Citation du jour

Lorsque a différence entre deux personnes est trop grande, , il n’y a as d’autre chemin que l’acceptation. Et accepter ne signifie pas se résigner, mais plutôt accueillir l’autre tel qu’il est et l’aimer ainsi.

Marie Charvet, Carat (Grasset)

carat Marie Charvet

Carat, de Marie Charvet : un voyage scintillant dans l’univers de la joaillerie et des secrets de famille

carat Marie Charvet

Suivez Marie Charvet dans les coulisses de la prestigieuse maison Van Cleef & Arpels, découvrez le monde de la haute joaillerie et les secrets de famille de son héroïne. Un roman fascinant et émouvant.

Un héritage mystérieux

Agathe, 34 ans, est célibataire sans enfant. Toute sa vie tourne autour de son métier de commissaire-priseur et de sa passion pour l’art, avec pour ambition d’ouvrir une étude à son nom dans la capitale. Un rêve qui pourrait devenir réalité grâce à l’héritage conséquent que lui a laissé sa mère, avec laquelle elle était en froid ces dernières années. Tout particulièrement ce lot de bijoux de haute joaillerie, signés Van Cleef & Arpels, d’une valeur inestimable.

A côté de ces bijoux, trois paquets de lettres ceints par des rubans. Il s’agit des correspondances privées de sa mère, cette femme qu’elle a toujours perçue comme une femme forte, égoïste, une Amazone qui décide et choisit ses relations avec les hommes. Pourquoi avoir conservé ces lettres avec les bijoux ? Quel rôle ont joué ces trois hommes dans la vie de sa mère ? L’un d’eux pourrait-il être son père ? Car sur l’identité de ce dernier, sa mère ne lui a jamais apporté de réponse. Et ces bijoux, dans quelles circonstances ont-ils été offerts à sa mère et par qui ? Agathe éprouve l’irrépressible besoin d’obtenir des réponses à ces questions.

Faire la paix avec son passé

Après L’âme du violon, Marie Charvet nous revient avec Carat, publié par les éditions Grasset. Un roman fascinant et émouvant, qui mêle avec brio intrigue familiale, art et l’univers fascinant de la haute joaillerie.

Car ces joyaux dont a hérité Agathe, loin d’être de simples accessoires, renferment des secrets longtemps oubliés, liés à la vie tumultueuse d’Aimée, sa mère. Intriguée par le passé énigmatique de cette dernière, Agathe se lance dans une quête effrénée pour retracer son histoire et comprendre l’origine de ces bijoux et correspondances.

Au fil de ses investigations, Agathe se retrouve plongée dans l’univers fascinant de la haute joaillerie, où savoir-faire ancestral et créativité se conjuguent pour donner vie à des pièces d’exception. Elle découvre les secrets de fabrication de ces bijoux extraordinaires, depuis la sélection rigoureuse des pierres précieuses jusqu’aux techniques minutieuses employées par les artisans de Van Cleef & Arpels.

Mais au-delà de l’éblouissement des pierres précieuses, c’est l’histoire d’Aimée qui se dessine. A l’image d’un diamant aux multiples facettes, Aimée n’était pas que cette femme volage, cette butineuse de cœur, qui faisait passer son propre plaisir avant tout. Sa vie, marquée par les amours passionnés, comprend aussi beaucoup de facettes inconnues d’Agathe jusqu’alors, mais que sa rencontre avec ces 3 hommes qui l’ont aimée, lui fait découvrir. Des traits de caractères précieux, qui permettent à Agathe de mieux la comprendre, de se réconcilier même, avec celle qui n’est plus.

Le style élégant et poétique de Marie Charvet donne vie à des personnages attachants. Et leur histoire sert de support à une réflexion très intéressante sur la connaissance de l’Autre, les liens filiaux, la transmission parent-enfant. Une histoire lumineuse, qui ne manquera pas de vous toucher!

Informations pratiques

Carat, Marie Charvet – éditions Grasset, avril 2024 – 22€ – 288 pages

Submersion, de Bruno Patino

submersion Bruno Patino

Déluge d’images, de musique, de sons, de textes. Omniprésence des algorithmes. Comment ne pas se laisser submerger par ce torrent numérique ? Un essai fascinant et non dénué d’espoir, de Bruno Patino.

Etat des lieux : le déluge numérique et l’embarras du choix

Après La civilisation du poisson rouge (2019) et Tempête dans le bocal (2022), deux essais brillants sur notre dépendance aux écrans, Bruno Patino complète la trilogie avec Submersion, publié par les éditions Grasset.

