Rentrée littéraire : Le procès du cochon, Oscar Coop-Phane (Grasset)

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Le procès du cochon, Oscar Coop-Phane

Editions Grasset, janvier 2019

Rentrée littéraire

Un roman étrange, qui nous entraîne entre le 12ème et le 18ème siècle au théâtre de l’absurde : le procès d’un cochon, meurtrier d’un bébé. D’une langue tranchante et pénétrante, Oscar Coop-Phane fouille les sentiments humains, la peur, la colère, la cruauté et la soif de vengeance, mais aussi l’empathie ou la peine. Un texte allégorique où chacun reconnaîtra dans l’animal, le porc qu’il voudra.

Après une marche pénible en pleine campagne et une nuit perturbée par l’orage, il était arrivé aux abords d’une jolie maisonnette blanche, avec sur le devant, posé sur la pelouse, un bébé dans un panier en osier.

Il s’est alors approché et n’a pas pu résister à l’appel de cette chair dodue, avant de retourner sous un arbre se repaître de ses agapes.

Un repos de courte durée. Les hommes sont à ses trousses, assoiffés de vengeance.

Et d’être arrêté.

Sauf que le coupable n’est pas un être humain mais un animal. Plus exactement, un cochon. Qu’à cela ne tienne, il aura un procès, comme tout meurtrier. Ainsi en était-il jusqu’à la fin du 18ème siècle.

Sous la forme d’une pièce de théâtre en quatre actes (le crime, le procès, l’attente, le supplice), Oscar Coop-Phane nous fait vivre le procès de l’animal, coupable non doté de parole. Comment comprendre ce qui a motivé son crime, s’il ne peut l’expliquer à la cour ? Car pour juger, pour émettre une sentence, il faut comprendre, savoir quelles sont les motivations du tueur, au risque sinon, de juger de façon arbitraire et d’être aussi criminels que celui que l’on juge. Une réflexion très contemporaine sur la justice, les notions de responsabilité et de culpabilité, l’empathie, le danger des émotions qui prennent le pas sur la raison. Un roman hors du commun.

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