, ce sentiment cataclysmique qui donne des ailes, permet de surmonter les obstacles, de se dépasser voire de se transcender, nous offrant la possibilité de grandir, de nous transformer. Et comme tout sentiment puissant, il a son corollaire : le risque de souffrance, de dépendance, de vulnérabilité.

Impossible de ne pas être bouleversé par cette histoire, de ne pas se sentir proche des protagonistes au point d’en oublier qu’il s’agit de personnages de roman. Impossible de lâcher le roman une fois la lecture commencée. Un hymne à l’amour déchirant.

Informations pratiques

La déraison, Agnès Martin-Lugand- éditions Pocket, octobre 2023 – 224 pages – 7,30€

Fille de dictateur, un destin fascinant et terrible

La fille de l'ogre Catherine Bardon Pocket

Découvrez ce livre fascinant sur la vie incroyablement romanesque de Flor de Oro, fille d’un dictateur tyrannique en République dominicaine. Soyez prévenus, la fille de l’ogre se dévore d’une traite !

Fille de dictateur

1915, République dominicaineFlor de Oro, Fleur d’or, est le prénom que choisit Rafael Trujillo Molina, un petit truand devenu militaire, pour sa fille. Ce dernier, colérique, autoritaire, redoutable et redouté, n’ambitionne pas moins que de prendre la direction du pays. Sur l’échiquier de sa soif de pouvoir, sa fille Flor, comme chaque personne de son entourage, n’est qu’un pion. Très vite, Flor va devoir composer avec l’absence d’un père dont l’ascension militaire et politique est fulgurante. Elle va devoir se contenter de ses rares marques d’affection, quand elle rêve d’un amour inconditionnel. Et vivre avec la peur térébrante de le décevoir. Une douleur qui demeurera une blessure lancinante tout au long de sa vie. Et de chercher à combler ce vide, à apaiser son chagrin en cherchant l’amour auprès d’hommes qui, pour la grande majorité, ne lui offriront là aussi que des miettes. Il y aura ainsi neuf mariages, dont l’amour de sa vie que restera le grand charmeur Rubirosa, des moments de bonheur comme des parenthèses rares, volés à une existence dirigée de main de fer par un père tyrannique. Flor de Oro se sera néanmoins battue pour sa liberté, pour trouver la clé de sa cage loin d’être toujours dorée.

Un roman passionnant de Catherine Bardon

Les lecteurs de la saga Les déracinés, savent combien la plume de Catherine Bardon est vivante et hypnotique. La fille de l’ogre, livre paru aux éditions Pocket, est tout aussi passionnant. Impossible de lâcher sa lecture, de ne pas se sentir touché par son héroïne, Flor de Oro Trujillo. Impossible de rester insensible à sa vie aussi mal menée que malmenée. Dans ce livre richement documenté d’un point de vue historique, on suit le parcours inouï d’une femme condamnée dès la naissance à subir la tyrannie d’un père. La toute-puissance sur les moindres faits et gestes de sa vie d’un dictateur en devenir. Comment vivre dans l’ombre d’un ogre sans être dévorée ? Comment se sentir aimable, au sens digne d’amour, quand on est la fille d’un monstre ?

Catherine Bardon retrace le parcours incroyablement romanesque de cette femme sur laquelle se sont acharnés son père, mais aussi le destin. Une femme assoiffée de liberté, affamée d’amour.

Un gros coup de cœur !

Informations pratiques

La fille de l’ogre, Catherine Bardon – éditions Pocket, octobre 2023 – 504 pages – 9€

Tatiana de Rosnay : Nous irons mieux demain, chez Pocket

Nous irons mieux demain

Quand la jeune femme prête assistance à une inconnue accidentée, elle n’imagine pas combien cette personne va bouleverser sa vie. Pour le meilleur ou pour le pire ? L’histoire d’une libération, d’un cheminement intérieur de l’obscurité à la lumière. Mais aussi, une ode à l’amour de Zola et, plus largement, une ode au merveilleux pouvoir des livres.

Venir en aide

Candice se presse pour aller récupérer son fils à l’école quand elle est témoin d’un accident : un chauffard renverse une femme d’une cinquantaine d’année sur la chaussée. Elle se porte alors aussitôt à son secours, ignorant que par ce geste, sa vie entière va basculer.

A la suite de cet accident, Candice se sent étrangement concernée par le sort de la femme. Presque obsédée par cela. Cette inconnue semblait si seule, si désorientée ! Bien que ses journées soient très remplies avec son métier d’ingénieur du son et son jeune fils Timothée, elle s’arrange pour aller lui rendre visite à l’hôpital. L’inconnue se prénomme Dominique et a malheureusement dû être amputée de la jambe. Elle semble n’avoir ni conjoint, ni enfant et demande un service à Candice : peut-elle aller lui chercher quelques affaires chez elle ?  Candice accepte et, une fois dans l’appartement de l’inconnue, ne peut s’empêcher, avec une certaine culpabilité, de fouiner dans ses affaires. Elle va alors découvrir des éléments mystérieux de sa vie. Tandis que Dominique, s’immisçant de plus en plus dans le quotidien de Candice, va elle aussi découvrir, ce que Candice cache à tous depuis des années. Car chacune a des secrets bien gardés. Et elles ne sont pas les seules…

