Cubes, premier roman de Yann Suty (éditions Stock)

cubes

Cubes, Yann Suty
Editions Stock 2009

La vie est-elle gouvernée par le hasard ? « Le hasard est toujours là pour vous rappeler qu’il n’existe pas », telle est la conviction intime du narrateur. Là où d’aucuns voient des coïncidences, ce dernier est convaincu que tout est écrit. Par qui ? Par quoi ? Par …des cubes.

Âgé de huit ans, il entre par effraction avec son meilleur copain, Alexis, dans le jardin d’un voisin milliardaire. Sur la pelouse de cet homme aux mille exploits, ce héros mystérieux, ils aperçoivent d’étranges cubes en verre. Et ces polyèdres d’aiguiser leur curiosité. Si au fil des années Alexis s’y intéresse avec de plus en plus de détachement, l’esprit du narrateur est à contrario insidieusement phagocyté par eux. Ce qui n’était qu’une simple attirance devient obsession. Ces blocs de verre vont lui dicter sa vie, en écrire l’avenir, lui parler, se trouver là à chaque carrefour de son existence (études, rencontre avec la femme de sa vie, naissance de son enfant,…). Et les arêtes de ces blocs de l’empêcher de tourner en rond.

A moins que ce ne soit lui qui ne les fasse apparaître, désireux de donner de la densité, du sens, à sa vie banale et sans relief ? «  Les cubes se rappelaient à mon bon souvenir quand ils le décidaient. Ils étaient là. Tout le temps. Partout. Si je ne les voyais pas, c’était uniquement parce que je n’avais pas encore cette idée en tête. Il m’aurait pourtant suffi de lever le nez pour déceler les signes qu’ils ne cessaient de m’envoyer. Pour les faire apparaître à volonté. » Car force est d’admettre que tout est cubique par le prisme de son regard, et que ce dernier n’est pas toujours objectif : une couveuse, une cabine de douche, un aquarium, s’imposent comme des polyèdres de verre.

 

Oscillant de plus en plus entre lucidité et folie, perdant le sens des réalités, obnubilé par eux tandis que les pires catastrophes de son existence suscitent en lui l’indifférence la plus absolue, il vit désormais dans une autre dimension,  géométrique. Un autre monde.

 

 Si l’étymologie du terme cube est grecque « kubos », signifiant le dé, pour le narrateur, les dés sont -ils jetés ? Et par quelle main ? Subira t-il la dictature des cubes ou reprendra t-il les rênes de son destin ?

Yann Suty nous offre un premier roman dont l’intrigue sort vraiment de l’ordinaire, portée par  un rythme soutenu et un style où la multiplication des parenthèses crée une intimité originale entre le lecteur et l’auteur.  

 

Un mystère savamment entretenu, rédigé de haute plume.


Prix :

« Cubes » est l’un des cinq livres nominés pour le Prix « Jeunes Mousquetaire du Premier Roman », organisé par le lycée de Nogaro. Le président du jury est David Foenkinos, qui a fait partie cette année de la liste du Goncourt et du Renaudot pour « La Délicatesse ».


Informations pratiques
:

Prix éditeur : 18.50€
Nombre de pages : 290
ISBN : 9782234062290

Site de l’auteur :

http://yannsuty.com