Nous serons des héros, de Brigitte Giraud
Éditions Stock, août 2015
Nous sommes au début des années soixante-dix. La dictature de Salazar conduit de nombreux portugais à émigrer. Ce sera le cas d’Olivio, 8 ans, et de sa mère, partis clandestinement pour Lyon en laissant tout derrière eux. Le jeune garçon ne comprend pas bien ce qui se passe, juste qu’il doit suivre le mouvement. Son père, manutentionnaire sur les ports où il charge et décharge les cargos, n’est pas du voyage. Mais certainement les rejoindra-t-il plus tard, imagine l’enfant. Jusqu’à ce qu’il apprenne confusément que ce dernier est mort, suite à son emprisonnement pour raisons politiques.
Dès lors, au déracinement s’ajoute le deuil. Grandir dans un nouveau pays, avec une nouvelle langue, de nouveaux repères. Et sans père. Mais bientôt avec un nouveau beau-père, Max, rapatrié d’Algérie. Un déraciné lui aussi. « Max et ma mère avaient construit leur relation sur le manque du pays, qu’ils partageaient. » C’est là leur seul point commun. Max n’a d’yeux que pour son propre fils et ignore Olivio. Heureusement, il y a Ahmed, un émigré algérien de son âge, lequel va devenir son meilleur ami, son frère de sort.
Jusqu’à ce 25 avril 1974, jour de la révolution des œillets, au cours de laquelle la dictature salazariste, qui dominait le Portugal depuis 1933, est renversée. Ce bouleversement va-t-il en générer un autre dans la vie d’Olivio et de sa mère ? L’enfant va-t-il pouvoir enfin faire le deuil de son père en retournant sur sa terre natale ? Va-t-il renouer avec ses racines ?
Brigitte Giraud, avec sa très sensible plume, nous offre un roman très touchant sur la perte de repères dans toutes ses acceptions (déracinement, absence du père, famille recomposée). Un roman sur la construction à l’aube de l’adolescence, sur la quête de soi, avec des personnages très attachants qui hanteront longtemps le lecteur.