Avec l’arrivée des écrans, la tentation est grande de nous connecter en permanence. Smartphone, ordinateur, télévision, tablette, les écrans ont envahi nos existences, se présentant comme des outils de choix illimité. Comme des outils de liberté. Netflix propose ainsi 32 000 heures de programmes, Spotify plus de 80 millions de titres musicaux ou encore Apple musique plus de 100 millions de titres. Or ce qui devait être une passerelle vers la culture, vers l’Autre, vers la découverte, se révèle être un casse-tête. L’être humain a besoin de comparer les options pour pouvoir choisir celle qui lui convient le mieux : or comment effectuer une comparaison quand il y a des centaines de milliers voire des millions d’options possibles ? Au-delà d’une quinzaine d’options, le cerveau humain ne sait plus choisir. Il fatigue. Submergé. Lassé.

« Le monde de l’offre limitée nous laissait croire en la capacité illimitée de notre cerveau à choisir. L’époque de l’offre infinie nous confronte désormais à la réalité de nos limites personnelles. Nous n’étions pas si grands. Voici venu le temps de la submersion. Voici venu le temps du choix rendu impossible. » 

Ainsi, une étude britannique montre que nous passons en moyenne 100 jours de notre existence à choisir ce que nous allons regarder. Enorme. Cent jours d’indécision, de passivité, de lassitude, de vide. Alors, que faire ?

Ne pas confier nos choix aux algorithmes

Diverses attitudes sont possibles face à cet embarras du choix. Abandonner, fuir, tant l’énergie et le temps nécessaires à la réflexion, à la comparaison des options, est au-delà de ce que nous pouvons ou souhaitons investir. Ou déléguer aux algorithmes la fonction de choisir à notre place, en s’appuyant sur ce que les calculs mathématiques savent (ou pensent savoir) de nos préférences et de nos attentes. Mais alors, cette liberté de choix brandie comme un étendard nous échappe, avec notre consentement de surcroît.

Mais tout n’est pas perdu.

En effet, Bruno Patino ne dresse pas un tableau sombre de l’avenir. Il ne considère pas qu’avec l’avènement des algorithmes, plus encore, avec l’arrivée de l’Intelligence Artificielle, l’homme ne soit plus qu’une marionnette manipulée par des calculs et des équations, remplacé par des IA. Cet ouvrage ne signe pas la fin de l’homme libre, il est un plaidoyer en faveur de la reconquête de cette liberté. Il invite l’homme à reprendre sa place, à choisir en se fiant à des tiers de confiance, à des personnes qui ont la compétence pour cela (enseignants, médias, associations, organisations…) et non à des algorithmes qui finalement, nous connaissent de façon très parcellaire.  

Un essai édifiant, passionnant, remarquablement clair et argumenté.  

Informations pratiques

Submersion, Bruno Patino – éditions Grasset, octobre 2023 – 135 pages – 16€

Rentrée littéraire : Le grand feu, Léonor de Récondo

Le grand feu léonor de récondo

Partez en voyage à Venise, au début du 18ème siècle, et laissez-vous bercer par le violon d’Ilaria, une jeune fille confiée dès sa naissance à une institution pour enfants abandonnés. Le grand feu, c’est un roman passionné et passionnant. Un roman aussi déchirant que flamboyant. Une écriture virtuose.

Sans la musique, la vie serait une erreur

Venise, printemps 1699. Quand Ilaria nait en ce début de printemps, sixième enfant de la fratrie, elle est aussitôt séparée des siens. Et envoyée à la Pietà, une institution austère consacrée à l’accueil des enfants abandonnés et illégitimes. À l’intérieur de ces murs inhospitaliers, l’enseignement de la musique et du chant est leur unique éducation, leur seule lueur d’espoir. Le monde extérieur leur demeure quasiment inaccessible, leur rare incursion hors de ces murs étant réservée aux occasions exceptionnelles. Pour Ilaria, il s’agit de la réunion annuelle de Noël avec sa famille. Des retrouvailles hantées par de térébrantes questions. Pourquoi ses sœurs restent-elles au sein de leur foyer tandis qu’elle est condamnée à cette existence en exil au sein de l’institution ? Pourquoi cet ostracisme apparent ?