Se défaire de l’emprise

Avec Nous irons mieux demain, paru aux éditions Pocket, Tatiana de Rosnay nous offre un roman très prenant, très touchant et mystérieux. Elle aborde avec finesse le sujet de l’emprise dans toutes ses acceptions. L’emprise d’une personne sur une autre, l’emprise d’une souffrance intérieure sur le quotidien d’une jeune femme : comment regagner sa liberté ? Comment se défaire de son addiction clandestine à la nourriture ? Comment ne plus avoir l’existence phagocytée par la présence d’une femme, dont on ne sait si elle est animée ou non de bonnes intentions ? Comment ne plus se laisser dévorer par son entourage, prompt à vous juger, à vous dicter votre conduite ? C’est l’histoire d’une émancipation, vis-à-vis de la famille, du jugement des autres, des addictions. L’histoire d’un cheminement vers la lumière.

Mais pas seulement.

Ce roman est aussi un formidable hommage à l’amour de Tatiana de Rosnay pour les oeuvres d’Emile Zola. Et plus largement, un formidable hommage au pouvoir des livres, à cette ouverture qu’ils nous offrent, à ce tremplin qu’ils sont vers l’existence. Vers la lumière.

Informations pratiques

Nous irons mieux demain, Tatiana de Rosnay, éditions Pocket, septembre 2023 – 350 pages – 21,90€

David Lelait-Helo livre un roman magistral avec ce portrait d’une mère d’un prêtre pédophile

Laissez-vous emporter par la fièvre de l’écriture de David Lelait-Helo et découvrez ce portrait bouleversant de cette femme et mère. Une mère qui découvre que ce fils qu’elle vénère est un prêtre pédophile. Un roman puissant, bouleversant, inoubliable.

Scandale de pédophilie dans l’église

Déjà mère de deux filles quand Pierre-Marie est née, Gabrielle de Miremont a aimé et choyé ce fils. Trop. Ce fils, c’est SON amour, son Dieu. Celui en lequel elle a placé tous ses espoirs, toute sa foi. Aussi, au crépuscule de sa vie, Gabrielle de Miremont conçoit une indicible fierté devant l’œuvre qu’elle a accomplie : son fils, sexagénaire, est devenu un prêtre très apprécié, un homme toujours aussi fusionnel avec sa mère, une mère présente dans toutes ses pensées, toutes ses prières.

Mais quand elle ouvre le journal ce matin-là, un article attire son attention : « Pédophile au cœur du Diocèse ». Gabrielle est furieuse après le journaliste, qu’elle accuse de vouloir salir SON église, celle aux valeurs de laquelle elle s’est cramponnée toute sa vie. Son tuteur. Mais quand elle contacte le journaliste, les révélations de ce dernier engendrent bien plus grave que de la colère. Le monstre non cité à ce stade des révélations par l’article, se révèle être son fils. Les preuves sont accablantes. Qu’a-t-elle mal fait ? Que n’a-t-elle pas vu ou voulu voir ? Un cœur de mère peut-il encore aimer son enfant, lui pardonner, après avoir eu connaissance de ses crimes ?

Accepter la vérité

Avec Je suis la maman d’un bourreau, publié par les éditions Héloïse d’Ormesson puis par les éditions Pocket, David Lelait-Helo peint le portrait saisissant d’une mère en équilibre précaire. Une mère à cet instant charnière où son monde s’effondre, trahie par celui et ce en qui et en quoi elle a cru. Comment, pour un cœur de mère, accepter l’inconcevable ? Comment, quand on a aimé un enfant à ce point, quand on a le sentiment de lui avoir donné la meilleure éducation et d’avoir fait de lui un homme respectable et respectueux, peut-on vivre avec la découverte de ses actes monstrueux ? Comment, en l’espace d’une respiration passer de mère d’un prêtre apprécié dans la paroisse à mère d’un monstre ?

Avec une écriture très ciselée, une analyse psychologique des personnages redoutablement fine, l’auteur nous plonge dans le cerveau d’une mère meurtrie dans sa chair et dans son âme. Comment rester debout quand tout ce sur quoi vous vous êtes construite s’éboule ? Connait-on vraiment les gens qui nous entourent ? Comment ressent-on les secousses sismiques quand on vit dans l’entourage d’un monstre et que la vérité éclot au grand jour ? Et ce monstre ne s’arrête-t-il à être qu’un monstre ? Non. Avec beaucoup de dextérité, David Lelait-Helo nous invite à élargir le champ de notre regard, à envisager les différents points de vue, à ne pas juger promptement. Cet homme désigné par la foule comme un monstre, n’en est pas moins un être humain, un homme dont le parcours, l’éducation, peuvent éclairer – non pas excuser- ses actes.

Un roman brillant, bouleversant, inoubliable. Une déflagration.

Informations pratiques

Je suis la maman du bourreau, David Lelait-Helo- éditions Pocket 2023 – 212 pages – 7,70€