Rentrée littéraire : Jour de courage, de Brigitte Giraud

Jour de courage de Brigitte Giraud

©Karine Fléjo photographie

Brigitte Giraud nous revient avec un 13ème roman, Jour de courage.  Elle évoque deux destins qu’un siècle sépare, mais qu’une même cause et qu’un même courage caractérisent. Les mentalités ont-elles évolué ?

Homosexualité : une réelle évolution des mentalités ?

C’est en faisant des recherches pour un exposé sur les autodafés, que Livio, lycéen, tombe sur des documents relatifs à Margnus Hirschfeld, médecin juif-allemand très engagé, qui dès le début du XXème siècle, s’est battu pour défendre l’égalité des droits entre les hommes et les femmes, mais aussi les droits des homosexuels. Que ce Magnus Hirschfeld se soit farouchement opposé au paragraphe 175 du Code pénal allemand, qui pénalisait les homosexuels, ouvre une porte en Livio. Une porte sur son coupable secret, secret qu’il ne partage pas même avec ses parents, ni Camille, la lycéenne de sa classe, amoureuse de lui. En lisant que Hischfeld considérait l’homosexualité ni comme un vice,  ni comme un crime, ou même une maladie, l’adolescent se sent un peu rassuré. Enfin quelqu’un met des mots sur ses peurs et ses questionnements.

Et de décider d’utiliser la destruction par le feu des ouvrages de la bibliothèque de l’Institut de sexologie de Magnus Hischfeld, ouvrages qui constituèrent les premiers autodafés nazis, pour servir de prétexte à évoquer un autre sujet : l’homosexualité. Et par voie de conséquence, SON homosexualité.

Devant sa classe, Livio décide donc d’en finir avec le mensonge, la dissimulation, les apparences. Il va endosser la cause de ce médecin allemand pour ouvrir la brèche, s’y engouffrer, parler à travers lui de sa propre fragilité, de sa difficulté à trouver sa place, de son mal-être.

Comment va être accueilli son coming-out lors de l’exposé ? Si l’on peut légitimement s’attendre à ce que les mentalités aient évolué au cours du siècle qui sépare Magnus et Livio, on peut aussi s’interroger quand on regarde l’actualité.

Un plaidoyer pour le droit à la différence et pour la tolérance

Dans ce roman, Brigitte Giraud dénonce l’étroitesse d’esprit, la lâcheté de l’homme qui se range toujours du côté du plus fort, des plus nombreux. Quand on assiste à la destruction des bibliothèques et librairies par les djihadistes à Mossoul, quand on voit qu’en Pologne, des thérapies de conversion (à base d’électrochocs) visent à modifier l’orientation sexuelle de jeunes homosexuels, on peut se demander si les mentalités ont vraiment évolué au cours du siècle passé. Certes, ces exemples ne sont pas représentatifs de la situation dans chaque pays, mais leur simple existence, fut-ce dans une poignée de pays, montre que les combats contre l’homophobie, la haine de l’autre, sont loin d’être terminés. L’homme demeure toujours ce loup pour l’homme. Et ce n’est pas Livio, dans ce roman, qui dira le contraire.