Profession romancier, Haruki Murakami (Belfond)

Profession romancier Haruki Murakami

©Karine Fléjo photographie

Voilà un livre atypique : le talentueux Haruki Murakami nous fait passer dans les coulisses de son travail d’écrivain. Un essai aussi passionnant, qu’enrichissant.

Ecrire : pour qui ? Pourquoi ?

Haruki Murakami nous offre un essai fascinant décliné en onze réflexions sur sa profession de romancier en particulier et sur l’écriture en général. De son enfance au cours de laquelle les livres occupaient une grande place, à ce jour où, lors d’un match de base-ball au Japon il a eu une véritable révélation sur sa vocation d’écrivain, en passant par ce bar de jazz qu’il a tenu à Tokyo, ou encore son quotidien d’écrivain, l’illustre auteur lève le voile sur son parcours, ses journées d’écriture, faits de persévérance, de rigueur et de patience. Cet homme qui se dit peu attaché aux prix littéraires, accorde à contrario une grande importance aux lecteurs, lesquels ont dépensé leurs économies pour s’offrir son ouvrage. Il prodigue des conseils aux écrivains ne devenir, donne son point de vue.

« Ecrire un roman n’est pas très difficile. Ecrire un roman magnifique n’est pas non plus si difficile. Je ne prétends pas que c’est simple, mais ce n’est pas non plus impossible. Ce qui est particulièrement ardu, en revanche, c’est d’écrire des romans encore été encore. Tout le monde n’en est pas capable. »

Autrement dit, monter sur le ring est à la portée de presque tous. Y rester est à la portée d’une poignée de personnes, dont il fait partie. Trente années d’histoire d’amour entre lui et ses lecteurs.

Haruki Murakami, profession romancier

Si Haruki Murakami est un écrivain phénomène, plusieurs fois pressenti pour le prix Nobel de littérature, traduit en plus de 50 langues et vendu à des millions d’exemplaires, ce qui frappe dans cet essai est son humilité. Une humilité à la mesure de son talent : immense. L’auteur aborde sa façon d’écrire, les ressorts de la création littéraire, sa position à l’égard des prix littéraires ou encore de l’école, les relations entre écrivains et leur plus ou moins grande tolérance entre eux, comment/pourquoi/pour qui il est devenu romancier, sans jamais s’ériger en donneur de leçon. Il désire juste partager son point de vue, son expérience et se garde bien de prétendre détenir une quelconque vérité. L’auteur se raconte, avec beaucoup d’humour, de finesse dans l’analyse et de sincérité. Faut-il être supérieurement intelligent pour devenir romancier ? Non.

« A mon avis, écrire des romans n’est pas une entreprise vers laquelle se tournent les gens intelligents. Certes, l’écriture exige un certain niveau d’intelligence, d’éducation et de compétence. (…) Je considère que les gens à l’esprit vif ou dotés d’une intelligence supérieure sont peu enclins à se tourner vers la littérature. Parce que pour écrire des romans, il faut adopter un rythme tranquille, rouler à vitesse réduite en quelque sorte. »

Le rapport au temps est très particulier quand on est auteur. A l’image du temps d’incubation nécessaire à la création littéraire, ce livre se lit aussi en prenant son temps, en laissant les réflexions qu’il soulève faire leur chemin.

 

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