
Le récit bouleversant d’une mère, d’une famille, dont la vie bascule avec la découverte de la leucémie du petit dernier. Puissant, émouvant, magnifique.
Quand la maladie vous projette en enfer
Depuis quelque temps, le petit dernier de Laurence Tardieu, Adam, affichait une fatigue inhabituelle. Des examens sanguins révèlent quelques faiblesses au niveau de la formule sanguine, mais rien à priori d’alarmant. Sauf que son état se dégrade et nécessite de nouvelles analyses. Et le verdict de tomber, aiguisé comme un couperet : le jeune Adam, âgé de 5 ans à peine, est atteint d’une leucémie aigüe myéloblastique. Il doit être hospitalisé en urgence en service d’hématologie. Pour un an. S’il s’en sort.
C’est pour Laurence Tardieu et Gilles, son conjoint, ainsi que pour les deux filles ainées du couple, le catapultage dans un nouveau monde, la perte des traditionnels repères, de tout ce qui jusqu’alors jalonnait leur quotidien. C’est la propulsion en l’espace d’une minute dans un univers totalement inconnu et effrayant, celui de la maladie, du confinement en chambre stérile, de la fluctuation des diagnostics, des montagnes russes, des tsunamis d’angoisse.
Mais pas seulement.
Ce tsunami oblige à se recentrer sur l’essentiel, à se découvrir des ressources et des forces insoupçonnées, à reconsidérer ses priorités. Cette mort de la vie d’avant est l’opportunité de renaitre plus fort, plus loin. Lors dune nouvelle aube.
Renaitre plus fort
Avec D’une aube à l’autre, paru en cette rentrée littéraire 2022 aux éditions Stock, Laurence Tardieu nous livre son combat intime et celui de toute sa famille, lors des 158 jours d’hospitalisation de son fils Adam. Sans voyeurisme malsain, en évitant avec brio l’écueil du pathos, elle revient sur le séisme qui les a secoués, ses trois enfants, son conjoint et elle. Dans un style presque animal, d’une puissance évocatrice inouïe, elle emporte le lecteur à ses côtés dans le combat qui fut leur de mars à août 2020 à l’hôpital.
Mais ne vous y trompez pas. Il ne s’agit pas du simple journal intime d’une mère, de la description des jours, des semaines et des mois d’hospitalisation. Pas plus qu’il ne s’agit d’un livre sombre. Non, Laurence Tardieu parvient à faire naître de ce champ de ruines de sa vie d’avant, un espoir, une détermination et un amour de la vie d’une force rare, qui crève les pages. Et nous interroge sur la solidité du couple face aux épreuves : que deviennent nos priorités quand un enfant reste malade ? Jusqu’où refuse-t-on de renoncer à ce qui faisait sa vie jusque-là (travail, réussite sociale, loisirs, vie amicale…) ? Qu’est-ce qu’on préserve à tout prix et pendant combien de temps ? C’est aussi l’occasion d’une réflexion sur nos ressources cachées, sur ce dont nous sommes capables face à l’adversité. Et ce que ce genre de combat change définitivement en nous.
«Il m’a fallu une dizaine de jours pour apprendre ce que la vie, en 47 ans, ne m’avait pas enseigné : le courage, la force, la lucidité ne sont possibles que dans la détente et le renoncement, dans l’absence de défense et non dans le corps qui se dresse, qui se prépare, qui guette. »
Un livre d’une foudroyante beauté. Hymne à l’amour, au courage. A la vie.
Informations pratiques
D’une aube à l’autre, Laurence Tardieu- éditions Stock, janvier 2022 – 19,50€ – 231 pages
J’avais beaucoup aimé Nous aurons été vivants et Laurence Tardieu écrit très bien sur l’intime et avec un sujet aussi douloureux que la maladie d’un enfant je ne doute pas qu’elle y parvient une fois de plus 🙂
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Elle y parvient d’autant mieux qu’elle écrit avec ses tripes, evoque le combat de son petit de cinq ans et la mobilisation de chacun. J’adore la sensibilité de cette auteure et là c’est une sensibilité exacerbée, qui crève les pages..
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