Les hautes lumières, Xavier de Moulins
Editions Jean-Claude Lattès, octobre 2017
Jusqu’où peut-on aller par désir d’enfant ? Un roman dense, bouleversant, viscéralement humain, sur la puissance destructrice de nos désirs et les caprices du destin.
Tahar et Nina se sont rencontrés il y a une dizaine d’années. Dix années d’amour fou. De désir d’enfant aussi fou. Dix années « à se cogner contre la vitre de leur rêve. » Car aussi forts soient leur amour et leur désir d’enfant, la nature en a décidé autrement. Or comment concevoir un avenir sans enfant, comment trouver un sens à son existence sans maternité ? Si la nature s’y refuse, la médecine les sauvera. Commence alors un long et éprouvant parcours médical, les épreuves des FIV, les espoirs sans cesse déçus, le corps que les traitements hormonaux déforment, la culpabilité et la honte de n’être pas capable de devenir mère. Dans la tempête qui malmène le couple, Tahar est ce phare solide, rempart contre le naufrage des espoirs, les larmes de la mère, les flots du doute. Un phare lumineux. Un roc d’amour.
Pour évacuer ses tensions, Tahar sillonne Paris et la banlieue à bord de son taxi. Un taxi toujours d’une irréprochable propreté, Tahar traquant la moindre poussière, la moindre trace de passage des clients. Tout contrôler, tout maîtriser dans son travail, à défaut d’avoir le plus infime contrôle sur sa vie privée, sur son désir de paternité. C’est alors qu’il croise le chemin de Françoise, une cliente photographe, désireuse de faire un reportage sur la banlieue. Et de se voir proposer d’être un de ses modèles, au volant de son taxi. Mais quelle route va-t-il emprunter s’il accepte ? Ne s’oublie-t-il pas dans ce combat ? Quels sont aujourd’hui ses réels désirs ?
Dans un style très fluide, un rythme mené cœur battant, Xavier de Moulins nous entraine sur le parcours chaotique et ô combien éprouvant du désir d’enfant à tout prix. L’analyse psychologique des personnages et le dessin de leurs trajectoires sont si fins, si incroyablement justes, que ce roman se vit bien davantage qu’il ne se lit. Le lecteur est catapulté au cœur de leur vie, tremble, espère, frémit, au diapason des personnages. Et ne parvient plus à les oublier le livre terminé…
Un roman d’une sensibilité à fleur de plume sur des êtres indiciblement attachants, bouleversants, qui à défaut de concrétiser leur rêve, auront pris le risque d’aimer.
Enorme coup de cœur !
Pingback: Rentrée littéraire : Mon garçon, Xavier de Moulins | Les chroniques de Koryfée, blog littéraire de Karine Fléjo