Ça va mieux ton père ?, Mara Goyet (Stock)

Ça va mieux ton père ?, Mara Goyet

Editions Stock, septembre 2018

Des tranches de vie, des observations, des interrogations, des sentiments, bruts, autour de la maladie d’Alzheimer dont est atteint le père de la romancière. Un témoignage des ravages de la maladie sur l’entourage aussi…

« Ça va mieux ton père ? », une question que l’on pose souvent à Mara Goyet au sujet de son père atteint de la maladie d’Alzheimer et placé dans un EHPAD. A cette question, une réponse hélas négative : « Eh bien non. C’est justement le principe. Il faut concéder que la dramaturgie de la maladie d’Alzheimer est assez prévisible : ça va en général toujours plus mal. C’est très décevant. Il n’y a pas de bonne nouvelle à annoncer, il n’y a pas d’espoir, pas de traitement. Rien. C’est de pire en pire. » Une maladie terrible qui a déjà frappé la mère de son père quelques années auparavant. Comme une « tradition » familiale. Une malédiction.

Alors Mara Goyet s’interroge sur la place qui est désormais la sienne, auprès de ce père qui ne la reconnaît plus, qu’il faut habiller, toiletter, faire manger. Comme un enfant. Comme l’enfant qu’elle était vis-à-vis de lui avant. Inversement des rôles. Perte de repères. La maladie d’Alzheimer n’atteint pas que le malade, mais tous les proches. Comment conserver les liens intacts quand au quotidien la maladie grignote tout, telle une armée de mites ? Un naufrage programmé très dur à vivre. Pour autant, « Voudrais-je, moi, qu’il soit mort ? Que ça s’arrête ? La réponse est toujours la même : non. Je suis toujours déçue de ne pas souhaiter sa mort. »

A travers des instantanés de vie, touche par touche comme sur une toile de Seurat, Mara Goyet peint le portrait de son père et de la maladie avec des couleurs franches, sans chercher à enjoliver les choses, à mettre des couleurs fausses, pas plus qu’à noircir le tableau en versant dans le pathos. C’est cette authenticité qui m’a séduite, cette franchise dans l’expression de l’ambivalence qu’elle ressent vis-à-vis de son père, ce côté cash. J’ai regretté à contrario de ne pas entrer davantage en empathie avec Mara et son père, de ne pas être vraiment touchée, malgré la beauté et l’intérêt du sujet (relations père/fille, les dégâts collatéraux de la maladie). L’ensemble m’a paru manquer de rythme, n’a pas complètement emporté mon adhésion. Un sentiment mitigé, donc.

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