Heureusement, Ilaria peut trouver du réconfort dans l’amitié de Prudenzia, son amie fidèle, qui apporte un peu de chaleur et de magie à son quotidien morose. Cependant, le véritable baume à son âme s’avère être le violon. Sous la direction du tout nouveau maestro de violon, Antonio Vivaldi, Ilaria révèle un talent inné pour cet instrument, suscitant en elle une passion irrépressible. « Sans l’instrument, je n’existerais pas« , confie-t-elle, percevant un univers infini s’ouvrir devant elle.

Mais le violon détient-il le pouvoir d’ouvrir également les portes du monde extérieur, où l’attend Paolo, un jeune homme épris de l’amie de sa sœur, Prudenzia ? Est-ce que la musique suffira à guérir les blessures profondes qu’Ilaria porte en elle ?

Le pouvoir extraordinaire de la musique

Avec Le grand feu, publié en cette rentrée littéraire par les éditions Grasset, Léonor de Récondo embrase ses lecteurs dès les premières lignes. C’est un roman bouleversant, flamboyant, sur l’extraordinaire pourvoir de la musique. Et sur le destin émouvant d’une jeune fille abandonnée par sa famille.

Alors que ses parents l’ont confiée à une institution, que sa tante l’a rejetée, Ilaria réalise combien la musique, elle, lui apporte un indéfectible amour, une présence unique. Le sentiment d’être vivante avec une intensité inégalable.

« Parfois, en répétitions, quand son corps parfaitement sans aucune tension, dans une joie profonde, parvient à jouer, quand l’onde circule lentement aligné avec son âme, elle se dit, j’y suis. Je deviens la respiration du monde. »

La musique devient sa colonne vertébrale, son oxygène, sa raison de vivre. Impossible pour le lecteur de ne pas être touché par le destin de cette enfant, de ne pas vibrer au diapason d’Ilaria. De ne pas se laisser envouter par la partition délicate et belle de l’histoire, par l’enchainement fluide de notes tantôt tristes, tantôt légères, par le tempo allegro impulsé par la tension narrative.

Un roman magnifique, tant par l’histoire que par le style. De ces romans, qui font frissonner l’âme.

Informations pratiques

Le grand feu, Léonor de Récondo- éditions Grasset, août 2023 – 22 pages – 19,50€

Adieu Tanger : Salma el Moumni et le regard des hommes sur le corps des femmes

Adieu Tanger Grasset

Envolez-vous pour le Maroc aux côtés d’une femme obligée de se battre pour sauver son honneur et gagner sa liberté. Un premier roman sur la trahison, la condition des femmes marocaines, l’exil, signé Salma el Moumni.

Naitre femme au Maroc

Alia, lycéenne marocaine à Tanger, se sent mal à l’aise avec les transformations de son corps d’enfant en corps de femme. Pire encore : elle ne supporte plus les regards insistants, tantôt méprisants, tantôt salaces, des hommes qu’elle croise dans les rues de son pays. Et dont certains la harcèlent, la poursuivent. Alors elle tente de comprendre ce qui lui vaut ce nouveau traitement, se photographie pour mieux observer ce corps en pleine métamorphose et tenter de se mettre à la place des hommes de la rue, de se regarder avec leurs yeux. En vain.

Elle rencontre Quentin, fils d’expatriés français qui fréquente son lycée. Et commence à sortir avec lui en cachette de sa famille. Car une femme marocaine mineure qui flirte avec un étranger peut se faire arrêter par la police. Mais un jour, elle découvre ses photos intimes sur le net, avec en légende son nom, son prénom et des propos obscènes. Alia est terrorisée, consciente que la police peut à tout moment débarquer et l’emprisonner pour attentat à la pudeur. Sans parler de l’opprobre dont va être couverte sa famille, de la réaction des siens. Elle n’a pas d’autre choix que de fuir en France. Mais mettre une distance physique avec son pays suffira-t-il a laisser son passé derrière elle ?

Exil et identité

Avec Adieu Tanger, publié en cette rentrée littéraire par les éditions Grasset, Salma el Moumni évoque la condition de la femme marocaine soumise aux lois faites par et pour les hommes, le poids des traditions familiales. Mais pas seulement. Elle met en avant le déracinement éprouvé par toute personne contrainte à l’exil : ne plus faire partie des siens, mais ne pas appartenir davantage à la population du pays d’accueil. Être entre deux cultures, deux pays, deux univers et devoir s’adapter en permanence sans renier ses origines.

