Thomas Gunzig : « J’avais envie d’un livre qui réconcilie les gens avec les nuances »

L’année 2022 commence très bien, puisqu’elle nous offre le nouveau roman de Thomas Gunzig, paru aux éditions du Diable Vauvert : Le sang des bêtes. Rencontre avec l’auteur.

Dans votre roman il y a un personnage inclassable : une femme vache

Il y a des étiquettes pour tout. Les hétéros sont comme ça. Les couples homos sont comme ci. Les parents sont comme cela. Etc. On met tout le monde dans des cases. Alors j’ai eu envie de rajouter un degré en plus : que fait-on avec quelqu’un qui est humain mais qui n’est pas humain ? Et j’ai pensé à la femme vache. Je vais vous dire exactement la petite réflexion qui était à la base de cela :  je me suis dit que tout ça venait probablement du fait des réseaux sociaux, qui fonctionnent avec des algorithmes. Ils aiment bien savoir exactement ce que tu aimes pour pouvoir te proposer des publicités ciblées. Et donc on a tendance à fonctionner exactement comme les algorithmes veulent qu’on fonctionne, c’est-à-dire de manière numérique. Or l’être humain est analogique, il est insaisissable, il évolue en permanence. Il n’est pas figé dans une catégorie ou une façon de faire ou d’être. J’avais donc envie d’un livre qui réconcilie les gens avec les nuances. Car on n’est que de la nuance.

Quel a été le point de départ du roman ?

J’avais envie de raconter quelque chose sur le body-building, sur la façon de transformer son corps. Quand j’étais petit garçon, je me trouvais très petit est très maigre et j’avais beaucoup de complexes. Et je me disais : « je vais changer ça avec le sport ». 

J’avais aussi envie d’aborder l’idée du corps des juifs. Historiquement il y a toujours une représentation caricaturale du juif comme étant petit, faible, malingre. C’est quelque chose que j’ai ressenti fortement.

Enfin, je voulais aussi écrire sur un roman sur un couple qui vieillit. Pour un couple qui s’aime profondément, qui est vraiment amoureux, que devient le désir au bout de 20 ans ou 30 ans ? Quand on se marie avant 25 ans on ne pense pas à cela. Tu habites avec cette personne, tu fais des enfants avec cette personne, tu la connais par cœur. Elle devient quelqu’un de ta famille. Comme ta mère ou ta sœur. Et tu n’as pas envie de coucher avec ta sœur ou ta mère. Or l’injonction de la société, c’est qu’un couple qui va bien qui s’aime, alors il a toujours autant de désir après 20 ans de vie commune et souhaite toujours autant faire l’amour. Sinon c’est le signe qu’il ne va pas bien. Je voulais aborder cela.

J’avais donc envie de faire un roman avec tous ces personnages, c’est-à-dire des personnages qui sont comme tout le monde : des personnages qui n’entrent pas dans les cases.

Vous avez un humour absolument jubilatoire

Je trouve que la vie est déjà super dure, donc je préfère raconter des histoires sans être dur avec le lecteur. C’est d’ailleurs un point qui a changé chez moi. A mes débuts en écriture, j’étais plus trash, mais j’ai changé en vieillissant, en ayant eu des enfants. J’ai davantage envie de choses chaleureuses, avec de la tendresse, même si on reste parfois dans des thématiques un peu sombres. Je ne veux pas que mes livres soient des épreuves pour les lecteurs. La seule chose dont les gens se souviennent plusieurs années après avoir lu ton livre, ce n’est pas le scenario ni le nom des personnages, mais les émotions qui les ont traversées. Donc j’essaye de donner des émotions à mes lecteurs, de les faire rire, de les faire pleurer.

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