Adieu Tanger, c’est l’histoire d’une femme avide de liberté, née dans un pays où les femmes n’en ont guère. Une femme qui découvre que la liberté n’est pas acquise pour autant en changeant de pays, en mettant des milliers de kilomètres entre elle et son passé. Car le passé peut ressurgir à tout instant, lui faire face. Car les chaines sont aussi dans l’esprit, dans la réminiscence des blessures et des trahisons subies. A croire qu’aucune victoire ne peut être totale, que toute liberté, même relative a un prix.  

Informations pratiques

Adieu Tanger, Salma el Moumni – éditions Grasset, aout 2023 – 18€ – 175 pages

Rentrée littéraire : dans la peau d’un enfant évadé du bagne de Belle-Ile

L'enragé Sorj Chalendon Grasset

Plongez dans l’Histoire de ce début du XXème siècle en Bretagne, sur une île battue par les vents. Révoltez-vous aux côtés des enfants contre les mauvais traitements et les humiliations quotidiennes dont ils sont les victimes au sein de l’école pénitentiaire. Une histoire follement romanesque, touchante, révoltante, basée sur des faits historiques réels. Magnifique.

Evasion à la colonie pénitentiaire de Belle-Ile

Nous sommes en 1832, en Bretagne. Plus précisément à la colonie pénitentiaire de Haute-Boulogne à Belle-Ile. Un bagne, ni plus ni moins, composé de cinq bâtiments ceints par un haut mur. Des enfants de 12 à 21 ans y sont gardés prisonniers. Leurs méfaits ? Rien ou si peu : on y trouve des orphelins, des gamins abandonnés par leurs parents, des petits chapardeurs. Rien qui ne justifie un tel enfermement. Et encore moins d’aussi mauvais traitements. Car les coups de matraque, les humiliations, les menaces, les mauvais traitements et les insultes pleuvent. Au-delà de l’entendement.

Parmi ces gamins, un petit dur d’apparence, surnommé la Teigne. Jules Bonneau de son vrai nom. Abandonné par sa mère à l’âge de 5 ans, il a été confié par son père à ses grands-parents. Des aïeuls qui ne l’ont pas accueilli. Arrêté à 13 ans pour avoir accompagné une fratrie venue venger ses parents, alors qu’il n’est que simple témoin dans l’affaire, il est conduit au bagne pour y demeurer jusqu’à sa majorité.

Martyrisés, humiliés, torturés, les enfants sentent une colère de plus en plus grande gronder en eux. Jusqu’à ce jour d’août 1934 où un vent de révolte souffle sur la colonie pénitentiaire : 56 enfants décident de s’échapper. Malgré les hauts murs, malgré l’océan qui cerne l’île. Malgré la population lancée à leurs trousses, en l’échange de 20 francs par enfant capturé.

55 enfants sont repris. Mais Jules Bonneau, lui, réussit sa fuite. C’est sa vie que Sorj Chalendon imagine avec une sensibilité extraordinaire et un talent fou.

Un MAGNIFIQUE roman de cette rentrée littéraire

Pour son onzième roman, L’enragé, publié par les éditions Grasset en cette rentrée littéraire, Sorj Chalendon nous entraine sur une île bretonne, au début du XXème siècle. Il s’empare d’un fait historique réel, la tentative d’évasion de 56 enfants, en 1834, de la colonie pénitentiaire de Belle-Ile. Un bagne. Le lieu de toutes les violences, physiques comme psychologiques. Des violences exercées sur des enfants dont le seul crime est d’avoir perdu leurs parents, d’avoir été abandonnés par eux ou d’avoir chapardé un œuf ou une pomme pour subsister.

Avec une puissance évocatrice inouïe, une sensibilité à fleur de plume, Sorj Chalendon se glisse dans la peau d’un de ces enfants. Un enfant qui n’a jamais reçu d’amour, mais a reçu plus de coups et d’humiliations que quiconque. Un enfant courageux, qui a la rage de vivre. Un enragé, à l’image des vagues qui se fracassent sur la côte bretonne.

Comment légitimer l’existence de tels établissements aux pratiques si barbares? Comment pour ces enfants, parvenir à faire confiance quand vos propres parents vous ont trahi ? « Sans la confiance, tu es seul au monde. » Comment croire en l’être humain quand ce dernier vous a toujours avili, frappé, martyrisé ? Jules Bonneau va découvrir que tous les hommes ne sont pas des tortionnaires. Un pêcheur breton, une infirmière, un communiste, un frère basque, un garde-champêtre vont tour à tour lui tendre la main, lui offrir un peu d’humanité et nourrir son cœur esseulé et meurtri.

C’est ce parcours courageux, touchant, semé d’embuches, que l’on suit le cœur battant, dans une tension narrative croissante. Un parcours d’autant plus poignant qu’il renvoie aux conditions réelles de ces enfants qui, jusqu’en 1977 encore, furent envoyés dans ce bagne sur l’île bretonne. Un roman pour ne pas oublier le sort cruel de ces enfants.

Furieusement romanesque, émouvant, captivant. Et brillant.

Informations pratiques

L’enragé, Sorj Chalendon – éditions Grasset, 16 août 2023 – 404 pages – 22,50€

L’éclatante vérité de « Mensonges au paradis, de Colombe Schneck

Mensonges au paradis Schneck

Alors que Colombe Schneck décide d’écrire un roman sur le Home pour enfants suisse où elle passait ses vacances enfant, les souvenirs paradisiaques s’étiolent. Et laissent place à une réalité bien plus sombre. Jusqu’où peuvent aller nos petits arrangements avec la vérité ?

Des mensonges révélateurs

De l’âge de 6 à 20 ans, Colombe Schneck a passé ses vacances d’hiver et d’été dans un Home d’enfants situé dans les magnifiques montagnes suisses. Ce chalet, géré par les époux Ammann, Karl et Anne- Marie, accueille environ une trentaine de pensionnaires. Ces enfants, issus de familles absentes, surbookées ou défaillantes, se réunissent avec Vava et Patou, les deux enfants du couple. Au fil des vacances, des liens se tissent entre ces « enfants en leasing« , formant ainsi une deuxième famille au sein de ce cocon paradisiaque, niché au cœur des montagnes.

Ce lieu idyllique a suscité chez Colombe Schneck l’envie d’écrire un roman, trente ans plus tard, et de revisiter les lieux de son enfance. Cependant, lors de cette visite, elle découvre que la vie de Vava et Patou a basculé ces dernières années. Vava souffre énormément sur le plan psychique et ne sort plus de chez elle, tandis que Patou se trouve en prison pour escroquerie. Qu’est-il arrivé à ces deux enfants que Colombe n’a ni su, ni pu ou voulu voir ?

En se plongeant dans ces années passées au chalet, dont elle garde des souvenirs éblouissants, Colombe Schneck se rend compte de certains aspects sombres. Les fenêtres des chambres devaient rester ouvertes la nuit, malgré des températures négatives ; les escalades en montagne se faisaient sans guide ; les enfants devaient skier pendant six heures chaque jour, sans aucune pause, quelles que fussent les conditions climatiques et leur âge. Ce ne sont que quelques exemples d’éléments troublants qui émergent alors de la pureté immaculée de ce paysage de carte postale. Le paradis n’était-il qu’illusions ?

Le pouvoir de la vérité

Avec Mensonges au paradis, paru aux éditions Grasset, Colombe Schneck nous offre une plongée au cœur de la vérité et de la complexité humaine. Avec beaucoup de finesse, l’auteure analyse comment notre esprit s’arrange avec une vérité trop douloureuse, pour ne conserver que le supportable, l’acceptable. Car comme a écrit Victor Hugo, « La vérité est comme le soleil, elle fait tout voir mais ne se laisse pas regarder. »

Jusqu’au moment où se mentir à soi-même et aux autres n’est plus possible. Les méthodes peu orthodoxes du couple pour ne pas parler de maltraitance, les humiliations, les différences de traitements entre les enfants du couple et ceux accueillis là en vacances, montrent que le bonheur dans ce chalet n’était qu’une imposture.

En mettant en lumière les conséquences dévastatrices des mensonges, les effets pervers du déni, l’auteure nous invite alors à réfléchir sur la valeur et l’importance de la sincérité dans nos propres vies.

Informations pratiques

Mensonges au paradis, Colombe Schneck- Editions Grasset, mars 2023- 172 pages – 18,50€

Eliette Abécassis : Le couple

Le couple Eliette Abecassis

Radiographie d’un couple, sur 60 ans de vie commune, à travers la plume si sensible, si juste et si délicate d’Eliette Abécassis.

Le couple à l’épreuve du temps

Paul et Alice sont nonagénaires. Au crépuscule de leur vie, ils affichent 60 années de mariage. Une longévité rare pour un couple de nos jours. Mais que leur couple ait survécu à l’épreuve du quotidien, ne signifie pas que tout fut facile entre eux, lisse, parsemé de roses. Ce furent soixante années de hauts et de bas, de tendresse et de colère, de trahisons et de doutes, de volonté de divorcer et de réconciliations. Soixante années de vie qui ont vu naitre et grandir leurs enfants, les ont vu quitter le nid. Et le temps, ce temps qui toujours s’écoule et a mis le couple à rude épreuve.

Une radiographie très juste du couple

C’est un roman très tendre, très sensible que nous propose Eliette Abécassis avec Le couple, paru aux éditions Grasset. Elle décrit la vie d’un couple à travers les six décennies passées l’un à côté de l’autre. Et pour ce faire, elle construit son histoire à rebours : de leur situation aujourd’hui à leur première rencontre dans des circonstances très particulières. Ainsi, ce voyage à reculons dans leur intimité permet de comprendre ce qui les soude aujourd’hui encore, ce qu’ils ont traversé de beau comme de terrible. Et de nous montrer que les couples qui durent ne sont pas forcément ceux pour lesquels l’amour a toujours brillé au zénith, pour lesquels il n’y a jamais eu de déception, de trahison de part et d’autre. Quand les enfants arrivent, quand l’ascension professionnelle mange sur le temps consacré à la vie de famille, quand le sentiment d’être devenu transparent(e) vous pousse dans d’autres bras, le couple vit des bouleversements intenses. Et est mis en péril. Qu’est-ce qui fait que malgré le temps, la routine, le couple dure ? Comment ce temps ennemi peut-il devenir un allié ? 

C’est avec beaucoup de justesse qu’Eliette Abécassis analyse ce qui fait la force et la faiblesse d’une union, ces désillusions à surmonter, ces trahisons qu’il faut savoir pardonner.

Un roman d’une infinie délicatesse.

Informations pratiques

Le couple, Eliette Abécassis – éditions Grasset, avril 2023 – 191 pages – 19€

Grégoire Delacourt, Une nuit particulière

Une nuit particulière Grégoire Delacourt

Un roman incandescent, sensuel. Un roman d’amour, de celui qui consume, jusqu’à la brûlure. De celui qui tue par son absence. De celui qui élève au-dessus de la maladie. L’Amour avec un grand A.

Première rencontre

En cette soirée particulière, particulière car Aurore sait que son mari s’apprête à la quitter après 30 ans d’amour fou, la jeune femme croise la route de Simeone. Pour lui aussi le moment est singulier : il est atteint d’un cancer de la thyroïde mais ne sait pas s’il va entrer dans l’arène, se battre à renfort de chimiothérapie et autres traitements, porté par l’amour de son épouse. Ou s’il va laisser la maladie le vaincre. Celui dont la profession est de sauver des vies hésite à tenter de sauver la sienne.

Aurore vit le crépuscule de son amour. Simeone sait qu’il en sera de même pour lui s’il s’oppose au désir de sa femme qu’il se soigne. Aussi, quand Aurore l’accoste, désireuse qu’un homme la fasse vibrer, frémir, la couvre de baisers et de caresses, par besoin vital d’oublier pour une nuit celui qui part, Simeone, un peu perdu, accepte de la suivre.

Première ou dernière nuit ? Passion éphémère ou passion éternelle ? Amant d’une nuit ou d’une nouvelle vie ? Cette nuit promet d’être particulière.

Hymne à l’amour

Avec Une nuit particulière, paru aux éditions Grasset, Grégoire Delacourt nous offre un roman d’amour brûlant. Alors que dans ce couple, personne ne connaît rien de l’autre, ils décident pourtant d’un commun accord de passer cette nuit si particulière ensemble. De bar en hôtel, de taxi dans Paris en voiture vers la mer, ils savent que cette nuit marque un point de bascule. Il y aura un avant et un après. Mais lequel?

Et l’auteur de s’interroger sur ce qui préside aux rencontres, sur ces fragilités qui se reconnaissent par-delà les mots, sur ce qui guide consciemment ou non la relation amoureuse. « Je me demande si on aime l’autre ou ce qu’il remplit de vide en nous ». L’amour répond-il à un manque, à un besoin, ou est-il totalement désintéressé ?

Tandis que les heures passées ensemble au cœur de la nuit défilent, vont-elles confirmer leur impression première sur l’autre ? Car « On n’est jamais soi, on est toujours ce que l’autre s’est inventé. L’amour survit-il à la réalité, aux écarts avec ce qui était fantasmé ?

Vivre ou mourir d’amour, telle est la question en fil rouge de ce roman sensuel, intense, dévorant.

Informations pratiques

Grégoire Delacourt, Une nuit particulière – éditions Grasset, mars 2023 – 200 pages – 19€

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